Daniel Lanois a été l'un de mes héros de l'ombre pendant quelques années. Je ne l'ai pas beaucoup écrit (ni crié sur les toits) mais lors de mon adolescence (genre 15/18 ans), j'étais une grande amatrice de U2. Oui, vous lisez bien, en fait j'étais à la limite de la fanatitude mais n'étant pas quelqu'un d'exclusif (dans le domaine musical) cela m'a toujours permis d'avoir le recul nécessaire afin de ne jamais tomber dans la subjectivité aveugle du fan. Daniel Lanois a co-produit (avec Brian Eno) sans doute les meilleurs opus des irlandais : le sous-estimé The Unforgettable Fire (1984), le classique rock The Joshua Tree (1987) et le pop culte Achtung Baby (1991), il a également produit des artistes de renom tels que Peter Gabriel, Bob Dylan, Ron Sexsmith, Emmylou Harris, les Neville Brothers et même Neil Young. Un parcours extraordinaire pour ce québécois d'origine qui a la musique dans la peau depuis toujours.
D'ailleurs, il n'est pas que producteur, il possède aussi une discographie personnelle, c'est un musicien accompli qui garde un enthousiasme intact pour le monde musical malgré ses collaborations prestigieuses. Le long de son parcours, il a fait de nombreuses rencontres musicales plus ou moins durables dont celles avec les musiciens Daryl Johnson (basse) et Brian Blade (batterie) avec lesquels il fait régulièrement de la musique depuis plusieurs années. Ne manquait plus que la chanteuse : Trixie Whitley, fille de feu le grand guitariste de blues Chris Whitley, un ami de Daniel Lanois, pour compléter le super band nommé Black Dub. En général, je suis assez dubitative concernant l'association de plusieurs artistes, ce n'est jamais un bon présage car les égos (le dernier en date Superheavy qui réunissait Mick Jagger, Joss Stone, Damien Marley et Dave Stewart a fait un four retentissant) s'entrechoquent davantage que s'harmonisent.
Black Dub c'est tout autre chose. Premièrement, les artistes qui y sont réunis sont excellentissimes mais sont tous restés relativement à l'ombre des autres : Daniel Lanois par rapport aux artistes produits, Brian Blade de Wayne Shorter et Daryl Johnson d'Emmylou Harris et ensuite parce que justement ces musiciens ont donné la chance à une inconnue du grand public de rayonner en avant plan : la belgo-américaine Trixie Whitley qui est certainement l'un de plus beaux trésors cachés de Belgique. Je vous écris tout de go : Trixie, elle est fantastique, mieux qu'Amy, que Joss Stone, que Selah Sue et toutes autres soulwoman blanche (sau Alice Russell qui reste unique), quand elle chante, elle le fait comme on construit une oeuvre d'art : chaque tonalité est pesée, habitée par la chaleur, la rondeur et l'intensité de sa voix, elle n'en fait jamais de trop et c'est d'une précision à vous couper le souffle. Bref, je ne taris pas d'éloges à son encontre et elle les mérite amplement.
Malgré ce casting de premier ordre, le premier disque éponyme de Black Dub n'atteint pas exactement sa cible. Non qu'il soit mauvais, que du contraire car les sonorités reggae, post rock qui y sont développées sont des plus intéressantes et rafraîchissantes (à défaut d'être foncièrement originales). Le groupe semble s'être enfermé dans sa bulle, les membres prennent à l'évidence beaucoup de plaisir à jouer ensemble, cela se ressent, mais l'auditeur est relégué à la position désagréable de témoin de trop et est rapidement confronté à des difficultés à rentrer dans leur monde malgré la générosité dispensée par le quatuor. C'est un peu dommage car les compositions sont de qualité et l'alchimie des musiciens évidente. Il manque peut-être la petite étincelle pour faire décoller le tout, davantage de cohérence et de consistance à leur projet. En dépit de cela, l'ensemble de l'opus provoque une écoute agréable et un peu décalée due principalement à son ambiance jamaïcaine. A découvrir pour ses musiciens de qualité.
Note Finale : 15/20
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