Je suis une moralisatrice qui se voile la face. De temps en temps en tous les cas. Je suis la première à défendre les artistes désirant explorer de nouvelles couleurs musicales pourtant je dois me rendre à l'évidence en ce qui concerne Wouter Hamel, je n'arrive pas à être aussi ouverte d'esprit que je désirerais l'être. Après deux opus mêlant avec maestria soul et pop, tous produits par son collègue musical le génial et sous-estimé Benny Sings, Wouter Hamel a été confronté à plusieurs événements, dont une rupture amoureuse extrêmement douloureuse, le poussant indirectement sans doute à changer d'horizons dont musicaux. Il a mis fin à plusieurs collaborations dont celle avec Benny Sings et son pianiste Pieter de Graaf ; c'est désormais Hamel qui est aux manettes de la production et qui a décidé de varier ses aspirations musicales.
Lohengrin, son troisième opus, sorti en 2011 aux Pays-Bas, arrive en France en ce mois de septembre 2012 et pourrait permettre à Hamel de percer dans ce pays qui l'ignore, conséquence d'une médiatisation quasi inexistante. Si je ne le connaissais pas avant, j'aurais fondu instantanément pour sa fraîcheur, sa spontanéité et son dynamisme. Hélas, quand on a craqué comme ma personne pour Nobody's Tune (2010), on ne peut qu'osciller entre étonnement et admiration (pour un artiste qui expérimente de nouvelles sonorités) et déception une fois confronté à cette nouvelle oeuvre. Oui, le mot est dur mais je ne peux m'empêcher d'être déçue par des morceaux comme What's Left et Giu Giu qui sont tellement poussifs qu'ils semblent artificiels un peu à l'image du single ensoleillé mais fade Demise.
Certes, Lohengrin est son oeuvre la plus innovante, cela va sans dire, on y découvre le jeune néerlandais sous des facettes peu connues jusqu'à maintenant mais sur les morceaux pop (désormais dénués de soul, une touche qui manque immanquablement), ses tentatives tombent à plat. Et, cela me fait mal de l'admettre avec objectivité. Cependant, Lohengrin n'est pas un album raté car celui qui ne connaissait pas Hamel pourra très certainement y trouver son compte étant donné qu'il reste très agréable à l'écoute, c'est juste dommage (cela reste mon avis) qu'il manque le swing qui caractérisait si bien l'ancien Hamel, les morceaux pop présents sur Lohengrin semblent flirter dangereusement avec une certaine pop mainstream calibrée pour la FM. Un titre obtient ma préférence, il s'agit de Rue Damremont, un titre piano/voix magistral à la fois romantique et mélancolique qui augure le meilleur pour l'avenir de ce jeune crooner extrêmement talentueux.
Lohengrin peut ravir comme décevoir mais ne mérite en aucun cas l'indifférence car il permet de mettre en relief un artiste explorant de nouveaux horizons musicaux avec plus ou moins de succès. A découvrir et partager.
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