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lundi 21 octobre 2013

2013 - Alela Diane - About Farewell - Review / Chronique


About Farewell by Sabine De Greef on Grooveshark


Jusqu'il y a peu l'œuvre que je préférais d'Alela Diane était sa participation au projet Headless Heroes concernant l'album de reprises Silence Of Love (2008). Un opus d'exception reprenant des artistes folk (ou non) très inspiré... et inspirant.  Pour tout t'avouer mon cher lecteur, la musique d'Alela Diane et moi, cela n'a pas été le grand amour at first sight, je pense qu'inconsciemment j'en voulais aux médias de mettre en lumière de façon exagérée Alela Diane et son Pirate's Gospel (2006) alors que Faces In The Rocks de son amie Mariee Sioux (chronique ici) était passé sous silence de façon éhontée, incompréhensible. Je trouvais l'album de Mariee plus mystique, mystérieux et authentique alors que cela n'est certainement pas le cas objectivement. En réalité, le Pirate's Gospel d'Alela Diane ne m'a jamais ni réellement bouleversée et encore moins transcendée, longtemps je n'ai pas apprécié à sa juste valeur la sublime et reconnaissable voix de l'américaine. Ce sont des choses qui arrivent, on ne peut pas aimer toutes les musiques, encore moins tous les artistes.
 
C'est avec le projet Headless Heroes qu'est intervenu un coup de cœur pour sa... voix qui sonnait tellement plus vivante, vibrante et libre dans un autre contexte que son univers musical. Forest Parade (2003, à écouter ici) et Pirate's Gospel (attention à ne pas confondre la version originale autrement meilleure que l'on peut approcher du chef-d'œuvre de 2004 à celle sortie en 2006 qui a été réinterprétée et changée à écouter ici), deux albums autoproduits, ne m'ayant jamais réellement touché à l'époque, je me demandais si To Be Still (2009, à écouter ici) pourrait me réconcilier avec son univers musical bucolique. La réponse fut à moitié, d'abord j'ai été relativement interloquée de remarquer qu'une partie de cet album (4 sur 11 titres est loin d'être négligeable) apparaissait déjà sur son ep partagé avec Mariee Sioux Songs Whistled Through White Teeth (2006) mais au-delà de ce questionnement artistique To Be Still reste (à ce jour) un très bon album de folk, plus travaillé sur la forme mais perdant au passage quelque peu de sa richesse en profondeur par rapport à l'intemporel Pirate's Gospel. Par contre le chant d'Alela Diane s'est foncièrement amélioré depuis ses débuts gagnant en justesse et densité, mais j'éprouvais toujours des difficultés à m'immerger dans son univers bien que la seconde moitié de To Be Still soit une petite tuerie (Brambles, The Ocean, Lady Divine).
 
2011 sera certainement sont année la plus noire d'un point de vue artistique, Alela Diane sort un opus avec son groupe Wild Divine dont son papa et son mari font partie. Une erreur artistique majeure, un coup d'épée dans l'eau, cet album sonne profondément faux, Alela semble même avoir perdu la flamme, cette étincelle qui la différencie de bons nombres de ses consœurs toujours plus nombreuses et talentueuses chaque année. Je n'ai pas coutume de citer d'autres chroniques plus par manque de temps que d'envie mais celle de Froggy's Delight reflète ce que je pense de cette si belle artiste dévoyée par Rough Trade. Quand j'ai appris qu'elle revenait avec un nouvel opus un peu avant la période estivale de 2013, j'ai rapidement voulu en savoir plus mais la communication de la presse m'a refroidie, le discours à son propos me semblait si bien rôdé que j'ai pris peur. Elle avait divorcé, elle s'était séparée de son groupe, elle voulait revenir à ses sources, revenir à l'essentiel, ce genre de discours on nous le ressert tellement de fois et au final on se trouve souvent si déçu que je n'y ai pas donné suite, pas tout de suite en tous les cas. C'est aux environs de la rentrée musicale que je me suis laissée avoir, j'ai mis play, je me suis laissée bercée par la beauté (enfin) si simple, élégante et surtout sans limites d'About Farewell qui se révèle comme l'un des tous grands disques de folk de 2013.
 
Ce quatrième disque de cette grande dame du folk est sans conteste le plus mur, esthétique et honnête de sa belle et tourmentée carrière. Ce disque marque justement les 10 ans de carrière et la l'entrée dans la trentaine de la belle et désormais radieuse artiste. Un tournant décisif, ce disque a été écrit et partagé dans l'optique de clore une période à la fois joyeuse et douloureuse de sa vie, celle de la fin de son grand amour qui a duré sept ans pour aboutir à un divorce empreint de tristesse et de soulagement. Alela a retrouvé sa liberté artistique (non pas amoureuse elle est déjà en couple et attend un enfant) et a fondé sa propre maison de disques Rusted Blue Records (distribué par le label Believe Recordings en Europe) pour recouvrer son indépendance après sa filiation contre nature avec le label Rough Trade.

About Farewell est un opus exemplaire, il frise la perfection même, on peut difficilement rêver mieux (mais c'est toujours possible...) en écoutant un disque folk, l'écriture d'Alela Diane est intime, très personnelle mais jamais crue ou voyeuriste, il y a de la poésie, une grande sensibilité et mélancolie qui traversent ces textes magnifiques de justesse. Les arrangements de cordes signés par Holcombe Waller sont déterminants dans la qualité de l'album au même titre que la collaboration avec Heather Woods Broderick qui joue de la flute et officie dans les chœurs (qui sont à couper le souffle) cependant, il ne faudrait pas oublier le travail admirable et en solitaire d'Alela Diane qui a écrit et composé seule le disque sans oublier le joli touché doux et aérien de guitare qu'elle possède, les dix ballades douces et amères sont brillantes, pas un faux pas, pas de fioritures uniquement de l'authenticité, un retour à l'essence même du folk : la vérité des sentiments aussi doux ou durs soient-ils avec des arrangements sobres et travaillés qui les magnifient (comme sur The Way We Fall juste un exemple). Dix pépites, un peu plus d'une demi-heure de détresse, de souffrance mais surtout d'espoir, jamais on ne sombre du côté obscur des sentiments, la lumière reprend le dessus et annonce un avenir radieux pour cette princesse folk qui pourrait bien devenir reine... un jour.

About Farewell est un album sur un amour posthume comme il se doit d'exister dans la musique folk. Indispensable, précieux, un retour aux racines aussi resplendissant que mélancolique. Un Must Have de 2013.


Note Finale : 19/20

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