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dimanche 3 août 2008

2006 / 2008 - My Brightest Diamond - Bring Me Workhorse / A thousand Shark's Teeth - Reviews - Chronique de la beauté à l'état brut






Aurais-t-on découverte une nouvelle "Heavenly Voices" ? Bien entendu, il existe de nombreuses voix féminines qui me font complètement craqué mais ce qui se passe ici est vraiment fort et intense quand j'entends chanter Shara Worden. Au-delà de cette exceptionnelle voix de diva, à la fois fragile et puissante, douce ou incantatoire, qui me fait chavirer dès les premières notes, se profile un univers unique qu'elle a su établir bien que certaines références se fassent plus présentes ici et là (Jeff Buckley, Björk, Kate Bush, Massive Attack, Radiohead ?, le jazz, la musique de chambre, l'opéra, le folk, le rock et la pop).

Cette américaine, fille d'un évangéliste, a écouté du Mariah Carey et Whitney Houston dans sa jeunesse mais a vite changé de cap quand elle a décidé de composer de la musique pour le bien de sa et notre santé mentale ;-)

Juste pour le fun, une vidéo de Shara Worden chantant I Will Always Love You (une chanson de Dolly Parton reprise par Whitney Houston), c'est à tomber de mimétisme, Whitney rêverait d'être encore capable de l'interpréter de cette façon ;-) :


Elle est devenue une proche du prolifique folkeux Sufjan Stevens en tant que ‘illinoise maker' et a captivé son public en faisant la première partie d'une des tournées de ce grand monsieur. Sans oublier, que ce dernier l'a signée sur son label Asthmatic Kitty Records car on ne laisse pas échapper un tel diamant brut. Quand j'ai écouté la première fois Shara j'ai de suite songé à Jeff Buckley, et souvent les critiques jouent (et abusent) de cette comparaison avant tout pour mettre en évidence le lyrisme romantique ainsi que le jeu de guitare excellent des deux artistes. En effet, Shara joue aussi bien de sa voix que de la guitare, ce qui n'est pas banal. Son premier album Bring Me Workhorse est sorti en 2006 et n'a laissé personne de marbre.

Le premier morceau Something Of An End, de suite, en jette plein la vue, apocalyptique, baroque et lyrique, une vraie claque pour les oreille, rapidement les riffs de guitare indiquent que ce morceau à la base doux n'en est pas moins du rock et pas de la pop. Sa voix d'une souplesse phénoménale fait penser pendant quelques secondes à Björk à la fin du refrain sur le mot Crashing, c'est impressionnant. La fin du morceau est un pur moment de voluptuosité et de poésie, à écouter jusqu'au bout. Golden Star débute en douceur subtile avec des jolis arrangements mais à un peu plus de 2 minutes Shara se rebelle et rappelle qu'elle est une chanteuse indomptable prête à aucun compromis pour obtenir une chanson polissée. Superbe. Gone Away cependant vient donner un coup de pied dans la machinerie rebelle : difficile de décrire un morceau qui me donne envie de pleurer... un morceau doté d'une intensité et d'une beauté auxquelles je n'avais plus goûté depuis Grace de Jeff Buckley. Un chef d'oeuvre absolu qui mérite votre attention particulière, une des plus belles chansons qui existent tout simplement.

Dragonfly, dans la ligné du morceau précédent, me fait tourner la tête, difficile de s'habituer à une oeuvre qui touche au divin, à la perfection. La douceur et l'angélisme de cette piste est étourdissante et quand elle chante Come And Fly Away With Me, elle m'embarque dans son monde musical riche et dense. Mais si elle tutoie souvent les anges, elle n'oublie pas que son autre passion est le rock et le déjanté Freak Out dans la ligne d'un bon vieux P.J. Harvey, un morceau alternatif. Le doux et alternatif We Were Sparkling nous replonge dans une ambiance plus intimiste avec un arrière fond de musique enchanteur. Disappear frappe très fort, un morceau existentiel, un morceau essentiel, à écouter avec un casque pour profiter des subtils et magnifiques arrangements. Un bijou, une perle, un chef d'oeuvre, un morceau que n'aurait pas renier Massive Attack.

The Robin's Jar est un des morceaux qui m'a le plus marqué, sans explications apparentes, sa ligne de basse me fait triper, le refrain est magnifique, les paroles émouvantes, je suis sous le charme de ce morceau incandescent. Magic Rabbit est incontestablement une des plus belles pistes de l'album : ce morceau un peu mystique d'une douceur paradisiaque à première vue cache un feu ardent, des guitares et les violons s'emmêlent, deux mondes séparés au profit d'un superbe morceau. Cependant le plus gros reste à venir The Good & Bad Guy est une pièce dantesque, à faire pleurer les pierres. Entre trip hop, jazz et blues, cette song émouvante est à écouter d'urgence. Workhorse finit l'album sur une note sombre et oppressante, Shara, une fois de plus se montre investie et habitée sur ce morceau qui confine au trip hop.

Une vraie claque ce premier album qui à mes oreilles à fait des miracles. Difficile de s'en remettre, difficile de trouver mieux, c'est un album que je chéris particulièrement. Cet album élégant, divinement arrangé avec en avant-poste l'incroyable Shara qui irradie sur son premier essai plus que réussi. Shara dégage une aura d'artiste unique en son genre, sa voix extraordinairement souple, douce ou puissante, capable de reproduire les moindres nuances, toujours poignante et habitée, elle s'insinue pour ne jamais être oubliée, indéniablement elle a marqué la musique de son empreinte vocale le monde de la musique que l'on apprécie ou non son style que l'on peut qualifier de maniérée par moments. Dans l'ensemble, l'album excellemment produit et arrangé est accessible, à l'exception de certaines plages plus alternatives ou expérimentales, mais le résultat dans l'ensemble est étincelant et magnifique. Un petit chef d'oeuvre d'élégance, de beauté qui invite volontiers au songe.

Un chef d'oeuvre. Je crie au génie.

Note Finale : A+++














My Brightest Diamond est revenue avec son deuxième opus A Thousand Shark's Teeth cette année en juin 2008. Un album qui a souffert d'une sortie avant la période estivale qui fait en sorte que sa médiatisation est passée pour le moins inaperçue, hélas. La bonne nouvelle c'est que cet opus n'est pas moins bon que le premier essai. La particularité de ce dernier est qu'il a été conçu avant et après Bring Me Workhorse avec un ensemble à cordes. Par conséquent, il possède un aspect familier des premiers travaux de Shara mais sait également se montrer innovant afin de mettre en avant une Shara plus entière, plus intransigeante, plus unique que jamais.

Inside A Boy, je ne suis pas la première à le dire, n'aurait pas dépareillé sur Bring Me Workhorse, c'est un morceau brillant, grandiloquent, lyrique, qui dévoile sa beauté instantanément, au risque de faire peur. Sa voix sublime nous porte et son vibrato parfaitement maîtrisé nous procure des frissons. Sublime. Ice And Storm fait appel à ses influences Bjökiennes, un rythme légèrement dance et des arrangements électro viennent apporter une nouvelle dimension à la musique de Shara qui n'a pas peur d'expérimenter et de repousser les limites. Au fil des écoutes, la densité de ce morceau s'insinue et en fait une pièce indispensable au tableau. Superbe. If I Were Queen est un morceau incroyable. D'une dimension aérienne et particulièrement dépouillée, Shara nous chante une lullaby triste, avec de jolie paroles décalées, accompagnée d'instruments à cordes. Une merveille. Apples est un morceau séduisant, ludique, léger qui nous propose une autre facette plus cool et détendue de Shara.

From The Top Of The World renoue avec le style plus classique et incandescent de l'artiste. Ce morceau est l'un de mes préférés (même s'il est difficile de choisir), des arrangements sophistiqués et féeriques ainsi que le chant de sirène de Shara font en sorte que ce morceau soit inoubliable et émouvant. On se sent transporter et envouter. Somptueux. Black And Costaud inspiré par la pièce lyrique L'Enfant et les Sortilèges de Maurice Ravel, une des oeuvres préférées de Shara, est clairement un morceau décalé et introspectif. Lyrique, chanté partiellement en français, il procure des frissons, invite aux interrogations, au rêve, un morceau peu avenant ou accessible au premier abords mais au fil des écoutes dévoile sa richesse et son intelligence. Un morceau rempli de références et de féerie.

To Pluto's Moon EST le morceau d'anthologie de cette galette peu ordinaire, la première partie de ce morceau fait songer à Nature Boy de Nat King Cole, un chant désespéré, des arrangements élégants et aériens, une ambiance mélancolique puis le morceau s'installe dans une ambiance trip hop calme et sobre, Shara émeut ainsi la beauté de la musique. Un petit chef d'oeuvre à écouter jusqu'au bout même si cela fait un peu plus de 7 minutes. Bass Player, petite plage débordante de mélancolie, met une fois de plus en évidence qu'avec peu d'effets de mise en scène, on peut toucher et émouvoir. Sublime une fois de plus. Avec Goodbye Forever, on ne sort plus de cette bulle de mélancolie dans laquelle Shara nous a enfermé de notre plein gré. Intimiste et sombre, une nouvelle splendeur à écouter dans l'intimité. Lile A Sieve plus alternatif et expérimental laisse rapidement place à la dernière perle de l'opus : The Diamond, son ambiance zen contagieuse renoue avec le lyrisme et le grandiose, des arrangements de cordes somptueux à laquelle se superpose la voix douce et sensuelle de Shara.

Un deuxième album peut décevoir mais celui-ci ne le saurait, à la condition de l'écouter attentivement, pas à la va-vite, on n'est pas dans un album pop qui perd de son attrait dès la deuxième écoute et qui peut vous donner des envies de meurtre à 10ème fois. Dans le cadre de cet album, plus on l'écoute plus on s'y attache et finalement on n'en décolle plus. L'ambiance est clairement moins rock que sur Bring Me Workhorse, les effusions de guitare ont fait place des arrangements de cordes omniprésentes et somptueuses et le ton de l'album si situe davantage dans l'introspection et dans l'expérimentation. La voix de Shara est toujours aussi terrifiante de beauté et d'habilité, elle émeut, nous touche profondément, nous transporte dans l'univers musical chimérique et mélancolique de cette grande predigistratrice de la musique. Un voyage féerique qui vous ne regretterez pas d'avoir entamé, un des meilleurs albums de 2008 assurément.

Un deuxième album qui surprend sans déstabiliser l'auditeur, qui confirme un talent devenu inestimable, she is the brightest diamond. Des moments d'émotions intenses et magiques viennent égrener cet opus en apesanteur et aérien.

Note Finale : A+++





2 commentaires:

dubleudansmesnuages a dit…

Je suis subjugué. Quel merveille de merveille.
Je ne regrette pas de te faire de la pub chaque semaine. Je parcours pas mal de blogs et ...

Merci d'être là. Somewhere ;)

My Head is a Jukebox a dit…

Coucou Miss,

C'est vrai qu'on entend du Jeff Buckley chez elle. Elle a une belle voix.

Merci pour la découverte
Regis

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