2010 - Halie Loren - After Dark - Review / Chronique - Jazz et vocalises font si bon ménage en compagnie de la délicieuse Halie Loren

Affirmer que je suis sous le charme de la divine jazzwoman Halie Loren est le moins que l'on puisse remarquer. En 2009, je chroniquai son très bon premier album jazzy They Oughtta Write A Song... (2008) et son album consacré à la période des fêtes de fin d'année Many Times, Many Ways - A Holiday Collection (2008), un des rares albums, consacré à ce thème, qui trouve grâce à mes yeus. Elle avait présque réussi à me réconcilier avec cette période qui n'avait jamais représenté à mes yeux qu'ennui familial et consumérisme à outrance. Cependant, 2010 semble être l'année de l'éclosion au niveau international de la très belle américaine. Avec déjà à son actif un album live exceptionnel Stages, Halie Loren revient avec un nouvel album After Dark qui est apparu, à ma plus grande surprise, en novembre 2010. Artiste indépendante, à la tête de sa maison de production White Moon, elle s'est fait remarquée par une major japonaise JVC/Victor Entertainment qui l'a aidée à réédité ses albums dans le pays du soleil levant, ceci constituant une nouvelle étape importante dans la carrière d'Halie Loren, laquelle est devenue en quelques mois une chouchoute dans ce pays amoureux du jazz vocal féminin.

Deux albums en un an, le timing est serré mais après Stages, After Dark s'impose comme sa création la plus délectable : l'atmosphère est plus légère (comme le présage le titre de l'album) et la production, si elle s'avère plus glamour et travaillée, garde assez de chaleur et  de simplicité afin de ne jamais faire de l'ombre à la vedette de l'album : la somptueuse voix cristalline d'Halie Loren. En effet, cette dernière ne cesse d'améliorer ses capacités vocales et la qualité de ses interprétations. On la sent désormais sure, libérée et perfectionniste, comme si elle avait désormais trouvé sa voix et qu'elle s'y investissait de toutes ses forces. Toujours entourée de son associé de longue date, le pianiste Matt Treder, du bassiste Mark Schneider, du guitariste Chris Ward et du percussionniste Brian West, Halie Loren partage avec ces gentlemen le goût pour la bonne musique revisitée avec élégance et dynamisme. After Dark devrait être l'album de la consécration pour sa créatrice. Au-delà qu'il soit le plus abouti à ce jour, il permet à Halie Loren de chanter en anglais, en français et en portugais à la perfection et de retracer les contours de certains standards du jazz et de la musique populaire d'avant et d'aujourd'hui, la sélection finale du tracklisting étant à la fois classique et audacieuse.

Le titre éponyme After Dark, écrit par le couple de Nashville Rick et Jane Carnes, ouvre l'album sur une note sobre, enveloppante et sensuelle. On ressent déjà les premiers frissons de ce morceau brûlant et théâtral. Le classique Waters Of March reçoit un traitement qui le renouvelle quelque peu, il paraît désormais plus posé et intimiste, les passages au piano sont particulièrement beaux et aériens. Un vrai plaisir de le redécouvrir. Excellent. Gray To Grand est une composition originale d'Halie Loren. Cette ritournelle vaporeuse et gracieuse possède une charme rafraîchissant, ensoleillé et entêtant. Et puis, que dire des aigus d'Halie Loren ? Ils attisent les sens tout simplement. La Vie En Rose, oui le morceau immortel de Piaf, permet de redécouvrir une Halie Loren vulnérable et émouvante dotée d'un accent irrésistible. Le résultat est à la hauteur des espérances. Thirsty est la seconde et dernière composition originale de l'américaine. La douceur de ce morceau de bossa nous emmène directement le long de plages au sable fin et doré et représente une bulle d'air, une bouffée d'oxygène en plein coeur de cette saison froide.

Bye Bye Blackbird bénéficie d'une relecture colorée et enlevée façon piano bar. Enchanteur. Ode To Billy Joe de Bobby Gentry constitue l'une des plus belles surprises de l'album. Cette ballade folk s'est transformée en savoureux morceau jazz/soul sexy. A se damner sur place. Tango Lullaby est une séduisante ballade veloutée qui navigue plutôt dans des teintes crépusculaires au contraire du léger et romantique Beyond The Sea, ce standard suranné est magnifié par Halie Loren et son partenaire musical John Shipe. Toujours plongée dans le dans le romantisme mais davantage rêveur, Halie Loren garde intacte l'élégance et le lustre qui caractérisent In A Sentimental Mood. Délectable. La bonne humeur diffusée par Happier Thant The Morning Sun de Stevie Wonder irradie tant de la part de son interprète que de ses musiciens. Un met enthousiasmant. Give Me One Reason de Tracy Chapman bénéficie d'arrangements jazzy qui lui donne un aspect velouté et sensuel à souhaits. Superbe. Paradisiaque, ensorcelant, la ballade It's You offre un moment de songe si relaxant qu'il sera difficile d'en s'échapper. Le charme d'Halie Loren a frappé unE fois de plus. La première fois que j'ai lu que Time To Say Goodbye figurait dans la tracklisting de l'album, j'ai cru à une erreur, ce morceau dégoulinant popularisé par Bocceli m'a toujours donné de l'urticaire. Cependant, je dois admettre que la version acoustique d'Halie Loren et du guitariste Jack Jezzro est exquise et de très bon goût. Joni Mitchell a toujours été une source d'inspiration pour Halie Loren alors quoi de plus normal que de reprendre l'un de ses morceaux ? La reprise lumineuse de Carey constitue ainsi un très bel hommage. Une fin parfaite.

Un album de jazz vocal, ticket pour un aller simple au paradis.

Note Finale : 16,5/20

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