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vendredi 16 juillet 2010

2010 - Susanne Sundfør - The Brothel - Review - Chronique d'un chef d'oeuvre encore ignoré





Si vous vous désirez avoir un aperçu des derniers joyaux musicaux issus de la scène scandinave, découvrir Susanne Sundfør semble primordial. Un premier album Eponyme sorti en 2007 lui vaudra de nombreuses critiques positives mais c'est sans conteste Take One (2008, chroniqué et en écoute ici) qui a permis de mettre en lumière le talent et l'intensité qui se dégagent de l'artiste : en effet, tous les titres du premier essai, à une exception près, y ont été repris et réinterprétés à nu, en une seule prise, sans effets de mise en scène. Une claque. Sa musique qui marrie musique classique et pop piano-voix s'avére une merveille alliant puissance et délicatesse, intelligence et accessibilité. Ce premier album et son faux jumeau appelaient une suite plus qu'attendue au parcours musical déjà brillant de l'artiste. Son troisième opus, The Brothel a finalement fait son apparition dans les bacs scandinaves au début février 2010. Sous forme de concept musical, il se revendique être le fruit d'une collaboration avec l'artiste visuelle Kristin Austreid dans le but de combiner la musique et les arts visuels à partir d'un monde parallèle qui est en l'occurrence The Brothel (traduction littérale : Le Bordel). Un projet assez ambitieux qui met l'imagination de l'auditeur à contribution.

The Brothel nous convie à un voyage sonore et onirique d'une beauté spectaculaire et d'un intensité d'une densité presque insondable. Le résultat artistique est sombre, baroque, crépusculaire mais pourtant ce sont ses aspects ensorcelant, étincelant et incandescent qui ressortent par dessus tout au fil des écoutes. L'album dévoile une dimension supplémentaire à la musique de la belle norvégienne : le côté pop est délaissé au profit de compositions plus complexes et sophistiquées qui mêle avec beaucoup d'audace musique classique et électronique. L'album, produit par Lars Horntvesth (du groupe de jazz progressif Jaga Jazzist) s'ouvre sur son titre Eponyme, véritable bombe nocturne, qui débute sur des sonorités feutrées et atmosphériques avant de se voir parer de plusieurs couches instrumentales et d'harmonies vocales lui donnant un habit à la fois minimaliste et foisonnant. Un morceau au contenu cauchemardesque et spirituel en forme de petit chef d'oeuvre tant sur le fond que sur la forme. Sur un ton incantatoire, avec en arrière fond de sonorités synthétiques, l'artiste donne de toute son ampleur vocale sur la chanson Lilith. Une oeuvre épique qui monte en crescendo dans la luxuriance avant d'atterrir dans une bulle de douceur aérienne soutenue par une simple guitare. Époustouflant.

Sombre, frissonnante et troublante, Black Widow distille l'une des plus belles atmosphères de l'album. Ce morceau au climat hanté, sinueux et vénéneux, se basant sur un instrumental somptueux et enivrant, est tout simplement grandiose. Ouverture théâtrale sur un air de musique classique à laquelle s'ajoutent rapidement des percussions synthétiques, It's All Gone Tomorrow, n'est pas sans rappeler les travaux du musicien canadien Owen Pallet dans sa splendeur. Ce morceau à la fois menaçant et lumineux est un petit bijou, une bouffée d'air frais au sein d'un album imposant. Cependant, l'atmosphère se fait rapidement plus lourde et oppressante avec le majestueux et funèbre Knight Of Noir. La densité et la beauté contemplative de ce morceau prennent littéralement aux tripes. Turkish Delight est un ovni musical qui puise sa plastique expérimentale dans ses cordes aux arrangements orientaux, ce qui lui donne un côté futuriste excitant et envoûtant. L'instrumental As I Walked Out One Evening possède le mérite de nous plonger dans un rêve fantasmagorique captivant mais éphémère car le mirifique chant de sirène de Susanna Sundfor sur le ténébreux et sinistre O Master prend le relais de la plus belle façon qui soit. Brillant. Lullaby est une piste captivante et tumultueuse nous promenant dans des contrées électroniques qui ne sont pas sans évoquer le meilleur de Vangelis. Surprenant et fabuleux. L'album se clôture sur l'intimiste et funambule Father Father dont l'ambiance solennelle, voire biblique procurera sans aucun doute possible des frissons de bonheur à l'évocation cette piste enchanteresse.

La musique de la surdouée Susanne Sundfor n'a jamais sonnée de façon aussi expressive, vulnérable, intense et épique. The Brothel s'impose comme l'un des (rares) chefs d'oeuvre de 2010. Un must absolu à découvrir.
Note Finale : 20/20

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3 commentaires:

piotr a dit…

La note est méritée.
Merci

Piotr

Fritz a dit…

Les artistes ratent souvent leur coup avec leur 2ème album mais là... Ceque je reprochais au 1er album c'est qu'il était trop lisse; les chansons en venaient à se confondre mais sur celui-ci chaque chanson est différente de l'autre. Elle a pris un gros risque en amenant des éléments electronica à ses compositions mais çà marche tellement!!! C'est le 1er 20/20 si je ne me trompe?!

Olsun a dit…

C'est une des plus importante découverte de l'année pour moi.

C'est un des rares artistes dont on peut visualiser la musique en 3D, on se promène dans ses morceaux comme dans une ville, en explorant les recoins méconnus, en admirant les superpositions de styles et les éléments historiques avec l'apport des différents instruments du classique à l'électro... Chaque nouvelle ballade est une redécouverte de l'artiste sous une nouvelle perspective.
Bref oui 20/20 en particulier pour "It's all gone tomorrow".

Merci d'avoir partagé cela avec nous!

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