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mercredi 29 avril 2009

2007 - Moriarty - Gee whiz but this is a lonesome town - Reviews - Chronique d'un album qui ouvre une porte sur un monde perdu




Cela fait deux ans que les médias parlent de Moriarty, cela fait également presque deux ans que je les connais et plus d'un an que je possède cet album. Pourquoi en parler maintenant ? C'est justement là l'intérêt : attendre que le soufflé retombe pour voir s'il tient toujours. Certains albums qui ont eu un large écho sont hélas souvent sur estimés, l'adrénaline retombe et le vide s'installe. Alors que le groupe vient de sortir une bande originale La Véritable Histoire du Chat Botté qui ne constitue pas un deuxième album (il contient quelques beaux moments mais c'est assez expérimental, cela reste donc une bande originale) il me semble pertinent de parler de leur premier album déjà culte pour moi : Gee whiz but this is a lonesome town.

Oui, le mot est lâché : culte. Rarement un album ne m'avait autant emporté dans des contrées imaginaires sombres ou enjouées, l'onirisme d'ailleurs est la qualité première de cet album qui n'aurait pas démérité à figurer comme BO pour l'univers de Tim Burton ou de la série culte Carnivale de HBO. La musique en est la deuxième : blues, cabaret, folk ou country, on se sent transcendé, happé dans un autre monde ou une autre époque qui évoque les années 20's et 30's, le son volontairement crasseux, analogique contribue beaucoup à l'atmosphère surréaliste de l'album. La troisième, et non des moindres, c'est la voix époustoufflante de Rosemary la touche américaine de ce groupe français. Très rétro, chaude comme la braise, dynamique, puissante dans les aigus ou subtile, l'organe de Rosemary ne laissera personne indifférent. Elle m'a sciée la première fois que je l'ai découverte et possède, selon moi, déjà une place dans le panthéon des grandes voix soul/blues.

Jimmy est la première chanson que j'ai découverte au travers d'un clip : harmonica et autres instruments instaure une ambiance rustique sur ce morceau d'une beauté noire, il est objectivement impossible de ne pas aimer cette merveille. Il est même quasiment impossible d'admettre le fait que ce sont des français et non des américains derrière ce projet ambitieux qui est de restituer une période révolue de la musique américaine. Sur une note plus enlevée qui n'est pas sans rappeler la musique cabaret et le blues Loneliness, ce magnifique morceau en forme de comptine vivante à l'instrumentation et aux bruits incongrus (Rosemary y va de sa patte si je puis dire en jappant) est un bijou décalé. Nous restons dans le domaine de la comptine, Rosemary prend les traits d'une jeune femme de 19 ans qui s'engagera dans l'armée sur Private Lilly. Cette chanson émouvante au possible serait capable de faire pleurer les pierres (la performance désenchantée de Rosemary n'y est pas pour rien). Un petit chef d'oeuvre.

Le superbe blues de Motel couplé à la voix de Rosemary particulièrement belle et habitée sur ce morceau très typé et roots. La perfection. Animals Can't Laugh et son ambiance nocturne et saltimbanque nous fait entrevoir une face plus sombre de l'univers de Moriarty. Ensorcelant. Dans la même lignée, mais un peu moins décousue, Cottonflower est d'une mélancolie vénéneuse, de celle qui vous colle à la peau. Une perle. Whiteman's Ballad, sur un air faussement guilleret et virevoltant, raconte l'histoire d'un tueur et violeur. Un contrepied parfaitement exécuté. Un morceau à la fois sombre et entraînant. Une réussite éclatante. Tagone-Uran est sans doute la première chanson vraiment que l'on peut qualifier de ballade au sens le plus restreint du terme. Fini l'instrumentation foisonnante et déglinguée, on fait place à des arrangements épurés qui mettent en évidence la voix de Rosemary qui se fait légère douce. Superbe. Encore plus sombre, le spleen de Fireday est particulièrement prenant. Poisseux comme une pluie d'orage, beau comme un coucher de soleil sanguin. Oshkosh Bend propose une ambiance plus légère au folk bluesy appuyée mais n'empêche pas le poil de s'hérisser. Une merveille. Le cabaret jazz Jaywalker est des plus séduisants, un peu expérimental, on se retrouve plongé dans un univers très particulier sous le charme absolu de Rosemary. Une clôture fabuleuse.

Je ne peux trouver un seul défaut à cet album : les compositions sont solides et originales à l'image de leur univers musical et de leur choix d'instrumentation et des arrangements. Ils ne font pas que reprendre les influences de la musique américaine du débute des années 1900's et les appliquer à la lettre, non ils arrivent a insuffler une extravagance, une fraîcheur à un genre suranné et plutôt rigoureux. Déjà culte.

Note Finale : 18/20






1 commentaires:

Algoma a dit…

A 200% d'accord avec toi...magnifique cet album !
Je te souhaite un excellent week end merveilleuse Saab :-)
Bien amicalement je t'embrasse
@+++

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