Je me souviens encore parfaitement du moment où j'ai lu le premier article sur Laura Marling c'était sur le site LesInrocks vers ma mi-avril 2008 qui la qualifiait de " vraie révélation féminine anglaise de l’année ". Après quelques recherches j'ai trouvé des sons mais rien ne s'était passé à ce moment-là, je ne pourrai jamais expliquer ce froid, j'étais juste à côté de la plaque... Deux semaines plus tard Raph sur son site exceptionnel PepperSounds en parlait comme l'un de ces coups de coeur et ensuite Jess en parlait également sur son site Le Petit Monde De Jess sous forme également de coup de coeur. Et je me suis posée les questions suivantes : Suis-je passée à côté de quelque chose ?, Qu'est-ce qui cloche chez moi ? La réponse était simple : je n'avais pas pris la peine de découvrir sa véritable nature : son folk qui n'a rien d'étincelant (au premier abord, bien entendu) se doit d'être d'écouter sereinement, presque pieusement car sa simplicité et sa pureté ne font pas ménage avec une écoute distraite qui plus est dans de mauvaises dispositions. Donc si vous êtes pressé, revenez plus tard pour la découvrir...
Agée de 17 ans lors de l'élaboration studio de cet album, cette jeune anglaise fait preuve tout au long de l'opus d'une maturité saisissante autant du point de vue de son chant (léger, simple et plein de nuances) que de ses textes (des pépites) qui font preuve d'une lucidité à laquelle on ne s'attend pas à si jeune âge. Et ce qui n'est pas pour me déplaire est que Laura possède un très joli brin de voix à l'image de son folk doux et hanté qui se déploie, enchante au fil des écoutes que nécessite cet opus afin d'en saisir (un bien grand mot) sa complexité et sa richesse.
Ghosts ébloui d'entrée et démontre l'étendue du talent de songwriting de Laura : cette chanson sur les fantômes d'anciennes relations amoureuses fait preuve d'une belle lucidité : Lover, please do not/Fall to your knees/Its not/Like I ever believed in/Everlasting love. C'est plutôt rare une jeune fille déclamer de tels mots : elle ne croit pas en l'amour éternel... un cynisme loin des clichés véhiculés sur la bande F.M. Cette chanson qui débute tout doucement gagne en intensité tant du point de vue du chant que de ses très jolis arrangements. Une pépite de douceur et de simplicité. Old Stone est un morceau doux et sobre hanté par une légère mélancolie. Simply wonderful, j'ai de suite accroché à ce charmant morceau, je suis bouleversée à chaque écoute. Tap At My Window est un autre de mes coups de coeur : une ballade à l'accent folklorique particulièrement présent. Laura nous inonde de sa grâce et de sa luminosité. Parfait.
Cependant Laura Marling ne brille pas uniquement que dans la sobriété ou le mélancolisme la preuve avec Failure qui possède un tempo plus léger : des arrangements discrets et élégants apporte un (léger) dynamisme qui se différencie des deux précédents chansons qui lorgnaient du côté d'un beau folk contemplatif. You're No Good relève définitivement le tempo : léger et délicieux ce morceau est capable de mettre de bonne humeur le plus bougon d'entre nous. Un rayon de soleil qui ravit les oreilles. Cross Your Fingers possède un refrain qui ne devrait laisser personne indiffèrent : très catchy, je peux, sans prendre de risques notables, qu'il s'agit de l'unique chanson qui se rapproche de la pop sans pour autant perdre de son âme folk. Un bijou. Crawled Out The Sea (Interlude) est une pépite qui possède le seul défaut d'être beaucoup trop court. Un petit air de musique tzigane (et pitié, arrêtez de citer Beirut ou DeVotchka ils ont tout pompé sur Goran Bregovic) survole cet interlude.
My Manic And I : il s'agit du premier contact audio que j'ai eu avec la demoiselle et qui a échoué... je trouvais cette chanson trop bavarde, il faut quand même le faire... avec le recul je me rends compte de mon erreur : cette chanson est un highlight à tous points de vue : des paroles inspirées et matures, le chant de sirène de Laura et des arrangements superbes. Une autre pépite à écouter religieusement. Night Terror est la chanson qui m'a permis de redécouvrir Laura et reste à ce jour ma préférée : sombre, mélancolique, presque mystique, à chaque écoute des frissons parcourent mon épine dorsale. Laura est émouvante et donne une de ses meilleures interprétations toute en nuances et les arrangements sont somptueux. Je n'ai pas peur d'affirmer que c'est un petit chef d'oeuvre.
The Captain And The Hourglass : ce morceau de folk classique nous plonge dans l'univers de Laura avec une facilité déconcertante. Une mélodie imparable, des arrangements dépaysants. Cette chanson se caractérise par sa grâce et sa simplicité. Si peu d'effets pour arriver à nous immerger dans cette magnifique chanson. Magique. Shine est une chanson dépouillée, acoustique sur laquelle Laura pose de façon intelligente son joli brin de voix, le résultat est tendre et émouvant. Your Only Doll (Dora) est une chanson paradoxale : des paroles dures, un rythme d'une douceur paradisiaque, le tout sur fond de chants d'oiseaux. Une chanson qui mérite une petite larme en guise de remerciements devant tant de beauté.
Je pourrais, eu final, qualifier de criminel le fait de passer à côté de cet album pour les amoureux de folk music. Je ne pourrai jamais assez remercier Raph et Jess de m'avoir permis de découvrir une artiste folk de premier plan. Alas Cannot Swin est un album parfait constellé de douze comptines qui telles des étoiles font travailler notre imaginaire. Son folk pur, diaphane et brillamment construit devrait concourir sans peine à l'album folk de l'année (Emily Jane White doit véritablement trembler) au sein des magasines hype, s'ils prenaient la peine de jeter un coup d'oreille. D'ailleurs, elle vient d'être nominée au Mercury Music Prize de 2008, peu de chance pour elle d'obtenir le prix pour son opus (vu le consensus presque douteux qui semble se figer comme du béton pour In Rainbows de Radiohead) mais bonne chance à elle ou au couple Alison Krauss & Robert Plant mes chouchous.
18/20 : un folk pur, simple, classique mais lucide mené de main de maître par une jeune fille à peine majeur. Elle fait déjà partie des plus grandes.
8 commentaires:
c'est clair que c'est une véritable révélation ! Elle fut mon coup de coeur folk de ce début d'année.. et je dois avouer que je l'écoute toujours avec un plaisir immense ! Compos à la fois entrainantes et touchantes... Magnifique.
J'ai acheé cet album il y a quelques temps et j'avoue ne pas l'avoir écouté souvent...j'avais été très emballée par "Night Terror" et "My manic and i", mais le reste..faudrait que je me repenche sur le cas Laura Marling...par contre dommage que ne fugurent pas sur cet album 2 excellents titres "London Town" et "New Romantic" que je te conseille vivement d'écouter si ce n'est pas déjà fait bien sûr :-)
@ Eric :
je suis très contente de te voir sur mon blog, tu es une référence pour moi et tu fais toujours un boulot extra avec de belles découvertes à la clef ;-)
@ Sappho :
il faut vraiment déguster cet opus, pas toujours évident avec la vie de fou que l'on mène mais c'est hélas la vérité et il existe des albums qui se révèle au fil des écoutes et celui-là en fait partie mais une fois qu'on y est accroché c'est magique. Toujours très contente que tu mettes un com' c'est vraiment sympa et très plaisant.
je suis en train de l'écouter et j'ai bien accroché à sa voix et comme a dit Saab, sa musique est simple et maitrisée
après écoute de son album, je ne m'en lasse pas! un coup de cœur! merci saab, je l'achèterais
.... merci à toi, de dire tant de bien de mon modeste blog , c'est touchant tout ça... et du coup , je suis très heureux de t'avoir encouragé à découvrir ce disque... moi c'est Jess qui m'en a parlé la première... et Jess à l'oreille fine... :-) ...autre chose , je part de nouveaux quelques jour , donc il se peut que j'envoie des "articles" , dans ce monde moderne tout est possible... par contre j'aurai peu de temps pour venir chez toi.... voilà , comme ça tu sais que ce n'est pas bouderie de ma part... :-) je me rattraperai à mon retour ... promis !!!
Bonjour Saab, Laura Marling, Laura Marling ... Qu'en dire à part un "oui, mais ..."?
J'ai écouté le disque une seule fois il y a déjà plusieurs mois et ne l'ai pas trouvé spécialement emballant.
Oui, c'est parfaitement maîtrisé, c'est beau, c'est bien chanté, ..., mais j'en reste à distance. Je trouve qu'il manque une véritable émotion pour créer THE différence, au contraire de celui d'Emily Jane White qui me fait dresser les poils des bras sur toute sa durée, tout comme le formidable Krauss /Plant.
Je trouve le disque un peu trop "fait", sa production cherchant peut-être à être trop parfaite.
Ceci étant dit, la moindre de ses chansons est bien mieux que l'intégrale de Radiohead ;-)
Et comme mon avis ne s'est forgé qu'après une seule écoute, je lui donnerai une "seconde chance" sans hésiter.
Merci en tout cas de présenter des artistes sortant du "commun" !
Ravie que ça te plaise.
Excellent article, comme à ton habitude :o)
(il me fait rire Raph avec son "modeste blog" !!)
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