2012 - Susanna - Wild Dog - Review / Chronique

 

Je parle d'elle, je pense à elle et je rêve de son art. Susanna est une artiste qui selon moi mérite déjà le statut de culte. Elle est extraordinaire, quand je l'entends, je sais que c'est elle et pas une autre, personne ne lui ressemble, personne ne possède une voix aussi belle, fragile et vibrante qu'elle. Que cela soit avec en duo formé avec Morten Qvenild sur Susanna and The Magical Orchestra avec lequel elle sortira trois opus admirables ou en solo avec trois autre opus tous des petite chefs d'œuvre de lo-fi/pop minimaliste, depuis 2004 Susanna éblouit avec son univers intimiste et délicat. Cependant, depuis son dernier opus personnel en date Jeg vil hjem til menneskene (2011), on ressentait l'envie de la sublime norvégienne de s'affranchir de l'étiquette du lo-fi et de migrer vers des cieux plus éclectiques et électriques. D'ailleurs, c'est vers cette période qu'elle créera son label SusannaSonata et qu'elle collaborera avec Giovanna Pessi sur le sublimement baroque If Grief Could Wait (2012).

 

C'est en 2012 que Wild Dog, son quatrième opus, apparaît un peu partout dans le monde et s'impose à ce jour le plus abouti, personnel et travaillé de Susanna. A la croisée entre folk, pop et jazz, Wild Dog est une œuvre sans l'ombre d'une fausse note : l'ensemble des titres sont grandioses et bouleversants. Accompagnée d'une équipe de musiciens pointue, Susanna offre à ses compositions une perspective inédite : elles prennent toute leur ampleur et déploient leur beauté en grandeur nature. Le résultat est tout simplement époustouflant. Dès le début, l'auditeur a l'impression de redécouvrir Susanna avec le titre Imagine : le chant est plus affirmé, le son plus limpide, quelque chose à changer. Elle ne se cache plus derrière son piano mais se met en danger sur le devant de la scène et la lumière met en relief les sublimes teintes noires et blanches de sa musique intimiste et tortueuse.

 

Imagine est une poignante ballade classique dans la lignée des précédents travaux de la norvégienne mais on a l'impression que l'ampli a été allumé afin de lui donner vie. Freeze continue sur la belle lancée de l'opus, ses couleurs bluesy donnant envie de rougir de bonheur tandis que Rolling On Rolling Stone est un ovni musical, de la pop jazzy futuriste aérienne et grave. Incroyable et improbable. Oh, I Am Stuck vient réchauffer l'atmosphère avec sa touche rock et son ambiance de feu de cheminée. Entre quiétude et tourment, le jazzy Starving Soul vient enchanter les oreilles de sa  présence incandescente. Invitation est l'un des tous grands highlights de l'opus : sa beauté soul aux accents gospel est auréolée de notes de piano chimériques et d'arrangements vocaux aussi splendides que paradisiaques. Un pur chef d'œuvre. Les merveilles s'enchaînant souvent, Wild Horse Wild Dog prend le relais dans une ambiance électrifiante et galvanisante. Le résultat est ébouriffant et renversant. Sombre et tout aussi intense There Is Nothing Funny apparaît comme un titre grinçant débutant de façon douce, presque évanescente pour finir sur des tonalités mordantes et musclées. Excellent. Her Eyes continue dans un climat glacial, crépusculaire et feutré qui donne des frissons. Magnifique. Lovely Day vient détendre l'atmosphère en clôturant sur une note soul dans la même veine que du Laura Nyro. Raffiné, touchant, magique.

 

Susanna Karolina Wallumrød est morte, vive Susanna. Elle revient resplendissante, libérée  avec un album dynamique, souvent époustouflant et toujours brillant. Bref un nouveau petit chef d'œuvre à mettre à son actif. Un Must Have absolu de 2012 of course.

Note Finale : 20/20

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