Pour présenter la musique de Sharron Kraus, on peut utiliser le titre d'une de ses chansons : "Dark Folk Music For The New Millenium". Ce raccourci paraît imbattable sur sa forme et résume parfaitement en quelques mots ce que m'inspire la musique de l'anglaise. Cette musicienne n'est à pas à priori un coup de coeur malgré sa somptueuse voix haut perchée. Je suis son parcours depuis quatre ou cinq ans et avais beaucoup apprécié The Fox's Wedding (2008). Cependant, je n'avais jamais vraiment approfondi sa discographie, et les rares fois où j'avais tenté l'aventure, je trouvais sa musique magnifique mais n'arrivais pas à m'immerger totalement dans son univers folk/médiéval somme toute assez rugueux et ascétique bien que merveilleux. Lorsque j'ai appris la nouvelle de la sortie de son nouvel opus en novembre 2010, j'étais impatiente de retenter la redécouverte. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçue du voyage.
Il apparaît néanmoins une gageure de parler de The Woody Nightshade tant l'écoute de cet opus se vit comme une expérience cérébrale intense. Il se définit comme féerique, ésotérique, fascinant, débordant de ce charme intemporel uniquement associé aux grands albums qui traverseront les décennies sans prendre une ride. Il se situe à dix milles lieux des attentes d'un grand public frénétique ou des envies de sang neuf des webzines toujours en manque de chair(e) fraîche. Il s'agit juste d'un album exceptionnel qui aurait pu faire éclore Sharron Kraus au-delà d'une cercle encore trop restreint de connaisseurs mais hélas le temps semble desservir cet opus qui, cinq mois après sa sortie, reste encore trop méconnu pour des raisons encore bien mystérieuses.
Alors que ses anciens travaux dont The Fox's Wedding avaient reçu pas mal de critiques élogieuses dans les pays francophones, The Woody Nightshade compte parmi les albums les plus honteusement oubliés de l'année 2010. Trois, je dis bien trois, uniques (mais très bonnes) chroniques sont disponibles sur le web francophone, sur les sites de Jecoutedelamusiquedemerde, Little Reviews et The Beauty Of Sadness. C'est à peine mieux chez les anglophones. Ceici est totalement incompréhensible car bien qu'il soit relativement difficile d'accès (même si moins que ses anciennes oeuvres par ailleurs), The Woody Nightshade offre une vue imprenable sur un univers musical folk d'une richesse et beauté sidérantes. S'il requiert du temps afin d'en apprivoiser toutes les subtilités de son raffinement extrême il est très aisé d'écoute, et on tombe aisément amoureux de son magnétisme au visage terriblement humain, sincère et proche de la nature. Alors, vous n'avez d'autre choix que de succomber et de vous noyer dans l'enivrant dark folk saupoudré de magie et de psychédélisme de cette très grande dame du folk anglophone encore outrageusement snobée. On ne peut pas faire un tel affront à un si grand album.
The Woody Nightshade : must have absolu de 2010.
Note Finale : 18,5/20
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5 commentaires:
On va gagner cette croisade, tu verras. Godfroid de Bouillon quand il est parti de Belgique, y avait pas grand monde. Mais le cortège s'est complété au fur et à mesure...
Mais que je suis c...
;-)
@ Mmarsupilami :
J'adore ton humour :-)
De toute façon, on le redécouvrira un jour ou l'autre, il n'y a pas (encore) à désespérer :-)
J'adhère ! Nous sommes peu nombreux mais le nombre ne fait pas la qualité... ;-)
moi j'aime pas du tout ce genre de folk neurasthénique et chichiteux. Bouhhhh pas beau. ;-)
@ Margotte et Myrrhman :
je suis bien contente qu'elle ait fait de si bon adeptes de sa musique. Vive Sharron !
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