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mardi 27 décembre 2011

2011 - Kate Bush - 50 Words For Snow - Review / Chronique




50 Words For Snow by Sabrine Carrein on Grooveshark

Kate Bush, un nom, déjà une légende. Pour le milieu musical féminin. Pour la musique tout court. Depuis son apparition dans les seventies, ce diamant découvert par David Gilmour (Pink Floyd) ne ce cesse d'être cité, comparé, adulé ou même détesté. Une sorcière au moyen âge, une icône des temps modernes. Je connais sa discographie, ayant déjà, depuis belle lurette, tout écouté : une fois, deux fois, etc. sans que cela soit, à mes oreilles,  si fondamentalement mémorable quoique remarquable en tous points. Normal, je l'ai découverte sur le tard : Tori, Björk et les (centaines d') autres sont passées par là et lui ont piqué toutes les bonnes idées en les modernisant et se les ré appropriant ; je n'ai eu droit qu'aux restes ancestraux. Cependant, il faut l'admettre, j'ai toujours trouvé sa musique aussi audacieuse que révolutionnaire (pour l'époque) et kitsh au final. Sa fougue, ses envolées lyriques et son travail en amont pour la reconnaissance d'une véritable identité féminine dans le monde de la musique (qui a souvent pris les femmes pour des faire valoir) sont incommensurables. Ses disques sont historiques mais je ne peux m'empêcher de préférer (et de loin) des disques (qui peuvent paraître) assez insignifiants pour les fans purs et durs : Lionheart (1978) et le double album épique Aerial (2005) qui est son chef d'oeuvre le plus imagé et personnel, deux oeuvres réalisées à des périodes profondément différentes. Presque trente années les séparent et rendent l'univers de la grande Dame anglaise presque méconnaissable : sa créativité et sa quête de nouveaux horizons artistiques restent intactes mais la maturité de la voix ainsi que les sonorités musicales se révèlent plus sobres et davantage contenues.

Certains artistes donnent le meilleur d'eux-mêmes dès le début de leur carrière et puis plus rien ou pas grand chose de réellement créatif n'en ressort au fil des années ou des albums qui sortent. Ce n'est pas le cas des vrais, des grands, qui savent rester humbles et ancrés dans la réalité. Kate Bush fait partie de ces (trop) rares musiciens (cette interview en est la plus belle preuve). Après la sortie, ô combien controversée au début 2011, de Director's Cut sur lequel elle retravaillait certains morceaux présents sur The Sensual World (1989) et The Red Shoes (1993) (albums qui sont, soi-dit en passant, sans doute les plus datés en rapport avec leur contexte sonore très eighties ; même si les talents d'interprète, d'auteure et de compositrice de la belle Kate ne sont pas remis en doute), elle revient en novembre 2011, alors que plus personne ne l'attendait, avec un opus d'inédits : 50 Words For Snow. Un album conceptuel, une oeuvre ludique que voulait réaliser Kate Bush après le laborieux processus esthétisant entrepris sur Director's Cut.

Pour ceux qui n'appréci(ai)ent guère Aerial et Director's Cut, mauvaise pioche, vous aurez très peu de chances d'aimer ce nouveau Lp, les autres, par contre, seront au septième ciel, il faut bien qu'il y ait une justice en ce bas monde. En effet, après avoir exploré le monde des oiseaux sur Aerial, découvert le vocoder et le monde de l'électronique sur Director's Cut, 50 Words For Snow est dans la continuité de ces derniers et s'avère être un album qui met l'accent sur la nature hivernale et les ambiances complexes et sublimement orchestrales. Cette nouvelle oeuvre d'art, on ne peut pas parler de simple musique à ce niveau d'excellence, est tout simplement éblouissante. Les paysages musicaux qui y sont dessinés, loin d'être gelés et complètement contemplatifs comme pourrait le présager le thème de l'opus, se révèlent davantage luxuriants, opulents mais de façon non conventionnelle. En effet, les sept longues plages qui défilent, à nos oreilles avisées, sont palpitantes, fascinantes, à priori simples et pourtant si sophistiqués. Le travail de Kate Bush et de ses musiciens et arrangeurs est d'une subtilité, d'une densité incroyable, il faut l'entendre, se plonger au coeur de cet univers féerique, pour vraiment appréhender dans toute sa richesse cette oeuvre.

Snowflake ouvre la voie. La voix de l'enchantement, j'entends. De suite, le charme opère, agît et engourdit mes sens, je me sens attrapée dans la toile musicale de Kate Bush. Je trouve cela délicieux, cette sensation d'être si séduit  par une piste si épurée, quoique mystérieusement enveloppante, que l'artiste partage avec son fils Bertie. La grâce et la classe de Lake Tahoe provoquent des frissons intenses. Que d'émotions cachées, sous-entendues sur ce titre aux sonorités feutrées, tamisées qui sont superbement travaillées. Sensuel, enivrant et mélancolique, Misty enrobe l'auditeur pour mieux le mystifier. Sa beauté plastique et émotionnelle complexe en fait l'un des petits chef d'oeuvre de l'opus. Fantastique. Wild Man, en référence au mythe du yéti, est le titre par lequel, j'ai été été introduit à cet opus. Le plus calibré, le plus abordable. Il renoue avec l'univers davantage pop qu'onirique de l'artiste. Certainement le moins organique également de l'opus ; il s'avère intéressant et intriguant mais ne colle pas réellement avec le reste de l'opus dans son approche musicale en cause : son côté faussement friendly FM. Cool mais dispensable au final. On reprend le fil de l'album avec Snowed In At Wheeler Street. Je me demande après coup, si j'aurais acheté cet opus si j'aurais su que si Elton y apparaissait. Je n'ai rien contre cette (autre) légende musicale mais par manque d'affinités, je n'ai jamais été séduite par ses travaux (anciens ou récents). Ici, le beau Sir fait preuve d'une sobriété incroyable, que je ne lui connaissais pas, et participe à la réussite de ce superbe duo romantique et flamboyant. Et voici, ces fameux 50 Words For Snow qui sont énumérés par le très grand Stephen Fry. Ce titre électrique, en tous points, s'avère une merveille hypnotique encore source infinie de fascination pour l'artiste qui n'a de cesse de se montrer imaginative. La ballade piano voix Among Angels, faisant office de clôture, pourrait (presque) passer inaperçue au milieu de toute cette opulence. Et pourtant... quelle joie de la retrouver en toute simplicité sur ce titre lumineux qui me donne la chair de poule. Encore de frissons. Un moment dans l'intimité musicale de Kate Bush qui n'a aucun prix. C'est (encore mieux que) de l'or. Autant dire tout de suite que c'est l'une des oeuvres sur l'hiver les plus belles jamais créer.

En général, je n'aime pas les extrêmes mais Kate Bush déchaîne et déchaînera toujours les passions. La vie est comme cela mais je voulais vous faire part de deux critiques qui sont aussi diamétralement opposées qu'intéressantes. D'un côté, celle d'un fan : Jacques Benoît sur Amazon et celle, bien plus nuancée, sur le fabuleux blog The Spookrijder.

Note Finale : 19/20

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50 Words for Snow - Kate Bush



8 commentaires:

Margotte a dit…

J'aime Kate Bush ! Il faut dire qu'elle me rappelle furieusement ma jeunesse... aujourd'hui passée ;-) J'ai écouté en boucle ses albums des années 80 et ne m'en suis pas lassée. J'ai acheté son avant dernier album et ton beau billet avec lequel je découvre le dernier n'appelle qu'une seule attitude : je fonce chez mon disquaire cet après-midi !!!
PS : le premier morceau est tout simplement superbe :-) J'ai envie de l'écouter en voiture, en roulant dans un paysage enneigé du grand Nord ;-)

saab a dit…

@ Margotte :
Merci beaucoup pour ce commentaire, tu fais bien d'aller chez ton disquaire, tu ne sera absolument pas déçue du voyage, bonnes fêtes de fin d'année :)

Fritz a dit…

Kate Bush c'est l'une des artistes que je me disais toujours qu'il faudrait bien que je l'écoute mais je n'ai jamais pris le temps de le faire. Devant les critiques élogieuses de cet album et le thème très approprié pour ce temps de l'année, j'ai eu mon premier vrai contact avec la dame et je suis sous le charme. Et vlan! elle a su réinventer, en quelque sorte, ''l'album du temps des fêtes'. Çà me donne encore plus d'arguments pour aller fouiller dans sa disco. Merci pour les suggestions.

blutch a dit…

J'aime la façon dont tu as parlé De Kate Bush et aussi la façon dont tu parles de son dernier album. Etant un grand admirateur de cette artiste aux multiples facettes je ne peux que glisser l'album dans mon lecteur et lui apporter l'attention qu'il mérite.Car je dois bien l'avouer depuis que je l'ai acheté je n'ai qu'une fois prit le temps de l'écouter. Comme nombre de ses albums parfois il faut prendre le temps d'écouter et réecouter pour en apprécier toute la beauté et la subtilité qu'il contient.
Merci à toi

Lucrecia Bloggia a dit…

Saab!! J'ai adoré!
Je suis une fan des premières heures de Kate Bush. J'étais jeune ado quand je me faisais jouer Wuthering Heights en boucle. Puis Running Up That Hill qui me hante encore. Comme tu le dis, fallait être là à ce moment. Un néophyte ne triperait pas autant, j'en suis sûre.

Mais quel beau cd que ce 50 Words For Snow! Je viens de tout l'écouter avec ravissement bien que je me passerais de Wild Man. Mais bon... la perfection n'est pas de ce monde, mais Kate Bush s'en approche drôlement!

Faut dire que je suis vendue à l'avance ;¬)

Bruno Laliberté a dit…

C'est la Bloggia qui m'envoie...
J'aime bien ce disque. Pour moi, Kate,
c'est The Sensual World, malgre que j'ai aussi son EP sur Gershwin.

Merci de nous tenir a jour.
:)~
HUGZ

saab a dit…

Merci Blutch, Merci Lucrecia, merci Ticklebear pour partager vos impressions , Kate Bush est uen immense artiste, elle a tant apporté et continue à éblouir, cet opus est un petit chef d'oeuvre, une rendez-vous désormais indispensable à se fixer chaque hiver !

Margotte a dit…

J'aime tellement cet album que j'ai même rédigé un billet à son propos... Bon dimanche à toi !

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