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jeudi 10 juin 2010

2010 - Josefine Cronholm - Songs of the Falling Feather - Review - Chronique d'une orfèvre d'un jazz contemporain et spacieux renversant



Photo by Steven Haberland






Ne vous laissez pas impressioner par cette pochette d'album des plus intrigantes qui est l'oeuvre inspirée de Birgit Brenner, Josefine Cronholm est assurément une artiste de chair et de sang. Cette belle jeune dame, étrange et mystérieuse a grandi au coeur du silence d'une des nombreuses étendues forestières que possède la Suède ce qui s'entend immédiatement lorsque l'on découvre sa discographie (ses deux albums Wild Garden et Hotel Paradise sont en écoute intégrale sur Deezer) et en particulier son dernier opus en date au titre plus qu'évocateur : Songs of the Falling Feather sorti cette année 2010. Dès le début de sa carrière discographique, Joséfine Cronholm a été adulée tant par la presse de son pays que par les professionnels qui lui ont décerné de nombreux prix. Elle a accumulé les collaborations prestigieuses (Django Bates, Marilyn Mazur, etc.) mais la vie (la naissance de son deuxième enfant) et la mort (celle de son père) l'ont rattrapée sans prévenir ce qui lui a donné envie de se recentrer sur l'essentiel.

Le résultat de son éducation bucolique et de sa pause artistique longue de près de 5 ans a eu les effets bénéfiques escomptés lors de son retour : en 2009, on la retrouve expansive et radieuse aux côtés de Steen Rassmussen sur son projet Amanhã - I Morron - Tomorrow (en écoute sur Deezer) ou introspective, intimiste et j'ajouterai, à titre personnel, mirifique sur son nouvel album solo Songs of the Falling Feather. Je dirai que sa musique minimaliste et sophistiquée, jetant un pont entre pop de chambre (grâce à son quatuor de cordes d'une finesse et sobrité exemplaires), jazz et folk sur laquelle la délicate et ensorcelante voix de Josefine Cronholm se pose aussi légère et gracieuse que la chute d'une feuille, se savoure comme un met délicat qu'il faudra cependant apprivoiser au fil de nombreuses écoutes. En effet, pas question d'écouter cet album comme fond sonore ou de façon précipitée car il distille sa richesse et ses subtilités uniquement si vous prenez le temps d'en faire le tour, aussi non, c'est l'ennui qui prendra le pas. Les dix chansons de cet album intrinsèquement homogène sont autant de diamants précieux au raffinement extrême qui émerveilleront les mélomanes à la recherche de nourriture spirituelle apaisante.

Paralised début l'album sur une note moderne et acérée : une voix + le sensationnel quatuor de cordes qui apportent une sensibilité et une sobriété à couper le souffle. Une superbe oeuvre d'art contemporain. Le presque acoustique et entièrement merveilleux Seagulls instaure une somptueuse atmosphère troublante, chaleureuse et rêveuse d'une beauté étincelante. Spacieux et dépouillé (la voix, quelques percussions et notes de piano abstraites), Fountain prend ses marques de façon transcendante donnant quartier libre à l'imagination pour s'en emparer et lui associer les paysages lui convenant. Un splendide morceau contemplatif. La présence d'une guitare électrique sur Mermaids lui donne un aspect scintillant et incandescent inattendu. Un morceau toutefois très doux et ensorcelant. Winter Princess est peut être plus classique dans sa forme que le reste de l'opus. La sensibilité et finesse toute nordique de ce morceau aux très beaux arrangements parcimonieux lui assurent d'envoûter l'auditeur définitivement happé par l'univers musical de l'artiste.

L'aérien et voluptueux Angel me fait songer au travail fantastique que Jeanette Lindström a réalisé sur son dernier opus le petit chef d'oeuvre : Attitude & Orbit Control. Une ballade jazzy/folk épique d'une perfection esthétique à couper le souffle. Quiet continue dans la même lignée avec peut être même davantage de nuances et de présence organique. Un des nombreux sommets de l'album. Une fois de plus, on ne pourra que s'incliner devant le travail du trompettiste Gunnar Halle. Sailor, morceau axé sur le piano et la voix, est une ballade mémorable qui prend véritablement aux tripes. L'émotion suscitée par tant de délicatesse et de finesse relève d'un travail magistral. A priori, Lonely Is The Heart renoue avec davantage de classicisme, de douceur, de simplicité et de chaleur pour nous apaiser après tant de frissons de bonheur. Cependant, sa montée en puissance diffuse et continue le rendent fabuleux. Le titre lo-fi introspectif et philosophique Mystery clôture de façon brumeuse, féerique et renversante cet opus.

Un nouvel album de Josefine Cronholm qui atteint de véritables sommets en ce qui concerne le jazz féminin vocal moderne. Un petit chef d'oeuvre et sans conteste l'un des meilleurs albums de crossover jazz, folk et pop de 2010.

Note Finale : 18/20

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Josefine Cronholm - Songs Of The Falling Feather

1 commentaires:

Fritz a dit…

Ahhhhh! ces scandinaves! Superbe et très organique. Tu as raison,pas question d'écouter en background, çà se déguste avec minutie. Merci!

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