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lundi 13 février 2012

2012 - Ane Brun - It All Starts With One - Review / Chronique



It All Starts With One by Sabrine Carrein on Grooveshark


Ane Brun est, au même titre qu'Anna Ternheim, l'une des artistes pop/folk les plus exportées de scandinavie. Du moins, c'est l'impression qui ressort de mon point de vue belgo/français. Elle est aussi l'une des musiciennes parmi les plus précieuses toutes scènes musicales confondues de notre espace spatio temporel. Cela pourrait paraître exagéré, pourtant c'est un constat qui me paraît réaliste. L'entendre chanter, c'est tutoyer les anges en sa douce et intense compagnie, son vibrato possède une palette de nuances à faire pâlir les plus grandes divas de la planète, le cristal de sa voix est capable de fendre les coeurs les plus endurcis et de les convertir à sa cause. Ane Brun est un trésor national et cela devrait même dépasser les frontières de son pays natal qu'est la Norvège et de son pays d'adoption qu'est la Suède. En l'espace de dix ans de carrière et de quatre albums studio, un opus de démos  (Sketches, les origines de Changing Of Seasons) et de deux sorties live, Anes Brun est devenue une artiste essentielle, un monde musical sans Ane Brun paraîtrait incompréhensible car son authenticité, sa simplicité et son aura sont devenues fondamentalement indispensables.

Qui peut réellement prétendre ne pas tomber sur son charme en écoutant des titres tels que Humming One Of Your Songs, To Let Myself Go, Rubber and Soul, My Lover Will Go, Such A Common Bird ? Et que dire des chansons qui jalonnent son chef d'oeuvre Changing Of The Seasons (chroniqué et en écoute ici) : ils sont (tous) inoubliables et uniques : My Star, The Puzzle, The Treehouse Song, Don't Leave, The Fall, Ten Seconds, Gillian, Lullaby For Grown Ups, ainsi que sa mémorable reprise du standard de Cyndi Lauper True Colors. Et en live, elle est juste divine, ses concerts toujours parfaits et habités qu'elle se produise dans des petites salles ou dans des espaces plus conséquents comme au Live At Stockholm Concert Hall (chroniqué et en écoute ici). Ane Brun est définitivement une artiste avec un parcours artistique impressionnant : elle respectée par la profession, elle croule sous les éloges, il suffit qu'elle propose une collaboration et c'est comme si c'était chose faite. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur ses duos issus de son troisième opus Duets (des français de Syd Matters au canadien Ron Sexsmith) sa renommée la précédait déjà à l'époque et depuis, elle a fait un sacré bout de chemin en participant même à la dernière tournée pendant un an de Sir Peter Gabriel.


Après la sortie de Changing Of The Seasons et de Sketches (qui reprenait les démos du premier - en s'avérant peut-être encore plus essentiel que sa copie studio), difficile d'imaginer un (nouvel) opus plus réussi, plus abouti. Et en effet, Ane Brun a esquivé les comparaisons avec l'intelligence qu'on lui connaît. Son dernier opus en date It All Starts With One, sorti dans les bacs fin 2011, emprunte si peu les mêmes sentiers musicaux, qu'il est impossible de le mettre en compétition avec son prédécesseur. En effet, Ane Brun s'est quelque peu éloignée du monde de la folk/blues music pour un univers musical plus moderne s'il est possible de mettre une étiquette sur ce nouvel opus. Davantage basé sur les percussions (c'est assez dans le vent depuis que Björn Yttling a révélé Lykke Li et redonner des couleurs pop originales à Anna Ternheim), et produit par Tobias Fröberg (Theresa Andersson, Rebekka Karijord, Asha Ali, Sofia Talvik, etc.), ce nouvel opus est un diamant noir de toute beauté et d'une élégance rare. On pourra noter aussi la présence de la talentueuse violoncelliste Linnea Olsson qui prête ses talents de musicienne et de vocaliste tout le long de l'opus. Les sonorités sont polissées, feutrées, rehaussées par l'omniprésence de percussions et avec comme arrière fond un travail sublime sur les cordes. L'album impressionne, déroute et emballe après maintes écoutes. On se rend compte, au final, qu'il s'avère aussi exquis que divin, qu'une fois de plus Ane Brun, rien que de par sa présence, brille, illumine, transcende les genres musicaux sans forcer, elle chante toujours avec une justesse et finesse rares.

Chacune des dix chansons (de l'édition simple) est confectionnée avec le plus grand soin et la plus grande méticulosité. Prises dans leur ensemble, elles pourront rebuter du premier abord de par leur caractère un peu froid et chirurgical car tout y semble contrôlé, tout sauf cette émotion que dégage Ane Brun, car la musique n'est que là pour mettre en exergue le talent d'écriture et de vocaliste que possède la norvégienne. Le claustrophobe et glacial These Days ouvre l'album sur une note sombre et intense, de quoi étonner l'auditeur qui sera pris de vertige dans le refrain de ce morceau avant de succomber à la douce lumière qui émane du morceau folk planant Words. Un titre ô combien précieux. Worship continue dans cette veine folk à l'ambiance pop/jazz avec un guest de choix en la présence de José Gonzales. Qu'ajouter de plus au sujet de ce magnifique duo ? Qu'il est somptueusement accompagné de cordes élégantes et soyeuses à se damner. C'est par le biais de Do Your Remember, sur lequel Ane Brun est accompagné des soeurs de First Aid Kit, que l'on a été introduit à ses nouvelles aventures musicales. Désarçonnante de prime abord, l'artiste ne nous avait pas habitué à sortir des morceaux aussi légers et orientés up tempo. Pourtant, force est de constater, que c'est rafraîchissant et réjouissant à défaut de plus... d'ailleurs la version en live acoustique est bien plus prenante et personnelle.

What’s Happening With You And Him renoue avec une sobriété, marque de fabrique d'Ane Brun. Ce morceau majestueux et glacé possède une force à la fois tranquille et inquiétante. Puissant avec très peu d'effets. Et puis, on s'envole vers le paradis en compagnie de Lifeline, c'est ce que donne l'impression que l'on vogue parmi des arpèges et une voix d'ange sur cette berceuse dépouillée jusqu'à l'os. Tout simplement sublime, ce moment en apesanteur. Avec en guise des choeurs la douce Jennie Abrahamson, le titre One apporte un aspect théâtral et grave à l'opus. Le résultat sentencieux est terriblement séduisant. The Light From One est ses airs jazzy traîne une mélancolie et une déception magnifiées par une interprétation à fleur de peau et des arrangements atmosphériques. Superbe. En toute légèreté, malgré quelques nuages qui menacent cette belle ballade, Oh Love renoue avec une simplicité et efficacité qui siéent à la perfection à l'artiste mais c'est Undertow (avec encore une fois des backing vocals de luxe en la présence de Ellekari Larsson, la moitié de The Tiny) qui attire l'attention. Ce titre vibrant qui clôt l'album est d'une beauté et intensité célestes. Magistral. Je vous invite, plus qu'ardemment d'ailleurs, à vous procurer la version deluxe comprenant un second disque de huit inédits tout à fait indispensable. Je pense sérieusement qu'il s'avère à la fois plus lumineux et diversifié que le premier. Ane est brillante dans toutes les facettes qu'elle dévoile de façon décomplexée : quand elle reprend avec beaucoup d'émotions Another World (Antony and The Johnsons) ou encore Alfonsa Y El Mar (de Mercedes Sosa), quand elle chante en norvégien sur le lumineux et enveloppant Du Gråter Så Store Tåra ou encore quand elle se lance en live sur l'euphorisant Queen and King façon cabaret saloon. 

Album essentiel, il se pare des habits d'un nouveau habits de chef d'oeuvre.

Note Finale : 19/20  / Note Finale ave cd Bonus : 20/20



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It All Starts With One - Ane Brun











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