2010 - Jimmy Gnecco - The Heart - Review / Chronique - La révélation masculine de la fin 2010

L'achèvement d'une année ne m'a jamais semblé aussi palpitante, j'accumule les découvertes musicales les plus marquantes de 2010 et Jimmy Gnecco représente au-delà de la découverte, une révélation à part entière. Depuis quelques mois, le buzz mérité autour de sa personne enfle peu à peu, j'ai été subitement contaminée et espère que vous le serez à votre tour. Cet artiste torturé possède l'une des plus belles voix masculines - en mode falsetto - qu'il m'ait été de rencontré ces dernière années. Proche artistiquement et vocalement parlant de Jeff Buckley (qu'il rencontrera d'ailleurs brièvement avant sa disparition) ou de Rufus Wainwright, il (a) fait partie du groupe pop/rock alternatif Ours (dont le contenu musical ressemble - en moins grossier - à Muse) qui a enregistré trois albums de bonne facture :  Distorted Lullabies (2001), Precious (2002) et Mercy (Dancing for the Death of an Imaginary Enemy) (2008).

Non seulement Jimmy Gnecco possède une voix époustouflante, apparue pour faire chavirer les coeurs féminins et masculins, précise et bouleversante mais il se révèle surtout un artiste torturé, habité par ses propres démons (enfance difficile, vie sentimentale particulièrement tumultueuse qui atteint ses heures les plus noires suite au suicide de sa petite amie en 2002 ce qui lui vaudra de ressentir un sentiment de culpabilité longtemps insurmontable) et il en ressort un écrivain à la plume sensible, humaine, poétique et foncièrement attachante. Dédié à sa maman, The Heart, sorti en juillet 2010 sur le sol américain, est le premier album solo du jeune musicien américain. Écrit, autoproduit, entièrement arrangé et joué par ses soins, ce nouvel album s'impose comme l'oeuvre la plus acoustique, délicate, intense et personnelle de ce très bel artiste qui se met à nu et offre son coeur comme jamais auparavant.

L'album évite tous les clichés liés à ce genre d'albums "personnels et intimistes" : une succession de ballades au pathos qui sentent la manipulation émotionnelle. Quand on écoute Jimmy Gnecco, on ressent une émotion brut et sincère, il y a  même de la chaleur dans son chant élégiaque, il n'essaie pas de faire pleurer dans les chaumières mais tente de nous faire partager ses espoirs, ses déceptions, ses expériences, ses désillusions toujours avec simplicité et dignité. Oscillant entre ballades incandescentes et poignantes (l'émouvant Rest Your Grave qui évoque sa mère, le frissonnant et intimiste jusqu'à la moelle - l'une des plus belles ballades de 2010 - Light On Your Grave, le lumineux et mélancolique Mystery, le lyrique Days, I Heard You Singing, un bel hommage nuancé à Jeff, le gracieux et angélique Take A Chance, le sublime morceau acoustique Darling, le baroque Patiently Waiting, l'apaisant It's Only Love et le crépusculaire Talk To Me) et titres rocks empreints d'une belle énergie (le taping magnifique sur The Heart, le single addictif Bring You Home ou encore le léger et très pop Patiently Waiting) The Heart se révèle être un album déchirant et profondément humaniste, l'écrin idéal pour mettre en lumière le talent spectaculaire de Jimmy Gnecco. On est pas prêt de s'en remettre.

Note Finale : 18/20

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