Il n'y a pas une semaine où la Scandinavie ne cesse de m'étonner. Je m'attarde aujourd'hui d'abord sur le label indépendant Caprice Records qui a vu les débuts discographiques en 1995 de Jeanette Lindström (album : Another Country) devenue l'une des figures les plus importantes du jazz vocal de son pays. L'an passé, le label a sorti le premier album solo de la sublime Josefine Lindstrand : There Will Be A Star, un de mes must de 2009 et cette année le label récidive avec la sortie de l'un des albums de jazz vocal les plus originaux de 2010 grâce à sa protégée Edda Magnason. L'A&R de ce label : le musicien et producteur Jonas André a eu le nez fin en la découvrant. Ce dernier, sous le charme de la musique de l'artiste, n'a pas hésité à enregistrer et co-produire avec Edda Magnason, le premier opus Eponyme de cette dernière sorti en janvier 2010.
Si je ne l'avais pas lu pour mes recherches concernant cette chronique, cela ne m'aurait pas sauté aux yeux mais la superbe suédoise, qui a des origines islandaises de part son patriarche, est souvent comparée à Ane Brun et à Björk pour son grain de voix atypique et remarquable. La voix d'Edda Magnason (ainsi que son phrasé) est vraiment particulière : espiègle, mutine, indomptée ; ses acrobaties vocales sont l'une des découvertes les plus spactaculaires de cette année. Auteur(e), compositrice et pianiste de formation, elle a longtemps hésité entre les styles musicaux jazz, musique classique et pop avant de faire la musique qui la caractérise le plus : la sienne, c'est-à-dire une association équilibrée des trois. Accompagnée d'un trio : Tomas Ebrelius au violon et percussions, Martin Eriksson à la contrebasse et Jonas Andre aux claviers et à la basse, Edda Magnasson nous offre un véritable moment de plénitude à travers sa première oeuvre Eponyme. Cet album est un voyage passionnant dans l'univers musical intrinsèquement scandinave de l'artiste : raffiné, délicat, intrépide et sophistiqué ; pour résumer en un mot : brillant.
Nous avons droit à des envolées lyriques des plus étincelantes avec la somptueuse ouverture toutes en cordes, le virevoltant Swirl. Ropewalking démontre le talent de mélodiste d'une grande subtilité de l'artiste. Un superbe titre aux contours féeriques. Drömde Jar Var Hund est un interlude instrumental mettant en scène le quatuor de musiciens capable d'une belle virtuosité. Ali est un titre - à la texture orientale - solaire, épris de liberté et d'espace, extrêmement ensorcelant. A écouter absolument, un de mes titres préférés de 2010. L'harmonieux et délicat, Playbird s'avère magnifique mais trop court mais le titre mélancolique et enchanteur Snow prend le relais de la plus belle façon qui soit. Alors que nous sommes au printemps et même au seuil de l'été, le départ pour un petit séjour dans l'hiver scandinave s'avère immédiat. Un morceau remarquable. La sobriété magnifique de The Blue Hour, le caractère ludique et surréaliste de Niece ou encore le scat spontané et improvisé sur le titre Patience n'ont pas fini de suprendre et de captiver l'auditeur. L'effervescence puis la tristesse qui animent tour à tour le magistral Boats ne font que confirmer l'évidence du talent exceptionnel d'Edda et de ses musiciens. Le côté espiègle débridé de l'artiste habitent également l'exquis Sweet and Sour tandis que le (presque) intrumental expérimental et fougueux Emmigrants et le charme candide de Goodbye Song clôturent sur une note malicieuse cet album pour le moins intense.
Note Finale : 18/20
Edda Magnason délivre un premier album (dans des conditions live) pétillant, complexe et impétueux. Un must have pour les amateurs de trésors scandinaves. Un second album devrait voir le jour fin 2010, début 2011 sur son nouveau label Adrian Recordings. Une information à suivre absolument.
Site Officiel
MySpace
Label Caprice Records
Où se le Procurer ?
Cdon.eu
Ginza.se
Amazon.fr,
Amazon.com
Tower Records
2 commentaires:
Sublime ..
Perso, j'ai horreur quand la presse compare toutes les chanteuses avec un accent scandinave à Bjork. Encore une fois, je ne vois pas la similarité au niveau de la voix mais je dois dire néanmoins que son phrasé et cette façon de mettre l'emphase sur certains mots, rappelle la grande dame islandaise.
Mais bref, j'adore. Une belle artiste qui repousse les limites du jazz tel qu'on le connait.
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