Je voue une admiration sans borne pour Mathieu Chédid depuis maintenant près de 7 ans, ce qui nous ramène, vous l'aurez compris, à 2003, année de la sortie de son troisième album studio Qui De Nous Deux ? Au départ, cela n'était pas gagné du tout. Pour tout avouer, j'ai acheté cet album sur l'insistance de mon compagnon qui adorait le single Eponyme de l'album. Moi j'aimais bien sans plus, à l'époque. Je trouvais le personnagede M créé par l'artiste bizarre au possible avec son costume rose, sa coiffe plus comique que diabolique, usant et abusant de son falsetto à la limite du supportable. Quelques mois plus tard, on va même dire en 2004, j'ai décidé de faire un tri dans mes cd's (chose rarissime pour cause de sentimentalisme mal placé) et de ré-écouter ceux qui n'avaient pas encore eu le temps de l'être comme celui de M. Les écoutes de Qui De Nous Deux se sont succédées et les qualificatifs les plus élogieux : génial original, unique, etc. se sont rapidement bousculés. Je me suis ensuite penchée sur sa discographique que j'ai louée avant de l'acheter en bonne et due forme. J'adule, comme il n'est pas permis, Je Dis M (1999) qui reste mon album préféré du monsieur avec le live Le Tour De M (2001). Pour la circonstance je vous entonnerai bien le refrain de Bonoboo et ferai une petite danse incongrue sur Mama Sam. En réalité, je suis, la plupart du temps, extatique à l'écoute de l'oeuvre du génial guitariste, multi instrumentaliste, parolier, etc. Il est l'unique chanteur français que je supporte avec Michel Polnareff.
Cela faisait un moment, par conséquent, que je m'impatientais d'avoir du nouveau matériel de la part de ce monsieur pour nourrir mes oreilles avides de nouveautés et ce n'est pas une BO aussi bonne (Ne Le Dis à Personne) soit-elle, ses apparitions dans une comédie musicale Le Soldat Rose de son père Louis Chedid ou sa figuration en tant que guitariste et compositeur du dernier album de Vanessa Paradis qui auraient pu me rassasier, que nenni. Je n'en avais rien à faire. Et puis, quand plus personne ne l'attendait, son quatrième album studio Myster Mystère est sorti fin 2009. Je n'ai rien fait pour le découvrir, lors de sa sortie, étant foncièrement échaudée après une telle attente (de plus, je n'avais pas trop apprécié son dernier double live En Tête à Tête qui n'est qu'un doublon inutile du Tour De M), les critiques moroses à propos de ce dernier album ne m'ont pas non plus donné envie de l'écouter. C'est au début de l'année, alors que je me promenais dans un magasin, j'ai été surprise de voir si rapidement Myster Mystère à un prix cassé, je me suis dit que le moment était venu de faire la paix et me le suis procuré.
Le Noir remplace désormais le Rose, le grain de folie si caractéristique au personnage d'M qui transpirait abondamment sur ses compositions rock et funky, endiablées ou nonchalantes, fait désormais place à plus de nuances, plus de maturité, de douceur et de mélancolie. Suite à tout de même près de 5 ou 6 écoutes intégrales de l'album, je peux enfin m'avancer pour dire que certes, il ne s'agit pas du meilleur album de Mathieu Chedid. Une fois "ma vérité établie", il s'agit tout de même de rester un tant soi peu objectif en pouvant affirmer que cela reste un excellent album bien plus riche et dense qu'à première écoute. Il requiert, en effet, de la patience et du calme pour se laisser apprivoiser. Cependant, je comprends parfaitement les grincheux, Myster, Mystère est dépourvu de cette énergie débordante et vitale qui faisait l'un des (nombreux) attraits de M. Ce dernier effort met en exergue un artiste qui décide de se dévoiler de façon plus introspective, le personnage s'efface pour laisser entrevoir un artiste plus posé et sensible. Cela plaît ou non.
Je l'aime bien moi ce "petit" album : j'ai retrouvé la touche funk sur Myster Mystère, me suis noyée dans l'ambiance acoustique et dépouillée de Phébus, ai redécouvert un M en grande forme sur le groove entêtant et entraînant d'Est-ce Que C'est ça?, ai décollé de terre sur le planant et sobre Le Roi Des Ombres, ai été époustouflée par l'excellence et la puissance sensuelle de Tanagra, ai été un peu déçue par L'Elixir qui m'a fait honteusement penser à Renan Luce ou Raphael (sauf le refrain qui sauve le morceau du gouffre de la variété), ai été emballée par le trop court Ca Sonne Faux, me suis retrouvée en plein trip psychédélique sur le monumental Destroy, me suis sentie apaisée par l'hypnotique douceur bancale de Semaine, ai voyagé en Afrique sur le léger Amssétou, ai été séduite par la profondeur du lancinant Tout Sauf Toi, ai été joliement bousculée par l'inatendue danse de Hold-Up et finalement été émotionnée par la magnificence et la maturité de la douce complainte Delivre.
Un nouvel album qui divise davantage qu'il fédère. A écouter sans à priori et sans toujours à chercher/vouloir retrouver les anciennes et mêmes gimmicks de l'artiste, ce dernier sort un peu (enfin) du personnage déjanté auquel le public tient tant à le voir se complaire. Excellent même si imparfait.
Note Finale : 16/20
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2 commentaires:
Salut Sab,
Sacré M! avec une voix aussi (merdique) spéciale que la sienne... ça prouve une chose, c'est le talent qui compte!!!
On peut avoir la plus belle voix du monde.. sans talent, bof! et le contraire, il y a M!
Tu notes sur 20 maintenant, depuis quand?
Adieu les A, A+ et A++...
Bizz
@ Laurent :
C'est vrai la voix ne fait pas tout mais je l'aime bien au fond cette voix-falsetto imparfaite et surfaite ;-) Oui j'abandonne les A... car peu comprenait le sens de ma notation.. pas même moi ;-)
Bises Laurent !
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