Le moins que l'on puisse dire c'est que le retour de la plus anglophone des artistes françaises Emilie Simon a fait couler de l'encre. Enfin, elle doit y être habituée car dès son premier opus Eponyme sorti en 2003, elle s'attirait les foudres de pas mal de médias qui l'accusaient déjà copier Björk (ouais, faut croire qu'avant Björk la musique un peu originale n'existait pas tiens...), les choses ne se sont pas nécessairement arrangées avec Végetal (son deuxième opus solo) mais finalement tout fini bien avec son enregistrement Live A L'Olympia (2007) où on lui accorde enfin un peu de crédit, dixit : Emilie n'est pas qu'une bidouilleuse/copieuse génialemais aussi une excellente artiste en Live, en gros c'est la révélation et je ne caricature même pas. Après 3 ans d'attente en vue d'un troisième opus solo, voici venir The Big Machine qui va encore faire parler les mauvaises pour de bonnes et de mauvaises raisons. Les bonnes : Emilie perd de sa délicatesse, le raffinement des arrangements de ses précédents opus fait place à des morceaux électro pop pétillants. C'est un constat objectif : on aime ou pas son nouveau virage musical très pop mélodique. Je rangerais à la fois dans les bonnes et mauvaises raisons l'argument suivant : le "nouvel" univers musical presque exclusivement anglais d'Emilie fait terriblement songer à la divine Kate Bush. On a la délicieuse (pour ma part) impression de découvrir une nouvelle artiste plus accessible qui a développé de façon merveilleuse sa voix et qui s'aventure sur un terrain inédit pour elle : la pop façon eighties remasterisée.
Fini le minimalisme électro, place est faite sur The Big Machine pour des mélodies pop imparables et une production plus baroque (voir bariolée) riche, dense et plus calibrée. New York a inspiré la jeune femme qui vient de franchir la trentaine, l'éternelle femme enfant fait place à la femme (fatale) tout court qui maîtrise, une fois de plus, de bout en bout (écriture, composition, arrangements et production) son nouvel album avec une petite aide apportée par Graham Joyce et Teitur Lassen et François Chevalier en ce qui concerne l'écriture de certains titres. Le tonitruant et enlevé Rainbow nous introduit d'excellente façon à l'album. Ce morceau excitant au rythme grossièrement effréné est très entêtant de par son très bel instrumental. Dreamland est le fameux premier single par lequel Emilie nous a introduit à son évolution musicale. Plus Kate Bush que nature, ce single synthétique est une petite merveille qui rend addictif très rapidement. Et que dire Nothing To Do With You qui est d'un point de vue lyrique brillant : impétueuse, libérée, on redécouvre une Emilie capable de faire passer de belles émotions. L'élève a presque pris le pas sur le maître... Chinatown est sans doute le morceau que j'ai le plus écouté à l'heure actuelle, non parce qu'il est meilleur que les autres pistes mais j'ai un vrai coup de coeur pour ce morceau électro/pop au refrain et à l'ambiance envoûtantes. Le rythme ralentit et le ton se fait plus doux avec The Ballad Of Big Machine. Ce morceau très attachant montre une fois de plus les qualités de vocalistes exceptionnelles de la jolie Emilie. The Cycle renoue avec l'électro aérien avec une touche asiatique exquise. Les aigus d'Emilie sont orgasmiques. dans une moindre mesure Closer me convainc légèrement moins, un peu too much avec les effets de voix proches du vocoder (que je déteste foncièrement) mais l'ambiance sensuelle est pas mal au même titre que l'instrumental. Davantage piano-voix qu'électro pop The Devil At My Door est un petit bijou de poésie. Nous avons encore droit à une pépite sous la forme de Rocket To The Moon avec son petit côté big band vintage mêlé d'une ambiance pop noire. Un must. Fools Like Us est une "ballade" transcendée par une ambiance étrange, un peu sombre. Superbe. The Way I See You et This Is Your World proposent des arrangements ambitieux et complexes qui nous font dire que l'Emilie aventureuse et bricoleuse est loin d'avoir disparue ou d'avoir cédé à la facilité. De petits bijoux.
Nouvel album détonnant. Au programme : de belles mélodies, Un feu d'artifices de sonorités et une voix qui se révèle dans les hauteurs aigues.
Emilie Simon - from michael merron on Vimeo.
HibOO d'Live : Emilie Simon "Ballad of the Big Machine" from Le-HibOO.com on Vimeo.
3 commentaires:
Ça me fait vraiment plaisir de lire cet article parce qu'on est pas tant que ça à avoir défendu cet album ;)
http://www.playlistsociety.fr/2009/09/emilie-simon-big-machine-8510.html
@ Benjamin:
Oui, je crois qu'on sera quasiment les seuls avec Lesinrocks à avoir aimé cet album très pop mais brillant.
C'est vrai ça fait plaisir !
Cet album est fabuleux, tout simplement...
Enregistrer un commentaire