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mercredi 19 mars 2008

Erykah Badu - New AmErykah Part One (4th Wolrd War) - Review - Chronique d'une artiste soul inspirée

 




Erykah Badu incarne non seulement l'une des voix les plus reconnaissables de la musique actuelle depuis maintenant plus de 10 ans mais elle incarne également une femme engagée pour son peuple : pour la minorité Afro-Américaine aux Etats-Unis, pour la cause de la femme, pour son amour inconditionnel de la musique et son souci de l'avenir de la planète, rien que cela. Elle possède une plume avisée sur son environnement, elle produit, elle fait le design de ses cd's, elle déchire en Live, elle a tout pour elle et en plus elle est sublime physiquement tout droit sortie d'un film de blaxploitation !

En 1997, elle sort son premier album Baduizm encensé par la critique qui lui décerne le statut de chef d'oeuvre (largement mérité) et écoulé à quelques millions d'emplaires aux States, elle vient de mettre au goût du jour le mouvement néo-soul ou nu-soul (mélange libre de différents styles musicaux : jazz, soul, rock, hip hop, etc.) déclenché quelques années auparavant par Omar, Maxwell, D'angelo ou encore Tony! Toni! Toné! et que suivront des artistes comme Jill Scott, Lauryn Hill, India.arie, Raphaël Saadiq (en solo après Tony! Toni! Toné!), etc.

A l'heure actuelle en ce qui concerne les rescapés du mouvement d'origine : D'angelo est perdu de vue depuis 2000 avec son sublime album Voodoo, Omar chanteur de néo-soul britannique est toujours dans le circuit mais sa notoriété n'a jamais dépassée les frontières de la Grande-Bretagne et Maxwell, mon chouchou parmi les chouchous, dont le dernier album Now date de 2001, il nous promet une trilogie nommée Black Summers’ Night depuis maintenant presque deux ans (espérons que cette année sera la dernière année d'attente !!!)

Par conséquent Erykah Badu a réussi a tiré son épingle du jeu en restant sur le devant de la scène avec plus ou moins de régularité : un deuxième album en guise de Live (à pleurer de bonheur tant l'émotion qu'elle arrive à dégager est puissante, une expérience incontournable) sorti en 1997 (même année que Baduizm), Mama's Gun (chef d'oeuvre) en 2000 et un long EP Worldwide Underground (expérimental et d'une richesse infinie) en 2003.

Depuis 2003, peu de nouvelles de celle qui outre quelques apparitions scéniques s'est essentiellement occupé de ses deux enfants et de son développement personnel mais le silence s'est rompu il y a quelques mois avec l'annonce d'un double album qui s'avérera en fin de compte la sortie de trois albums à quelques mois d'intervalles (New AmErykah : Part Two : Return of the Ankh doit sortir durant l'été et un Live vers la fin de l'année, programme chargé et va-t'elle le respecter ? La fin de l'année nous le dira).

Alors que dire de New AmErykah Part One (4th World War) premier volet d'une tryptique annoncée par le génial morceau Honey (accompagné d'une vidéo qui l'est encore plus) et qui se retrouve échoué en fin d'album à la place de bonus track de luxe et qui enfin de compte ne représente pas du tout le ton de l'album ? Dès la première écoute j'ai totalement craqué, c'est simple, le cd ne voulait plus se décoller de mon lecteur, dès que je m'aventurais à l'écoute d'un autre album je le trouvais fade (injustement) à côté de cette bombe funky. Pour ceux qui adoraient Erykah à ses débuts mais qui avaient décroché avec Worldwide Underground vous n'apprécierez peut-être pas cet opus mais pour ceux comme moi adorent ses aventures dans d'autres univers musicaux (hip hop, funk, musiques venant d'autres planètes, etc.) c'est un régal de bout en bout. L'aspect commercial (présence de mélodies faciles à retenir, durée du morceau limitée au format FM) est délaissé pour l'expérimental, Erykah fait ce qu'elle aime et cela se ressent intensément !

Amerykahn Promise
ouvre magistralement l'opus avec son groove imparable, cette reprise du groupe Ramp (Roy Ayers) semble sortie d'une BO d'un film de blaxploitation des années 70 (période des droits civiques, de la volonté d'une certaine population américaine de faire avancer les mentalités en ce qui concerne le metissage culturel et le combat conre le racisme... vous savez ce qu'il advient finallement, la situation de la minorité Afro-Américaine a été améliorée sur papier mais dans la vie réelle rien n'a changé pour eux!). Les paroles Promise to you baby, I'll love you tooth for tooth and eye for eye... me font encore méditer sur la situation aux States.The Healer qui prend la forme d'un dialogue entre des enfants et la guérrisseuse (Erykah) est un son innovant, il est assez rare pour ne pas le mentionner que le sample aux sonorités orientales est juste incroyable à la mesure des paroles : le hip hop est plus grand que la religion ou le gouvernement, impossible de ne pas être hypnotisé par la shaman Erykah !

Me
troisième pièce de cet opus parle tout simplement d'elle-même, de son parcours et de sa foi intérieure, ce mid-tempo néo-soul est ravageur, funky et groovy à souhaits, il finit sur le chant d'Erykah dépouillé d'articices musicaux, assez orginal. My People ressemble à un interlude de plus de 3 minutes, c'est assez expérimental comme morceau pas facile d'accès pour les auditeurs non avertis mais en ce qui me concerne je suis fan de l'interprétation d'Erykah et du son hypnotique de cette perle, elle exhorte son peuple à s'accrocher car l'amour n'est pas loin...

Avec Soldier, on revient à une chanson un peu plus traditionnelle, un beat lourd c'est du hip hop incontestablement, elle nous conte les bévues en Iraq, les violences policières, les injustices endurées et réclame le réveil des individus face à la décadence mondiale car nous sommes les soldats de notre vie. The Cell et son afro-beat démentiel est juste une autre bombe de cet album : elle parle de la dépendance aux drogues et de la mort qui s'ensuit, à noter qu'Erykah achève la chanson en accapella, un moment sublime. Twinkle mêle électro et hip hop avec une belle réussite : le son sembe être sorti d'un autre univers. Cette chanson nous parle de la condition humaine dans les ghettos, en définitive la song s'avère oppressante et sombre, aucune concession n'est faite pour la rendre accessible aux néophytes.

Master Teacher
sur un sample du maître Curtis Mayfield est débutée par le chant de Georgia Ann Mulrow (à l'origine de l'écriture de cette chanson), Erykah fait peut après son apparition pour réclamer un "Beautiful World" en restant éveilléé face aux problèmes quotidiens. Le son est envoûtant et de nouveau hypnotique. Magnifique. That Hump est une autre chanson typiquement néo-soul, très douce elle nous rappelle l'Erykah des débuts, Erykah illumine cette song avec une interprétation poignante, c'est juste un moment sublime du début à la fin.

En enchaînant avec Telephone on reste dans la belle douceur du néo-soul avec un hommage à J. Dilla, producteur de hip hop underground décédé en 2006 : Just Fly Away To Heaven Brother/Make A Place For Me Brother/Fly Away To Heaven Brother Celebrate For Me Brother/Fly Away To Heaven Brother Put In Word For Me. C'est le meilleur son de l'album, l'émotion est palapable, un vrai chef d'oeuvre qui se passe de commentaires pour mieux l'apprécier à l'écoute (voir dans la tracklisting). Et pour achever l'écoute voici la fameuse Honey, bonus track de luxe qui a servi à annoncer cet album et qui si elle ne lui ressemble pas, est incontestablement la plus catchy et la plus fun, une fois écoutée on ne peut plus décrocher, elle annonce une deuxième partie New Amerykah : Part Two : Retour of the Ankh qui s'annonce déjà palpitant avec cette chanson de transition !

Vous aurez sûrement compris je suis très embalée à la suite de nombreuses écoutes de cet opus qui sort incontestablement du lot par rapport aux productions actuelles. Erykah est très inspirée, sa voix est magnifique et ses interprétations habitées comme seule Billie Holiday l'était en son temps. A noter que les producteurs Roy Ayers (Amerykhan Promise), Sa-Ra (Me, The Cell, Twinkle et Master Teacher), Madlib (The Healer, My People), 9th Wonder (Honey) et Kariem Riggins (Soldier) ont fait un boulot extraordinnaire. Si vous désirez écouter de la musique qui sort des sentiers battus qui groove et qui vous donne des frissons, vous adorerez ! Je m'avance mais c'est surement l'un des meilleurs cd's de l'année 2008. Et bien voilà j'ai fait le tour de l'album et en ajoutant que l'achat du cd vaut le coup également pour le magnifique booklet qui l'accompagne (rien ne manque les paroles et les illustrations sont superbes).

Note Finale : 20/20



Honey Live (à regarder absolument)
:

11 commentaires:

dubleudansmesnuages a dit…

Je dois avouer que je suis complétement "sciè" ... j'ai adoré lire ce que j'ai lu et je continue a me dire que tu devrais faire une "carte blanche", pourquoi pas sur les albums que tu as aimé en 2007 ? ...
Je suis fasciné de voir a qu'elle point tu parles avec passion de la chose musicale.
Quand je parlerais de Erykah Badu dans ma semaine en chansonsn, c'est simple um lien chez toi directe. Personne arrivera a parler aussi bien que tu viens de le faire. Faut même pas essayer. Je lis chaque semaine les rubriques chez Télé-moustique et je pense que je les préfére chez toi. Je te salue bien bas ... Tu as beacoup de talent et de la passion ...
Respect.
A bientôt.

saab a dit…

Que de compliments, je ne sais si je les mérite mais je te remercie de mille fois Armando pour ton attention et tes commentaires. Une carte blanche sur (les meilleurs) cd's de 2007 c'est une excellente idée !!! Je vais essayer de voir ce que je peux faire (sujet sousmis à des controverses) et te recontacterai afin de te soumettre un texte.

A +

Mrs Pillsbury a dit…

tout à fait d'accord avec notre beau méditéranéen ! tu es super Saab !

saab a dit…

Oh merci de ce très gentil compliment mrs pillsbury, j'espère t'avoir donné un bon aperçu de l'album car je sais que tu aimes Erykah Badu !

Bisous et a+

My Head is a Jukebox a dit…

Bonjour Miss Saab,

Est-ce que tu l'as vu dans le film block party (de Michel Gondry) avec aussi Jill Scott ? Si non, je te le conseille il devrait te plaire.

Régis.

Bob August a dit…

Je ne suis pas un spécialiste de la musique émergeante - loin de là - mais un constat tout de même : on parle beaucoup de mélange des genres (musicaux) pour caractériser cette musique, est-ce que je me trompe ?

Mrs Pillsbury a dit…

Saab, tu me donnes une indigestion de complexes ! Moi qui fut jadis la reine de tout ce qui était nouveau dans le genre musical R&B, me voilà en train de baver en lisant ton blogue ! C'est pas la crimino que t'aurais dû étudier ! Tu pourrais facilement travailler chez un grand disquaire ou à la radio tiens !

Merci encore ! Tes commentaires me mettent au défi de trouver quelque chose que tu ne connais pas et à le mettre sur mon blogue en avril !

saab a dit…

@ Bob August : tu as tout compris aujourd'ahui la musique est un mélande des genres, ce n'est pas pour me déplaire.

@ Mirs Pillsbury : Je suis sure que tu connais un tas d'artistes autres que moi, d'ailleurs sur les liens You Tube que tu mets sur ton blog, il y en a que je ne connais pas du tout et qui méritent la découverte. Et je suis d'accord avec toi j'aurai peut être du m'orienter dans le domaine musical mais j'ai toujours adorer la crimino.

saab a dit…

Oups le fautes d'orthographes, sorry

Anonyme a dit…

c'est clair que tu en parles bien...! Faut que je m'achète cet album! J'ai tjs pas été me l'offrir! En ce moment c'est Alicia qui passe et repasse en boucle...!

mo'arq! a dit…

kikou!
je voulais te féliciter pour ton blog hyper-intéressant et que j'ai eu plaisir à fouiller! mais là, ton commentaire sur le nouveau badu m'a franchement plu, d'autant plus que beaucoup de fans de baduizm critiquent le changement de style de miss badu... je suis tout a fait de ton avis :P. j'ai l'album depuis 2 mois, et j'ai toujours pas décroché....
à vous lire!

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