C'est déjà ma troisième chronique concernant la discographie prolifique d'Emily Jane White en l'espace de trois petites années. J'ai suivi sa carrière depuis ses débuts bouleversants avec Dark Undercoat (2007/2008), à son second album Victorian American (2009) contesté, par la plupart, de par sa redondance musicale manifeste mais qui reste adoré pour ma part et maintenant la demoiselle vient de sortir en novembre 2010 sa dernière création Ode To Sentience. Je ne savais plus si je disposais d'assez de matériel en réserve pour écrire au sujet de cette jeune californienne jusqu'à ce que je me rende compte que ce nouvel opus qu'est Ode To Sentience était mon préféré de tous et cela dès la première lecture. Quelles en sont les raisons ? Il renoue avec la sobriété de Dark Undercoat tout en conservant certains aspects de la richesse instrumentale développée sur Victorian American (sans le côté un peu trop guindé qui caractérise manifestement ce dernier) et cerise sur le gâteau, Emily Jane White nous séduit en nous concoctant à l'occasion des ambiances plus légères, insaisissables et lumineuses qui n'en sont que plus touchantes et étourdissantes.
En effet, je lis, sur la grande majorité des articles consacrés à ce nouvel album, qu'Emily Jane White fait du Emily Jane White, que cet Ode To Sentience n'apporte rien de plus à son univers folk ultra classique. Franchement, ce type de constatation me laisse grandement perplexe. Qu'y avait-il de lumineux sur son premier opus et de léger sur son second ? J'aimerais qu'on me le dise car j'ai réécouté les trois albums à la suite et je ne peux que constater l'évolution musicale d'Emily Jane White, cela reste certes de l'ordre du subtil mais néanmoins du notable, elle n'évoque plus réellement Cat Power (même d'un point de vue des vocalises) et ne fait même plus songer à Alela Diane. Non, Emily Jane White arrive définitivement à se départir de toutes références pour s'ériger désormais comme l'une des toutes grandes folkeuses de cette dernière décennie (et on en attend pas moins pour la prochaine). Ode To Sentience est l'album le plus aisé et agréable à écouter de la demoiselle avec les bonus suivants : la composition et le songwriting de la musicienne n'ont jamais été aussi subtils et matures, n'en déplaise aux amateurs de la première heure qui voudraient la voir replonger, sans cesse, dans les méandres de la splendide noirceur qui transcendait Dark Undercoat.
Ode To Sentience s'ouvre sur une une ballade élégiaque Oh Katerine soyeuse, émouvante et désespérément belle. Une introduction qui ne dépareille pas avec ses travaux précédents. Superbe. The Cliff est un premier choc, ce single, sombre dans ses propos mais gracile et d'une simplicité confondante sur la forme, s'impose au fil des écoutes comme une merveille americana. C'est le genre de titre qui ne vous quitte plus dès le premier contact auditif. Black Silk, premier petit chef d'oeuvre de l'opus, est un morceau folk pastoral d'une fluidité et douceur mélancolique dans lesquelles il s'avère délectable de s'y noyer. On se laisse captiver, hypnotiser par la troublante voix d'Emily Jane White. Un chef d'oeuvre en appelle, de temps en temps, un ou plusieurs autres à sa suite et cela convient parfaitement pour pour qualifier la resplendissante et frissonnante ballade qu'est Black Silk ainsi que le crépusculaire, ascétique et tourmenté I Lay To Rest (California). Le vrai talent d'Emily Jane White est de faire des chansons qui s'avèrent beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît : Clipped Wings en fait partie. Au départ, toute simple, elle se pare au fur et à mesure de son évolution d'une instrumentation plus riche et d'ambiances sophistiquées à mi-chemin entre folk moderne et musique classique. Qu'il est bon de s'enfoncer dans des atmosphères plus sombres et intenses comme le propose le brillant The Preacher avant de remonter à la surface et de se laisser bercer par la ritournelle désenchantée The Law. Requiem Waltz renoue avec une instrumentation ténébreuse, baroque, presque étouffante. Cette dernière traverse ce morceau d'une grande élégance et même de douceur apportée par la voix d'Emily Jane White. A la surprise générale, l'album se clôt sur Broken Words un morceau country très caressant et aérien. L'ombre de Patsy Cline n'est pas loin...
L'album est un must absolu et requiert des écoutes attentives avant de juger. Un des meilleurs de 2010 sans l'ombre d'un doute.
Note Finale : 20/20
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5 commentaires:
Je reviens sur le passage où tu dis que tu ne comprends pas pourquoi tout le monde dit qu'elle continue à faire du Emily Jane White. Il faut dire ce qui est, si on ne procède pas à des écoutes attentives répétées, l'évolution n'est pas flagrante. Cependant je te suis et c'est vrai que j'ai trouvé aussi qu'elle avait changé. J'y voyais dans ma chronique plus de la spontanéité que de la luminosité mais je pense qu'on a ressenti la même chose.
Hello Saab, and thank you for your wonderful review. It has made me go back and listen carefully to all 3 albums and rediscover this wonderful artist.
Regardez et bizz
@ Spiroid : tu est le seul à avoir écrit un article nuancé sur EJW, merci cela fait du bien de ne plus se sentir trop seule, en effet, je pense que les chroniqueurs en général ne se fondent que sur leurs premières impressions, impressions qui peuevtn être trompeuses :-(
@ Fulltext : thank you for you wonderful work :-)
The hypnotic guitar from Clipped Wings makes me feel Emily Jane White now reaches full maturity...
Congratulation you can appreciate such an artist...
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