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vendredi 27 avril 2012

2012 - Petra Jean Phillipson - Notes On : Death - Review / Chronique





Notes On Loves by Sabrine Carrein on GroovesharkCe que je déteste par dessus-tout lorsque je lis les chroniques d'albums ce sont les rapprochements intempestifs avec d'autres artistes, "un tel fait penser à un tel", loin de moi l'idée d'affirmer que je n'aie jamais eu recours à ce genre d'argumentation mais j'essaie le plus possible de ne jamais tomber (de trop) dans la facilité. Et, si je le fais c'est parce que je le pense sincèrement et non pour gagner un lectorat ou pour étoffer superficiellement mes écrits. J'ai découvert Petra Jean Phillipson il y a déjà de cela près de cinq ans au travers de son premier opus Notes On : Love (2005). En faisant quelques recherches sur cette prodigieuse musicienne, j'ai été assez surprise de constater que la seule chose qui intéressait les chroniqueurs était de la comparer à Nick Cave (dont elle reprend le fabuleux Into My Arms) ou encore de faire le malin en déclamant que sa musique avait des connexions avec une autre PJ, aussi banal que lourd. Personnellement, je ne suis pas fan de Nick Cave, c'est un Dieu pour beaucoup tant mieux, je ne critique pas, je comprends même et en ce qui concerne PJ Harvey, je l'adore... dans le cadre de quelques albums pas dans l'ensemble de sa discographie. Aucune chance pour moi de comparer Petra avec ces deux artistes qu'elle doit très certainement respecter. Non, Petra Jean Phillipson ne mérite pas cela, que l'on écrive sur elle uniquement parce qu'elle évoque un tel ou un telle autre. L'anglaise est une artiste extraordinaire et tellement sous-estimée que cela en est effarant. D'ailleurs, alors que je n'apprécie pas plus que cela LesInrocks, ils ont cité Billie Holiday et Karen Dalton comme liens de parenté et cela semble autrement plus pertinent.

Quand on écoute Petra Jean Phillipson, sa façon d'habiter, de vivre ses compositions est tout simplement ahurissant, digne des plus grands artistes qui ont foulé notre Terre. Cette "jeune" débutante de 33 ans à l'époque a mis huit longues années pour nous offrir sur un écrin vénéneux ce Notes On : Love. Ce premier Lp entrelace magnifiquement des morceaux à l'échine folk et blues avec d'autres plus rêches et électriques et le peaufinage de chaque détail (textes, arrangements, ambiances développées, etc.) est si méticuleusement travaillé et pensé, que la richesse du disque semble infinie. Notes On : Love est une disque nocturne, brûlant, hanté qui mérite le statut de culte. Son seul frein pour accéder à ce statut c'est que Petra Jean n'est pas Polly Jean, ni Nick Cave, ni Cat Power, ni Jeff Buckley. Les médias, au lieu de l'éléver au rang de nouvelle prêtresse du rock féminin auquel elle aurait pu tellement prétendre, l'ont presque méchamment ignoré. Sa personnalité atypique ne rentrant dans leurs petites cases étriquées, Petra Jean Phillipson semble condamnée à une incompréhension assourdissante. Tant pis pour eux, ceux qui ont (eu) la chance de découvrir sa musique savent qu'il s'agît d'une artiste trop rare pour faire l'impasse dessus. Masterpiece in sight. 20/20.



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Après avoir exploité la thématique de l'amour dans ses plus sombres et tortueux recoins sur Notes On : Love en 2005, il faudra sept nouvelles années à Petra Jean Phillipson pour finaliser sa nouvelle oeuvre conceptuelle cette fois-ci centrée sur la Mort. Début 2012, nous avons enfin le privilège de découvrir Notes On : Death. Divisé en deux parties, ce disque est affublé d'une double ambition : expérimentale et épique et de la même façon qu'une pièce comporte deux faces, sur Notes On : Death, l'une est Noire et l'autre Blanche. Il s'agit d'une dichotomie qui existe depuis que l'homme  a pris connaissance de son humanité. Notes On : Death est une pièce d'art spectaculaire, gothique et pastorale, sophistiquée et primaire, lumineuse et pourtant obscure.

La face A ou Noire du disque est la plus ardue, la plus rugueuse, et alors que je pensais me perdre dans une voie de garage et de préférer sa face B haut la main, au bout de la dixième ou quinzaine écoute, ne décomptant plus les heures à le décrypter dans ses aspérités les plus sibyllines, j'ai commencé à l'apprivoiser et à l'aimer à chaque fois davantage. Par exemple, je suis restée scotchée au soin apporté à Kill You Drink You alors que je n'avais jamais remarqué ce titre pourtant impressionnant et surréaliste. On se trouve comme plongé dans les tréfonds de l'univers vampiresque d'Anne Rice (et non celui aseptisé au possible de Stephenie Meyer). Un morceau tourbillonnant et profondément ensorcelant. Cependant, en même temps il n'est pas vraiment représentatif de cette partie de l'opus. Le disque Noir débute avec une utilisation incantatoire des cuivres sur l'instrumental de treize minutes nommé Underworld Tubeophany. Une mise en bouche prophétique pour cet opus difficile d'accès mais tellement gratifiant, troublant et vivifiant au final.

Le rock City Of Lost Angels prend le relais dans une ambiance apocalyptique et sombre. Moins direct, le creepy Ice In June est un titre frissonnant qui prend aux tripes. Somptueusement mis en scène avec peu d'effets, ses répercussions émotionnelles sont formidables. My Love Resides In The Garden pourrait paraître comme un morceau folk inoffensif mais son aspect minéral et la voix de velours de PJP le rend puissamment hypnotisant. U Asked For It nous sort quelque peu du sortilège jeté par l'anglaise pour des sonorités plus tranchantes mais ce n'est qu'un leurre malin puisque le maléfique Kill You Drink You nous rattrape au tournant. Le tempétueux et torturé 3 Men 3 Mothers Dead et le minimaliste Pyrite parachèvent de nous mettre dans le 36ème dessous dans une noirceur abyssale et c'est à ce moment-là qu'intervient la face B, le disque Blanc, celui qui sort l'auditeur de l'Enfer de Dante pour nous plonger dans un florilège d'arpèges et d'effets musicaux nous invitant au coeur d'un somptueux voyage mélancoliquement céleste.

Cette partie de l'album est plus cohérente : il offre une série de ballades folk pastorales, élégiaques mais toujours aussi macabres dans leurs entrailles. Si la forme s'impose comme beaucoup plus lumineuse et légère, le contenu reste assez sombre et fataliste. La Mort reste la Mort quelle que soit la forme qu'on lui donne, contrairement à l'Amour, on ne peut prédire à celui qui en est victime des lendemains qui chantent car le mystère reste intact quant à un avenir fort hypothétique dans l'au-delà. Blanc s'avère un objet de fascination engourdissant l'auditeur pris sous le charme fondamentalement ensorcelant de PJP. Quand on a pris le temps de faire le tour de cette nouvelle oeuvre foisonnante et ambitieuse, Notes On : Death se révèle brillant, proposant des ambiances à mi-chemin entre rêve et cauchemar et rempli de détails et de subtilités démontrant l'excellence et le génie de sa créatrice. Un Must Absolu de 2012. Seul l'avenir dira s'il s'agit d'un chef d'oeuvre ou d'une oeuvre maudite qui sera redécouverte sur le tard...   20/20.

Notes On Death Disc 1 by Sabrine Carrein on Grooveshark Notes On Death Disc 2 by Sabrine Carrein on Grooveshark









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Petra Jean Phillipson

1 commentaires:

Fritz a dit…

Merci, çà faisait longtemps que je voulais me plonger dans sa disco après avoir bien sür entendu les comparaisons avec PJ. Tu n'as pas idée à quel point je partage cette haine (littéralement) des comparaisons; çà me donne un haut-le-coeur, premièrement p.cq c'est un manque de respect envers l'artiste (bien que parfois c'est pas méchant et plutôt élogieux, mais comme tu le dis, souvent, ils méritent mieux) et deuxièmement p.cq c'est toujours les mêmes artistes auxquelles on les comparent: Bjork, P.J, Cat Power... artistes qui sont uniques. Je me rappelle d'avoir voulu faire comprendre çà à une de tes lectrices sur ton facebook et celles-cin'a pas apprécié. Il faut dire que je ne suis pas des plus diplomates lorsqu'on aborde ce sujet et sa comparaison était franchement éculée. Bref, désolé pour cette petite montée de lait ;-)

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