2011 - Marie-Jo Thério - Chasing Lydie - Review / Chronique

Je ne la connaissais pas donc je n'attendais rien d'elle. Elle s'appelle Marie-Jo Thério et a sorti en mars 2011 l'une des albums les plus surprenants de 2011. Cette artiste (musicienne et comédienne) est en quelque sorte une vétérante de la musique car elle a commencé il y a un peu plus quinze ans une discographie qui s'avère aujourd'hui aussi intéressante que rare (quatre albums si l'on compte ce dernier Chasing Lydie) mais l'acadienne fait l'unanimité tant auprès de son public que des professionnels qui voient en elle une toute grande malheureusement pas assez présente. Marie-Jo Thério est une artiste avec un grand A car elle s'investit corps et âme sur tous ses projets et ce Chasing Lydie n'est pas un simple disque comme les autres. Non, il a possède à lui seul une histoire, un coeur, une âme.

Lydie en réalité c'est Lydia Lee et il ne s'agit pas d'un personnage de fiction. En réalité, c'est la tante de la mère de Marie-Jo Therio. L'intérêt  de cette Lydie réside en son destin à la fois hors du commun et terriblement obscur. Dans les années 1920's la jeune femme a quitté sa terre natale pour vivre en Amérique une carrière d'artiste. Autant dire qu'elle passait, surtout pour l'époque, comme l'originale de la famille. D'ailleurs en 1968, c'est seule qu'elle affrontera sa propre mort, un destin tragique qui attirera l'attention de Marie-Jo Thério. Étant donné que cette dernière n'a jamais eu l'occasion de rencontrer cette personnalité, c'est sur base d'un travail d'investigation méticuleux regroupant témoignages, quelques vieux 78 tours et documents, le tout agrémenté d'une pincée d'imagination et de créativité, que Mari-Jo Thério a en quelque sorte provoqué cette rencontre/ hommage audacieuse et fascinante.  

L'histoire de Lydie constitue le fil conducteur de ce double album conceptuel qui ressemble à s'y méprendre à une bande originale cinématographique et biographique. Inclassable et original, il mêle réalité (on entend des extraits sonores de cette fameuse tante) et fantasme, cabaret jazz et blues, folk et rock, tout cela dans sous la même bannière. Le résultat étalé sur 25 pistes comprenant des chansons, des bricolages sonores ainsi que des interludes nous rammenant à l'époque des années folles s'avère étonnant, perturbant, désarçonnant, flamboyant, aventureux et émouvant surtout. Nostalgique mais résolument moderne dans sa conception.

Chasing Lydie est un double disque (ou vinyl si vous préférez ce format qui convient parfaitement à ce projet) exigeant, quand on l'écoute pour la première fois, il faut s'accrocher et l'envie de zapper les interludes est tentante (surtout à l'ère du numérique) et pourtant c'est tout ce qu'il ne faut pas faire. Cela s'écoute d'un seul tenant ou cela ne s'écoute pas. Il s'agit d'une oeuvre entière dont les pièces s'assemblent comme un puzzle et vouloir en mettre une en avant par rapport aux autres, c'est risqué de briser la cohésion de l'ensemble. Orchestré avec une finesse extrême et un certain sens du théâtral (de la mise en scène), Chasing Lydie est grandiose et imposant, délicat et pourtant si puissant. Difficile d'en faire le tour tant il est foisonnant. Il s'agit d'une oeuvre d'art à écouter encore et encore pour se convaincre qu'il est possible d'en faire le tour et d'en  saisir toutes les subtilités et aspérités. Pourtant le constat est flagrant après une dizaine d'écoutes : il y a toujours quelque choses à (re)découvrir, un détail que l'on avait pas soupçonné, une émotion que l'on n'a pas saisie à temps. Bref, Chasing Lydie est un voyage musical de cabaret jazz brillant captivant, éblouissant, ardent, sincère et surtout doté d'une richesse qui semble infinie.

Un album à découvrir absolument. Un petit must have de 2011.

Note Finale : 18/20

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