2012 - The Little Willies - For The Good Times - Review / Chronique

Je l'aime depuis ses tous débuts, je suis tombée en pâmoison pour sa voix d'un velours délicat et subtil, je me souviens encore à quel point son premier opus Come Away With Me avait fait l'objet d'un matraquage médiatique démentiel, personne n'était d'accord sur elle, tout le monde s'embrasait pour elle, tout le monde la détestait. Difficile encore d'expliquer le phénomène Norah Jones même dix ans de recul, après ses débuts officiels. Pourtant ses détracteur ont été nombreux mais je ne savais pas que signer sur un label aussi respectable que Blue Note était gage de pactole, ni qu'un premier opus aussi pur, charmant, magnifique qu'inoffensif à l'image de Come Away With Me pouvait avoir la capacité miraculeuse de s'écouler à plus de vingt millions d'exemplaires sur base d'un coup de marketing de génie. Il faut bien l'avouer, avec tout l'amour que je porte pour elle, qu'il y aura, de façon incompréhensible je n'en disconviens pas, un avant et un après Norah Jones

C'est vrai : combien de nouvelles venues n'ont-elles pas souffert de sa comparaison, en raison des médias faisant souvent des parallèles, par facilité afin d'attirer le lectorat pas très connaisseur, combien ? Pourtant, Norah Jones n'a absolument rien révolutionné, elle a juste réalisé l'impensable depuis quelques décennies : ouvrir au grand public une porte sur l'univers du jazz,  depuis un moment réservé à une certaine élite pensante, suivant de près Diana Krall. Certes, le jazz mâtiné de pop mais le jazz quand même. Depuis, Norah Jones a gagné (plus que) haut la main sa légitimé en sortant des albums impeccables et par le biais de collaborations avec un large panel d'artistes allant de Ray Charles à Outkast en passant par Willie Nelson et Danger Mouse. Cependant, si Norah Jones n'a jamais craché sur son succès initial, qui s'est surtout concentré sur ses deux premiers opus le jazzy Come Away With Me (2002) et le country Feels Like Home (2004), au fond, je suis sure qu'elle voulait et veut toujours  juste faire de la bonne musique en toute insouciance.

Preuve en est : en 2003, avec quelques-uns de ses partenaires musicaux les plus proches : Richard Julian (guitare, chant), Lee Alexander (basse), Jim Campilongo (guitare) et de Dan Rieser (batterie), elle a fondé The Little Willies sans mettre son nom en avant sur la jaquette de leur opus éponyme sorti en 2006 dans l'optique de le rendre bankable. Non, elle ne voulait pas faire croire qu'elle proposait un opus personnel à sa "fanbase" mais plutôt une sorte de jam session réalisée entre amis de longue date. Ceux-ci reprennent des standards de la musique country de préférence,  au travers d'un premier opus éponyme (2006) et de ce second, résumant parfaitement l'esprit du disque et du band, For The Good Times sorti au tout début janvier 2012.

Les membres, de fervents admirateurs de Willie Nelson, apprécient le côté dynamique et chaleureux de la country au travers de morceaux énergiques (le brûlant et superbe Diesel Smoke, Dangerous Curves de Cal Martin, le parfaitement maîtrisé Fist City de Loretta Lynn, l'entraînant et irrésistible Wide Open Road du légendaire Johnny Cash)  et puis il y a  également (surtout ?) les heartbroken ballads (Remember Me de Scott Wiseman, le tranquille et charmant Lovesick Blues d'Irving Mills et Cliff Friend, le poignant Permanently Lonely du grand Willie, le nostalgique et enchanteur For The Good Times de Kris Kristofferson, la sublime revisite par Norah de Jolene de Dolly Parton dont on ne se lasse) sans compter quelques petites friandises qui sortent des sentiers battus comme le smoky et le sexy Foul Owl On The Prowl de Quincy Jones.

For The Good Times n'est pas un album de Norah Jones (d'ailleurs elle partage sur plusieurs morceaux les vocalises avec le guitariste Richard Julian), il s'agit du projet d'un quatuor qui prend le temps de s'amuser et de nous faire partager leur amour de la musique. Un album réjouissant, sans prétention, très agréable à l'écoute et très bien foutu. Pour le nouveau Norah Jones, il faudra attendre  le 30 avril prochain avec la parution de Little Broken Hearts fruit de sa collaboration avec Danger Mouse.

Note Finale : 16/20

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