Après vous avoir introduit à True Bypass, vous faire découvrir Sleepingdog coulait de source. Parce qu'il fait partie de l'une des nombreuses formations auxquelles participe la musicienne Chantal Acda. Parce que je considère cette dernière comme l'une des plus belles vocalistes actuelles. Parce que Sleepingdog est devenu l'un des groupes belges incontournables même si le duo résulte d'une collaboration durable entre la néerlandaise Chantal Acda et l'américain Adam Wiltzie (Mercury Rev, Flaming Lips, Stars of the Lid, The Dead Texan, etc.). Pourtant cela n'était pas gagné dès le départ. En effet, leur premier opus Naked In A Clean Bed (2006) est le type d'album qui aurait pu passer inaperçu, sa pochette enfantine reflétant, au premier abord quelque peu l'innocence, les débuts timides voire timorés du duo. Pourtant, avec un peu d'obstination, par le biais d'écoutes répétées, on se retrouve comme irrémédiablement attaché à cet opus folk intrinsèquement intimiste et minimaliste car il enferme en son sein des trésors que cela soit dans les textes poétiques, dans la finesse des arrangements bricolés ou encore dans la qualité du chant fragile et délicat de Chantal Acda. Au final, Naked In A Clean Bed s'est imposé peu à peu comme l'un de ces bijoux folk ne dévoilant ses charmes et ses aspérités qu'au bout d'un cheminement plus ou moins long selon la réceptivité de l'auditeur aux ambiances secrètes et féeriques. Le titre Spring reste mon préféré. Un excellent début empli de rêves et de spleen. 16,5/20.
Polar Life (2008) est, à l'instar d'une majorité de second opus, celui du tournant. Celui par lequel, le duo a mué. De la même façon qu'un ver à soie devient chrysalide, Chantal Acda et Adam Wiltzie ont avancé à pas de géants si l'on compare Polar Life à son prédécesseur. Pas réellement en terme de qualité, elle y était déjà, la base étant plus que solide pour ces deux musiciens aguerris, mais la progression vient des nouveaux horizons embrasés pour la circonstance. Mettant de côte le temps que quelques morceaux, leur univers folk secret et intime so cocooning, le duo se dirige doucement mais sûrement vers des paysages musicaux plus denses et emphatiques. Toujours plongé dans une sobriété proche de l'ascétisme, Sleepingdog nous convie au coeur d'une bande originale cinématographique dramatiquement belle et poignante Your Eyes, The Sun Sinks In The Sea et If Only (Sophia) étant ses plus belles représentations. D'ailleurs, le titre The Sun Sinks In The Sea est certainement celui qui a modifié ma vision de ce duo. Par l'entremise de cette ballade piano voix à l'atmosphère élégiaque, nocturne et funeste, pour la première fois, le duo a tutoyé les plus grands groupes de cold wave ou dream pop à l'image des Dead Can Dance ou Cocteau Twins. Sleepingdog a également fait évoluer leur musique folk vers des sentiers plus solides comme le démontrent les titres suivants : l'enchanteur Alleys , la vibrante lullaby Little One et l'aérien et léger Ardennes. Du nouveau dans l'orientation musicale et des améliorations quant à leur univers original, bref, il s'agit d'un second album parfait, d'un idéal atteint par ce duo foncièrement doué et attanchant. 18/20.
Et la chrysalide devint un papillon. Est-ce la dernière étape pour Sleepingdog ? Pas sûr, en tous les cas, le duo a frappé un grand coup avec ce troisième et dernier opus à ce jour. With Our Heads In The Clouds And Our Hearts In The Fields (2011) porte parfaitement son titre que l'on peut traduire au sens littéral "Avec nos têtes dans les nuages et nos cœurs dans les champs". Désormais, le groupe a abandonné leurs débuts acoustiques pour passer à la vitesse supérieure celle d'une musique cinématographique, ample, emplie de silences qui valent de l'or. En l'espace de huit pistes, toutes dotées d'une longueur généreuse, le temps s'est arrêté pour contempler la beauté de cette musique majestueusement élégiaque. On aime ou pas, il s'agit d'un parti pris artistique, d'un album sans concession, loin des disques easy listening qui pullulent sur le marché. Mélancolique et onirique au possible, With Our Heads In The Clouds And Our Hearts In The Fields est le genre de disque aux atmosphères célestes et cotonneuses qui met émotionnellement l'auditeur à contribution. En apesanteur, en transe, ou pris de vertige, impossible de ne pas se sentir happé par l'intensité de la musique de ce duo original. Alors que nos voisins français ont largement ébruité la sortie de ce disque l'an dernier, en Belgique francophone, pas l'ombre d'une chronique sur le web, les bras m'en tombent vu qu'il s'avère que ce disque est sans doute le meilleur que la Belgique ait porté en 2011. Un chef-d'oeuvre. 20/20.
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