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samedi 26 novembre 2011

2011 - St. Vincent - Strange Mercy - Review / Chronique



Marry Me by Sabrine Carrein on GroovesharkJe me demande s'il existe mission plus périlleuse que celle d'écrire au sujet de St. Vincent ? Depuis sa participation active au sein des Polyphonic Spree et avoir fait partie du groupe du petit génie Sufjan Stevens, elle ne cesse de faire parler d'elle dans les médias spécialisés dans la musique alternative. Et moi dans tout cela ? Je ne sais pas quoi ajouter de plus que ce qui a déjà été écrit pourtant je ne pouvais résolument pas à me résoudre à ce que Annie Clark alias St. Vincent n'ait pas, ne serait-ce que petite, qu'une place sur WMIMM. Parce que je l'adore ce que fait Annie. Je ne l'écoute pas souvent, je l'admets mais à chaque fois que je me replonge dans sa discographie, je retombe sous son joug immanquablement. Son premier opus Marry Me (2007) m'avait d'emblée impressionnée : de par sa créativité, son abondance de références et d'arrangements, de par sa capacité à hypnotiser l'auditeur qui a vu rapidement en St. Vincent une "nouvelle Kate Bush" (ahhh, revoilà ce besoin sacré de cataloguer afin de disposer de repères mentaux). Est-ce du à sa sublime voix cristalline qui passe de tonalités enjôleuses et angéliques à celles d'une diablesse tourmentée ? Où à sa musique pop alternative hautement originale qui remémore la prêtresse anglaise ? Un peu des deux très certainement. D'ailleurs Marry Me est un album qui fait des concessions.

Sa première partie est très dynamique et créative : choeurs à gogo, prolifération des instruments arrangés de façon ingénieuse et ambitieuse. Sa seconde partie semble plus clame et contemplative. Puis, j'ai rapidement développé une addiction pour certains titres sur ce premier opus : le torturé et tordu Your Lips Are Red et le doux amer titre éponyme Marry Me. D'ailleurs, à ce propos, comment imaginer que l'on ne tombe à ses genoux, demandant désespérément de l'épouser ? Moi si j'étais un homme, je n'hésiterais pas une seconde. Et puis ce All Stars Aligned qui débute sur un nuage d'arpèges avant de se transformer le temps d'un un bridge en thématique James Bond. Sur la fin de l'opus, Annie se la joue crooneuse et cela lui va bien, je l'adore comme cela mais je sens - au fond de moi et à ma plus grande déception, d'ailleurs vais-je m'en remettre un jour ? - que cet aspect de sa personnalité n'est pas encore au point car Annie semble encore trop "tendue" pour se lâcher complètement, ce qui met - pour ma part - un bémol à cet opus qui aurait pu flirter avec l'appellation de petit chef d'oeuvre qu'il ne sera hélas jamais. Au final, ce Marry Me est une pièce inattendue, surprenant et même j'irai dire jusqu'à rafraîchissante. Mention Très Bien. 17,5/20.

Alors que j'étais en train d'écouter l'un des album de St. Vincent pour mieux appréhender et écrire cette chronique, mon compagnon (dont le genre musical s'avère assez old school : Queens, AC/DC, etc.) me dit : tu n'aurais pas quelque chose de plus gai à écouter, ce que j'écoute est plutôt déprimant et manque de générosité. Bon, pour le côté déprimant et assez noir, je comprends, pour la générosité aussi en fin de compte, ce n'est pas parce qu'une musique est riche en texture diverses qu'elle est généreuse au final. Alors que la voix de St. Vincent est d'une douceur terrible dans son timbre et que sa musique est foisonnante d'idées, le résultat est assez rêche, rude, sans réels compromis artistiques pour rentrer dans un moule. Et d'ailleurs, Actor (2009), son second opus le fait ressentir de façon incroyable. Le mariage entre pop alternative avec les guitares saturées et les influences cinématographiques (Woody Allen, le Magicien d'Oz ou encore certains Walt Disney) y apparaît détonant. Derrière des arangements plus majestueux que jamais (on a droit aux haut bois et autres instruments boisés magnifiques) qui donne - le plus souvent - une grande douceur et fluidité à l'opus, se cache toujours pas mal de noirceur, et toujours une guitare ou autre instrument volontairement distordu pour la circonstance pour nous rappeler cette griffe musicale qui devient si caractéristique à la belle Annie. Sa musique ne sera jamais lisse ou guillerette, et c'est mieux ainsi. Il se révèle assez difficile de trouver des faiblesses évidentes sur cet excellent second opus mais je me suis rendue compte que j'étais raide dingue des morceaux tels que le planant et enchanteur The Bed, le spleenesque The Party et le magistral Black Rainbow. Plus qu'originale, la musique de St. Vincent est unique. 17,5/20.

Strange Mercy, le troisième opus de St. Vincent, s'est imposé d'emblée comme mon préféré, mieux : comme l'un des albums que j'ai le plus adorer écouter en 2011. Je l'attendais cet album, celui qui ne me ferait pas simplement aimer celle qui possède un nom de super héroïne mais l'adorer sans plus aucune réserve. Pourquoi ce ciel dégagé de tout nuage ?  Et bien parce qu'elle ne me fait plus penser à une dauphine (de luxe) de Kate Bush, parce qu'elle ne s'appuie plus sur des références pour élaborer sa musique. Sur Strange Mercy, c'est St. Vincent que je découvre sous son plus simple appareil, si je puis me permettre cette formule imagée. C'est la première fois que je l'écoute et que je me dis que

je la rencontre sans qu'elle se cache derrière quelconque artifice pour montrer à quel point elle est une artiste hype, géniale, unique. Sa musique parle maintenant d'elle-même. Ce dernier opus en date est certainement le plus cohérent et... le plus imprévisible à la fois. Annie n'aura jamais manier avec autant d'équilibre et de réussite les aspects contradictoires de sa musique aux airs faussement enjôleurs : une voix d'ange, des guitares saturées, des ambiances électrique, obscures et inquiétantes. Fini les arrangements alambiqués, poussifs et décousus pour prouver qu'elle est une artiste ultra douée. Dès l'ouverture avec Chloe In The Afternoon, on sent que la musique de St. Vincent a gagné en "simplicité" (d'apparence à tout le moins car on ressent moins le travail effectué en amont par l'artiste), en fluidité et donc en efficacité. Elle plasmodie Chloe In The Afternoon sur un fond sonore synthétique incroyablement prenant. C'est juste excellent. Vous pensiez qu'Annie était incapable de créer un morceau juste pop, et bien Cruel vous prouvera le contraire, le résultat un peu bubblegum s'avère presque jouissif. La jouissance viendra avec le morceau suivant Cheerleader. Je ne compte plus les fois où j'ai écouté ce morceau... par jour. C'en est devenu presque une obsession. Ce titre pop/rock acide possède un refrain entêtant, des riffs de guitare acérés et une sorte de rage contenue incroyable. Petit chef d'oeuvre tout simplement. La tension s'apaise sur le cotonneux et caressant Surgeon. On aura rarement connu une St. Vincent aussi sensuelle et séductrice. J'en ai encore des frissons qui me parcourent l'échine en réécoutant ce redoutablement beau titre électro pop planant. Les guitares sont de sorties de nouveaux sur le fabuleux et cinglant Northern Lights qui part dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. Le résultat est juste tripant. La piste éponyme de l'opus Strange Mercy est sans conteste l'une de mes préférées : l'instrumental aux accents eighties est superbement aérien, l'interprétation d'Annie est touchante, il y règne une sorte de spleen et de langueur électriques dont je rafole. A mi-chemin entre paradis et enfer, entre beats syncopés et choeurs éthérés, Neutered Fruit séduit de par son atypisme, sa capacité à captiver et entraîner l'auditeur dans sa tempête de sonorités toutes plus invraisemblanles les unes que les autres. Dans une atmosphère feutrée et rêveuse, le frissonnant Champagne Year appararaît comme un petit moment de répit qui se prolonge sur Dilettante que j'ai pensé être mou du genou au premier abord, le genre de piste qui déçoit sur un album aussi réussit. Mais non, au fil des écoutes, je le trouve cool ce morceau surtout pour pour son très beau final. Pas mal. Le futuriste et nerveux Hysterical Strenght tient parfaitement la route et s'avère plutôt délectable mais il ne fait pas le poids devant l'épique final sous la forme de Year Of The Tiger. Cette chanson de cowboy chinois est sidérante de beauté et de créativité. Comme cela tout est dit. Strange Mercy s'impose comme l'un des meilleurs opus de 2011. Rien de plus, rien de moins, alors précipitez-vous ! 20/20.

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St. Vincent

4 commentaires:

Fritz a dit…

Très belle critique, je suis tout à fait d'accord: j'avais aimé ''Actor'' mais effectivement on sentait ''l'effort d'originalité'' derrière l'oeuvre. Avec ''Strange Mercy'' elle a atteint une sorte de symbiose; çà coule naturellement. Quelque chose qu'on oublie souvent par contre c'est à quel point elle est une virtuose de la guitare et à quel point il y a une finesse dans ses textes.

Anonyme a dit…

je l'adore, cette femme est magique

Philesb a dit…

Merci pour cet article complet sur St Vincent.Je la connaissais très mal, en fait uniquement son visage et la pochette de son avant dernier album Actor.

saab a dit…

... et je vais bientôt parler de Mara Carlyle !

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