Nellie McKay n'est hélas pas très connue sous nos latitudes peu paradisiaques pourtant. Je ne connais à ce jour que Daniel de Listen, Seel, Feel , grand admirateur de la sulfureuse blonde, qui a écrit un excellent article récapitulatif sur la carrière mouvementée dans le magazine culturel Save My Brain. D'ailleurs pour la circonstance, je vous invite chaleureusement à le consulter, c'est ici. La demoiselle a débuté en 2004 avec un double album Get Away From Me (elle a insisté sur cette forme plus coûteuse car les 18 chansons pouvaient tenir sur un seul cd), un titre cynique qui vise directement le premier album de Norah Jones : Come Away From Me (2002). En effet, Nellie McKay n'est pas contente de la tournure que prend le jazz contemporain qui sembe, selon elle, s'étrangler dans la pop musique sans âme. Ce fut un premier petit chef d'oeuvre sur lequel Nellie dévoile une la langue bien pendue, son style musical est farfelu et génial : jazz, piano/voix, funk, rap, indie folk, aucun style ne lui fait peur. Mais Nellie est foncièrement créative et elle possède déjà un deuxième double album sous sa manche : Pretty Little Head qui recrée des tensions avec sa maison de disques une nouvelle fois en désaccord avec ce format onéreux et peu vendeur. Nellie aura (presque) le dernier mot, le deuxième petit chef d'oeuvre sortira en 2006 mais en deux versions. Son troisième opus Obligatory Villagers réalisé en 2007 est un tournant pour Nellie qui est signée désormais sur un autre label. L'album très court (moins de 40 minutes) est orienté vers l'univers théâtral de Brodway. Un bijou étonnant mais peut être trop concis.
Mais Nellie n'a pas fini de nous surprendre, celle qui avait l'habitude de nous concocter des petites compositions pop cyniques se révèle être également une admiratrice éperdue de la très classique mais sensationnelle Doris Day de quoi surprendre mais pas tant que cela. En effet, évoquer Doris Day c'est nous remémorer une époque révolue où la beauté, la classe, la chaleur et l'innocence prédominaient (en apparence du moins). Son quatrième album Normal as a Blueberry Pie {A Tribute To Doris Day} est un hommage à l'élégance éternelle de cette chanteuse à la voix bouleversante et actrice devenue une icône éternelle. Dépourvue de sa verve légendaire, on pourrait penser que la Nellie assagie n'offre plus d'intérêt. Que Nenni. La peste devenue ange offre un nouveau visage lui permettant de renouer avec la perfection de ses débuts mais dans un tout autre registre. Sa voix, dépourvue de certains gimmicks présents sur ses anciens albums, est d'une pureté et douceur absolues, je n'en reviens pas, j'ai (presque) l'impression d'entendre une autre artiste !
Son album hommage reprend certaines des chansons les plus célèbres interprétées par Doris Day mais également de chansons plus discrètes au charme encore plus évident. Nellie a décidé de donner à ces morceaux une touche contemporaine en misant sur la douceur et des arrangements épurés, à la fois simples mais sophistiqués. Je me sens mal à ce niveau de ma chronique car comment dire que Nellie a sans doute réalisé un de mes albums préférés de 2009 tous registres confondus, qu'elle a rendu magique ces chansons surannées et intemporelles, qu'elle m'a véritablement enchantée voire ensorcelée. Quand j'écoute cet album l'année 2009 semble être un lointain souvenir, une année où la folie et la bêtise humaine semblent à chaque fois repousser les limites de leur paroxysme. Non, je divague, Nellie m'invite avec Normal As Blueberry Pie à un voyage musical exotique (ahhh le ukulélé et la flûte amérindienne!), vaporeux et aérien d'une grande délicatesse et élégance. Meditation (Jobim) et Black Hills Of Dakota comptent parmi les chansons que j'ai le plus écoutées cette année, leur magie cotonneuse offre un moment unique où le temps dévie de de sa trajectoire. Il est également foncièrement indispensable de redécouvrir The Very Thought Of You, Sentimental Journey, Do Do Do et Send Me No Flower pour retomber amoureux de ces titres revisités de façcon sublime et subtile et de finir par I Remember You pour clôturer sur une note somptueuse, mélancolique et frissonnante. Et la question de se poser : et si Nellie était la plus grande chanteuse de jazz contemporain. Avec cet album, elle vient de faire un pas de géant dans cette direction.
Masterpiece in sight !!!!!!!
4 commentaires:
Je ne contesterais pas tes choix car tu es une vrai mère noël pour tous ses artistes du fait de pouvoir nous les faire découvrir sur ton blog. mais je me pose tout de même une question...
Ou sont les mecs???
Les 5 dernier albums sont des voix de femmes (très belles voix je l'avoue) à crois que tu deviens sectaire en vers les bonhommes ou carrement épris de misandrie...? Je ne le pense pas! pas toi!!!
Allez, fait moi découvrir une nouvelle voix de velour dans la classe de Dean Martin ou Frank Sinatra (une voix de tombeur en quelque sorte)
Bien sûr je ne serais pas triste si le prochain album que tu nous fais découvrir est encore une charmante jeune femme car tu sais bien que Nagagate aimes les femmes à belles voix!
A bientot Sab. (même si je suis discret ses dernier temps, j'ai toujours une pensée pour toi)
Bizz
Jolie chronique, merci !
Ça fait bizarre de dire qu'un tribute album est l'un (voire LE) meilleur album de l'année, mais c'est tout à fait juste. Quel talent cette Nellie !
Pas trop mon truc les tribute album, mais si j'ai bien compris, faut que je m'y colle quoiqu'il advienne ;)
C'est vraiment très jolie ce qu'elle propose. Je vais vite approfondir mon écoute =D. Très charmante cette demoiselle en tout cas :), elle est même replendissante sur la photo :)
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