Raul Midón est un type extraordinaire à tous les points de vue : un artiste complet (multi instrumentaliste, human beatbox, auteur, compositeur, etc.) et un humain authentique et généreux, ce qui transparaît au travers de ses compositions profondément humanistes et touchantes. Pourtant bien que j'ai été plus que généreuse en notation concernant son avant-dernier album : A World Withinn A World sorti en 2007, je ne suis pas certaine que les conditions studio soient vraiment capables de retranscrire la beauté et l'éclat de la musique de cet artiste qui sort de l'ordinaire de la scène musical soul depuis la sortie de son premier opus l'excellentissime State Of Mind (2006). Depuis cette date qui a marqué ses débuts fracassants sur une scène soul en manque évident de nouveautés, le mexicain Raul Midón est apparu comme un artiste authentiquement habité par le pouvoir de la soul musique. Cet état de grâce était légèrement retombé avec son second essai A World Within A World sur lequel les rythmiques et textes étaient toujours superbes mais moins orientés vers la virtuosité dont est capable ce musicien hors pair que sur un certain "calibrage" afin de coller aux sonorités plus "pop".
Fin 2009, paraissait en Europe Synthesis le troisième opus de l'artiste qui a été reédité aux States en avril 2010. J'attendais beaucoup de ce nouvel album que l'on disait plus orienté vers le folk soul de ses débuts mais qui apportait autant de luminosité et de générosité que sur son précédent opus. C'est à la fois vrai et faux. Raul s'avère un artiste toujours aussi prodigieux dans son genre mais la répétition guète par moments et la production de Larry Klein s'avère un peu étouffante de par son manque de légèreté et d'inspiration, les exemples sont criants : Don't Be A Silly Man, qui pourtant propose un très beau texte et une belle interprétation (cette chanson se rapprochant de l'univers musical de Terry Callier) manque de profondeur sonore, les arrangements sont trop mécaniques et faciles. These Wheels également souffre un peu d'un manque de renouveau : les sonorités bluesy sonne un peu datées, eighties même s'il s'agit d'un morceau très agréable à l'oreille. Il faut également rester un peu dubitatif devant When You Call My Name, certes il s'agit d'une très bonne piste mais cela remémore un peu de trop Stevie Wonder et à ce stade de la carrière discographique de l'artiste, il serait temps pour ce dernier de s'en distancier ou de l'égaler et ce morceau ne rentre dans aucun cas de figure.
Cependant, il semble également impossible de nier que Synthesis possède en son sein de très belles réussites : Bonnie's Song qui dans la veine d'un bon vieux Nick Drake éblouit de par sa sobriété et l'émotion palpable qui coule dans ses veines. Pas loin du chef d'oeuvre. La bossa nova crépusculaire et lucide Everyone Deserves A Second Chance. Le groove et le jeu de guitare picking de Don't Take It That Away sont brillants sur ce morceau qui certes flirte avec le mainstream mais quand cela fait avec cette classe, on ne peut que s'incliner. Une merveille éclatante, bourrée d'énergie. Le reggae engagé et positif d'Invisible Chains atteint également sa cible. l'électrique About You également se situe davantage dans la réussite que la déception. Mené tambour battant, cette chanson reggae pêchue et vindicative est un bijou. La reprise des Beatles Blackbird est une jolie surprise rafraîchissante et sucrée et l'album s'achève avec chaleur et simplicité sur l'exquis bluesy Why Am I Feelin' So Bad.
Un album ô combien agréable et charmant mais vu le calibre de l'artiste le résultat est insuffisant. C'est par moments un peu trop easy listening alors que devant nous se dresse un virtuose capable d'enregistrer un future chef d'oeuvre qui prendrait la forme d'un album acoustique à la fois lumineux et à vous fendre le coeur.
Note Finale : 14,5/20
La chronique plus réjouissante et peut être ludice de Régis sur My Head Is A Jukebox
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Les vidéos live rendent davantage justice à cet artiste incroyable sur scène :
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