C'était il y a un peu plus de deux ans, que je vous introduisais à miss Selah Sue, à une époque pas encore si lointaine lors de laquelle seul un petit cercle d'initiés avaient pris de le temps de remarquer son talent. Peu à peu, le bouche à oreille a fait son chemin amenant inexorablement l'artiste à se retrouver sous le feux des projecteurs médiatiques cette année. En effet, 2011 est définitivement celle de la consécration pour la petite belge à la chevelure rousse emprisonnée dans un chignon, lequel fait un peu sa marque de fabrique esthétique. Après un premier ep Black Part Love sorti en 2008 (chroniqué et en écoute ici), uniquement disponible en vente à ses concerts, et ensuite un Ep, destiné cette fois-ci au grand public, qui répond au doux nom de Raggamuffin délivré en 2010, on a attendu longtemps la sortie de ce premier Lp qui a finalement vu le grand jour début mars 2011.
Même si elle ne representait pas une découverte récente et que nombre de médias (télévisuels, papiers, blogs, site pro, etc.) ont déjà maintes fois parlé d'elle de long en large, je ne pouvais pas me permettre de faire l'impasse sur cet opus, l'un des rares en cette année de disette dans le domaine de la soul music, qui s'avère assez bon pour se donner la peine de se laisser séduire. Ce premier Lp éponyme était fort attendu pour ma part mais quand j'ai remarqué que le label indépendant Because Music mettait les petits plats dans les grands, j'ai un peu pris peur, celui-ci ne serait-il pas orienté de façon trop commerciale (genre revival soul à la sauce Amy) afin de faire découvrir le talent et le charisme évidents de Selah Sue au plus grand nombre?
Dès la première écoute ma crainte principale s'est vite éffondrée, en effet, Selah Sue n'est pas un clône de plus d'Amy Winehouse, son talent plus solaire et énergique (cependant moins profond et désespéré que feu Amy par conséquent moins touchant) est incroyablement séduisant même troublant par moments. Son répertoire ne se limite pas à une soul pop polissée que l'on ne cesse d'entendre sur la radio FM et cela fait plaisir à constater. Selah Sue aime la soul dans sa globalité : R&B, hip hop, reggae, ragga, jazz, etc. et sa première oeuvre lui permet de s'épanouir et de prendre ses marques au coeur de plusieurs styles musicaux qui s'accordent avec sa belle et profonde voix granuleuse.
Point plus que positif en ces temps de nostalgie, l'album est loin de se montrer passéiste, les sonorités sont ancrées dans la modernité et agrémentées d'ambiances électroniques. Si l'album séduit aisément dans son ensemble, quelques morceaux ont cependant retenus davantage mon attention : le sombre et jazzy - façon big band - de l'introductif This World, l'entêtant et hot Peace Of Mind, Crazy Vibes ne se défend pas trop mal avec ses faux airs Outkast-ien/Andre 3000, Black Part Love (par rapport à sa version originale beaucoup plus jazz) est une petite bombe de soul urbaine ultra addictive, l'émouvant hyme acoustique Mommy, le sympathique duo Please avec la légende Cee-Lo Green, la magistrale ballade Summertime et l'envoûtant et brûlant Just Because I Do . Les petits moins sont à chercher du côté de la production un peut trop carrée (formatée) et de la présence de relativement peu de morceaux neufs (sept sur douze, les autres étant connus et/ou simplement ré-arrangés).
Un très bon album qui s'écoute avec facilité mais qui ne tombe pas dedans. Pas mal pour cette artiste au potentiel qui reste impressionnant (on ressent qu'elle est loin de l'avoir épuisé, ce n'est que le début). Cocorico.
Note Finale : 15/20
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