Tout d'abord, je la connaissais Sophie Zelmani depuis un moment et vous aussi, il suffit de réécouter la gentille ritournelle Always Youqui n'a cessé de passer à la radio en 1995 (jusqueà l'intoxication totale, sorry Sophie) qui marque également le début de la carrière de Sophie Zelmani avec un premier album homonyme sorti la même année. Le problème c'est l'après : relativement peu de médias se sont penchés sur le cas de Sophie Zelmani et pourtant cela vaut la peine de redécouvrir cette artiste qui a joué un rôle majeur dans l'expansion de la musique nordique. Memory Loves You est le sixième album studio de Sophie et oui messieurs, dames, sa carrière a bel et bien continuée même si elle a essentiellement pris son envol uniquement dans les pays nordiques à quelques exceptions près (la Suisse et l'Allemagne sont firands de ses jolies comptines). Pour plus d'informations, je vous conseille de lire la chronique concernant la carrière de Sophie très bien résumée par Phelwyn ici. Si au départ, Sophie orientait sa carrière vers le mainstream, elle s'est rapidement orientée vers une musique pop/folk intimiste, douce et surtout mélancolique.
Tout d'abord : cet album il constitue en quelque sorte l'apothéose mélancolique du répertoire de Sophie : ce dique est sans doute plus sombre et moins mélodique que les précédents ce qui peut déconcerter et le rendre moins accessible ou mémorable. Ensuite, la magnifique voix de Sophie : mutine, enfantine, douce, tendre et fragile mais est surtout exploitée ici pour nous susurrer à l'oreille ses textes personnels. Plus proche de de Leonard Cohen que d'autres chanteuses folk, Sophie murmure davantage que chante réellement. Ce qui peut paraître déconcertant mais cela donne une impression de proximité, de rapprochement considérable afin de faire transmettre des émotions, qui petite touche par petite touche dissimulées tout au long de l'album, s'avèrent intenses. En effet, je n'ai pas honte d'avouer que la première fois que j'ai écouté l'album et plus exactement vers la fin de l'opus, mon nez a commencé à picoter c'est le signe précurseur d'une future petite larme, la faute à l'émouvante piste de clôture Shades.
Le premier titre Wait For Cry est le morceau typiquement Zelmanien si cette expression peut s'appliquer : une belle ballade pop/folk douce et mélancolique. Une très belle introduction. Sans conteste Memory Loves You est à priori l'une des chansons les plus facilement mémorables de l'album : mélancolique, sobre mais dotée de superbes arrangements et paroles, cette pièce folk est une petite merveille que je vous invite à découvrir. Broken Sunny Day avec sa petite touche roots est un pur enchantement pour les oreilles. Et la voix de Sophie toujours si touchante en particulier quand elle pose sur la belle mélodie de la chanson. Une belle plage lumineuse. I Got Yours est une comptine romantique bouleversante qui met une fois de plus en exergue le talent d'écriture de Sophie.
De même Sorrow ne hausse pas davantage le ton, cette magnifique berceuse est une perle de tendresse. How Different porte la touche zelmanienne sans conteste avec la maturité en plus. Un peu plus rythmé, cette belle chanson apporte une belle touche de luminosité et de chaleur à l'album. Superbe. De nouveau, on retombe dans une musique plus mélancolique et langoureuse sur l'une des meilleures pistes intitulée Love On My Mind qui bénéficie en particulier d'arrangements somptueux. Depuis Memory Loves You on n'aura pas été autant reveillé qu'avec l'écoute de Travelling, ce morceau toujours très mélancolique (il suffit d'écouter la voix de Sophie et les paroles qui y sont associées) est un highlight de l'album. Cette song accrocheuse est un vrai petit bijou d'orfèvre. Sur le doux How You Know Sophie Zelmani met en avant ses talents de compositrice et de musicienne mais le tout est rapidement éclipsé par la piste de clôture Shades qui serait capable de faire pleurer les pierres. Cette ballade aérienne dépressive est un petite chef d'oeuvre à écouter quand on ne se sent pas trop déprimé.
90/100 : j'ai été particulièrement touchée par cet album très sobre, mélancolique et qui s'avère finalement très brut au niveau du résultat, on ressent que Sophie veut aller droit à l'essentiel sans fioritures. Bien entendu, il faut adhérer à l'univers de la musicienne, à son concept minimaliste mais au combien séduisant de la musique ce qui lui permet de un d'être plus proche de son auditeur et de sortir un album tous les deux ans au maximum. D'ailleurs, en septembre 2008 elle a sorti un septième album The Ocean And Me. En attendant ma prochaine chronique, ce petit bijou folk est à déguster sous une couette douillette dans son canapé, bien au chaud.
Je vous ai déjà parlé à de nombreuses reprisesde la sortie de cet album fin août 2008, je me le suis procurée assez rapidement sur base de ce que j'ai entendu et je n'ai pas été déçue, Solange n'est plus simplement la soeur de... Beyoncé ! Par contre, en ce qui concerne le domaine de la déception, le couperet vient de tomber la romance entre moi et la musique de Beyoncé vient de se rompre. Hélas, son dernier album I Am... Sascha Fierce sorti la semaine dernière vient d'entériner définitivement tout ce que j'éprouvais pour la soeur de Solange. D'ailleurs, j'ai même pris la décision de me séparer de la disco de Bee. Pourquoi ? Depuis cinq ans j'ai beaucoup évolué musicalement parlant et je n'arrive définitivement plus à écouter de genre de musique qui devient de plus en plus insignifiante, cela peut paraître méchant ou justifié, que m'importe j'ai juste décidé de passer à autre chose.
Alors que je ne misais pas un sou vaillant sur la suite de la carrière de Solange après son charmant mais insignifiant premier album Solo Star sorti en 2003 voici que cette dernière sort une suite des plus étonnantes avec SoL-AngeL & The Hadley St. Dreams. Ce nouvel album sort largement des sentiers battus du R&B conventionnel (presque éteint par sa bâtardise avec la pop, n'est-ce-pas ? Bee, Alicia Keys ou Mary J. Blige ?) : pas de ballades ou de up tempo insipides, l'ensemble des chansons puisent non seulement dans le catalogue des années 60's et 70's mais est parsemé de touches électro afin de mettre en évidence l'éclectisme et le modernisme de la musique de Solange qui ne se limite pas à rendre hommage. Un autre point qui aurait pu jouer en sa défaveur mais qui finalement s'avère flatteur : sa voix, non elle n'est pas parfaite, n'est pas Beyoncé qui veut (rendons à César ce qui lui appartient : Bee a une voix superbe en Live comme en Studio mais son catalogue récent sent clairement mauvais) mais la petite soeur possède plus de caractère et s'avère davantage attachante. Le R&B met en avant les belles voix (au lieu de l'originalité) et finalement on n'est rarement touché par la perfection et le "sans fausses notes" (en studio bien entendu dans la réalité c'est souvent pas terrible). La voix de Solange, plus approximative, s'avère plus chaude, douce et enchanteresse.
La première surprise se trouve dès la première plage : God Given A Name : cette production partagée par Solange et le collectif électro de pointe Thievery Corporation est absolument divine : sur un son lounge Solange explique qu'elle n'est pas et ne sera jamais Bee, qu'elle assume sa nouvelle direction musicale et a vécu des expériences qui ont forgé son caractère. T.ONY. contient la participation à l'écriture du grand Cee-Lo et le moins que l'on puisse dire c'est que le titre est enjoyable, ce mid tempo accrocheur mêle anciennes et nouvelles sonorités avec talent et savoir-faire. C'est excellent. De même Dancing In The Dark qui est sans conteste l'un des highlight de l'album : virevolant, scintillant et doté d'un vrai sens du swing, ce mid tempo réjouissant saura retenir toute votre attention. Toujours dans la bonne humeur Would' ve Been The One met en avant le côté attachant de Solange sur cette chanson lumineuse. Superbe boulot. Sandcastle Disco qui constitue le deuxième single de Solange est un up tempo comme on en fait encore rarement à l'heure actuelle : ce qui signifie réussi sans être graveleux (Pussycat Dolls, Britney Spears et même Beyoncé s'y est mise). Ce morceau saura séduire et illuminer notre humeur un peu morose avec ce temps hivernal en avance. Et puis surgit la perle, I Decided - Part 1, cette production des Neptunes est tout simplement extraordinaire, excitante, catchy et séduisante.
Valentine's Day est l'une de mes chansons préférées : la touche électro/lounge apporte un côté très sexy à cette chanson langoureuse. C'est sublime. 6 O'Clock Blues produite par Mark Ronson met en avant la douceur du timbre de Solange sur ce beau morceau rétro. Ode To Marvin comme le titre l'indique est un hommage non dissimulé à son idole Marvin Gaye. Un bel hommage touchant et sincère. I Told You So renoue avec cette petite veine électro qui vient nourrir l'album. Ce mid tempo aérien est une belle réussite. Plus aventureux et ambitieux est Cosmic Journey qui s'avère être un joyau. Ce duo avec le chanteur Bilal est vraiment étonnant mais ce qui l'est davantage c'est que le résultat déroutant de ce morceau entièrement électro représente une belle victoire pour Solange qui ne se cantonne pas au simple R&B. L'une des plus belles pistes est sans conteste This Bird, cette ballade atmosphérique saura retenir votre attention. Un bijou de douceur paradisiaque. Ce qui clôture l'album est I Decided - Part 2, ce remix des Freemasons lasse davantage que la version originale (peut être parce que je l'ai davantage écoutée) mais ajoute une note palpitante et dance très réussies.
16,5/20 : un album frais, original et étincelant que ne sera sans doute jamais capable de faire sa soeur aînée (je deviens lourde, je le sais mais je ne peux m'empêcher...). C'est l'un des rares albums de R&B/soul made in 2008 que je vous conseille d'écouter. Excellent boulot sur ce vrai premier album qui promet une carrière plus excitante que celle de... non j'arrête là.
Quand j'ai écouté la première fois Lizzy Parks, je l'ai de suite catégorisée : cette auteur(e) fait partie de la nouvelle génération "bébé jazz vocal" : ils sont jeunes, ils sont beaux, ils mélangent tous les types musicaux avc des arrangements jazzy et davantage que s'axer sur une voix qui envoie la purée (et qu'ils ne possèdent pas tous, au demeurant), ils se concentrent sur l'émotion, sur l'aspect feutré ou vivant du jazz. Au sein de cette nouvelle scène jazz, il faut avouer que ce sont les Américains du Nord et les européens Nordiques qui se partagent le gâteau mais la donne a désormais changer : mon manque de culture me fait penser (peut être à tort à vous de me le dire) que l'Angleterre n'est pas vraiment un bastion reconnu du Jazz Vocal : la seule artiste que je connais est Claire Martin et sans dénigrer son talent d'artiste, je trouve sa musique fortement ennuyeuse, hélas, je suis insensible au grand talent de cette dame du jazz.
Mais voilà, je viens de découvrir Lizzy Parks, une jeune anglaise qui a fait le conservatoire section jazz et coup de foudre instantanné pour son grain de voix qui, a priori, se prête davantage à la pop qu'au jazz. Et pourtant : sa douce voix mystérieuse et gracile possède un sens du swing, une sensibilité, une réceptivité et une adaptibilité qui sont sans conteste des qualités à ranger dans le registre du jazz. Lizzy Parks apparaît comme une nouvelle sensation (durable) sur la scène anglaise du jazz vocal qu'il serait dommage de passer à côté.
Son premier album Watching Space que j'ai eu pour une bouchée de pain sur ebay britannique est sortie en 2005 sur un petit label indépendant The Birds Recording Company, ce qui prouve d'une part que Lizzy n'est pas là pour amasser des fortunes et d'autre part que sa liberté artistique doit être davantage respectée, ce qui est plutôt positif pour ce genre de jazz vocal décrié par les puristes (qui ne sont que des coincés à mon avis, mais mon avis n'est peut être pas représentatif du vôtre). Toujours dans le cadre de la présentation de cet album, elle est accompagnée d'un band complet : Rob Norman au piano, Mike Adlington à la trompette, Ryan Trebilcock à la basse, Alan Gardiner aux perscussions et Pete Harris à la guitare.
Same Old débute de façon soft et chaleureuse l'opus, le genre de morceau pour réchauffer l'atmosphère, bref qui met de bonne humeur. Moral Of The Story est un interlude bluesy qui met en avant sa voix charismatique. Plus audacieuse est Pass Me By : un morceau que n'aurait pas renié une Martina Topley-Bird apaisée. Voguant entre jazz, soul et trip hop ce morceau est délicieux à (ré)écouter. Une perle pleine de douceur aux arrangements sobres et élégants. D'une beauté mélancolique Watching Space se base beaucoup sur les beaux arrangements de cordes et la suavité de la voix de Lizzy qui est ici magnifiée. Sublime, à écouter d'urgence. La belle complexité des arrangements et de la mélodie de For Real vous séduira à coup sûr. Envoûtant et surprenant. Change Is Made serait davantage catégoriser sous le label free jazz un peu chillout. Prônant une certaine coolitude ce morceau est sublime à l'écoute, un highlight de l'album.
Last Night At The Theatre offre une ambiance cosy mais mélancolique qui invite à l'émotion et cela marche. Il suffit de fermer les yeux et de laisser la musique envahir les oreilles. Sublime. Roll Back met en avant le sens du groove de Lizzy sur un rythme cool et très agréable. Plus ambitieux le morceau Whats' The Deal possède un son jazzy/soul/funky des plus délectables. Un de mes morceaux favoris, je vous invite à l'écouter. Joga est la reprise de Björk. Des arrangements minimalistes qui tiennent sur quelques effets épars et le style piano-voix viennent de parfaire ce moment magique. Certes, je n'oublie pas la version originale mais cette version est à découvrir d'urgence. Star est un des grands moments qui jalonnent l'album : enchanteur, sensuel, une touche rétro et toujours cette belle voix pour ce morceau lounge entêtant. Mais que serait un album au feeling jazzy sans une reprise d'un standard digne de ce nom ? Cette version de You've Changed, magnifié par la légende Billie Holiday, ne démérite pas, en effet, Lizzy apporte sa propre douceur et sa sensibilité sur cette (ré)interprétation acoustique avec comme seul accompagnement une harpe. Formidable.
Un début plus que prometteur qui vaut vraiment le détour, avec relativement peu de moyens et de publicité cet album a convaincu les critiques britanniques et ont mis en avant cette jeune chanteuse au charisme certain. Cet album éclectique s'il n'est pas parfait (certaines chansons passent davantage inaperçues mais elles restent tout de même très agréable à l'écoute) mérite l'attention des amateurs de jazz soft et de belle musique.
Note Finale : A(+)
Après s'être fait remarquée avec un excellent premier opus et roulé sa bosse dans certains groupes tels que Nostalgia 77 et sur scène, il aurait été étonnant que Lizzy Parks ne bénéficie pas d'une suite à sa carrière. C'est justement grâce au groupe Nostalgia 77 qu'elle s'est fait remarquée par le label Tru Thoughts (Kylie Auldist, Quantic, The Bamboos, Spanky Wilson, etc.). Le moins que l'on puisse dire c'est que cette suite est plus que réussie. Produit par Ben 'Nostalgia 77' Lamdin et bénéficiant de la divine orchestration diligentée par Riaan Vosloo (toujours du groupe Nostalgia 77), cet opus bénéficie d'une production riche, complexe, fluide et d'une classe folle. Lizzy Parks a définitivement trouvé chaussure à son pied.
Raise The Roof, un peu de la même façon que la première plage du premier album, se retrouve en pôle position pour être le single qui va servir à la promotion de l'album. Mais ici c'est plus fin, plus subtil, cela peut appeler le grand public sans pour autant snober ceux qui sont plus difficiles à séduire. En effet, le rythme est fluide, entraînant et le tout est plus complexe. A écouter jusqu'au bout. Une excellente introduction. Take Care lorgne assidument sur la musique rythm and blues des sixties, un titre étincellant qui sur de magnifiques arrangements permet de mettre en avant les nouvelles capacités vocales de Lizzy qui a pris du galon. Sublissime et bien entendu à écouter d'urgence. Time est la ballade jazzy/aérienne/langoureuse que j'attendais déjà sur le premier opus, ici Lizzy pose sa voix d'une façon si douce et légère qu'il est presque indécent de ne pas céder à cette chauteusetransformée pour la circonstance en sirère musicale. Un de mes morceaux préférés, je vous laissse seul juge de ce petit chef d'oeuvre.
Soul Bird est tout en délicatesse et en rondeurs, cette plage jazzy/soul est un met exquis à se mettre sous les oreilles. Forever And A Day possède un jolie dose de soul et de funk allégé par les arrangements de cordes, bien entendu cela ne ressemble pas à ce que fait Sharon Jones mais il y a assez de poigne et d'investissement de la part de Lizzy Parks pour transcender ce magnifique morceau que je vous invite à écouter. Cela groove baby ! Spring Changes est sans conteste la chanson la plus jazzy de l'album de part son rythme bien particulier et le phrasé impeccable de Lizzy. Un pur moment de bonheur accompagné de son groupe qui offre d'excellents solos. Seven Day Fool (Etta James) est magnifiquement repris par Lizzy qui apporte tout son soul à cette chanson qui évoque un amour inconditionnel apporté à son homme. Une bombe !
All That est un des meilleurs morceaux de l'album et certes les arrangeemnts sont toujours incroyables (Lizzy est particulièrement bien servie tout au long de l'album) mais la vraie star c'est Lizzy qui acquiert album après album un sens du groove et du swing imparable. Extraordinaire. Ode To St Cecile est la deuxième et dernière reprise de l'album, de nouveau Lizzy s'en sort avec tous les honneurs, ce morceau qui dégage une belle énergie met de nouveau en exergue une interprétation tout particulièrement sensuelle et réussie de Lizzy capable désormais de toutes les nuances. Sublime, à écouter. Leaving Home se situe dans un registre plus mélancolique, plus grave. Le résultat est particulièrement touchant et émouvant. J'avoue avoir acheté l'album rien que pour écouter Prayer. Cette ballade éthérée, atmosphérique est un petit chef d'oeuvre : 5 minutes de bonheur intense que je vous invite à savourer jusqu'à la dernière seconde.
Ce que j'apprécie tout particulièrement sur ce nouvel album c'est l'étape franchie par Lizzy Parks. Sa voix s'améliore (même si dès le départ elle possèdait cette petite étincelle qui la différencie de beaucoup de ses conseurs), son groove a atteint une très belle maturité, elle compose toujours de solides chansons et elle s'est entourée d'un big band vraiment excellent qui apporte l'écrin idéal pour la voix de Lizzy. Entre modernisme et touche rétro, cet album constitue l'une des plus agréables sorties jazz de 2008. Je conseille.
Depuis quelques semaines les médias parisiens n'ont plus qu'un nom à la bouche celui d' Hugh Coltman. Ce britannique qui a fait partie du groupe de blues Hoax (quelques albums + de belles premières parties) met en émoi depuis quelques mois la scène parisienne avec ses représentations live et ses sessions chez Cargo entre autre qui sont disponibles sur Dailymotion ou Youtube. Pourquoi ? Est-ce justifié ? Oui à mille pour cent ce chanteur/compositeur possède un charisme extraordinaire, il suffit d'écouter son interprétation de Nature Boy (Nat King Cole) :
Convaincu ? Alors le reste devrait vous faire un adepte de ce chanteur ! Il a sorti en octobre 2008 son premier opus personnel : Stories From The Safe House et je suis déjà sûre d'une chose : jamais je ne m'en séparerai, un peu à l'image du premier opus Clare & The Reasons, c'est le genre d'album dont il est difficile de se défaire car si attachant, original et pétillant. Un déluge de bonne humeur et de sensibilité viennent parcourir, traverser cet opus inattendu qui se révèle un album indispensable à se procurer en cette fin d'année 2008 déjà très riche en sorties musicales.
Mais comment peut-on définir la musique de ce monsieur ? Folk sans aucun doute car souvent accompagné de sa guitare acoustique ou d'un ukulélé sur la plupart des chansons mais pop est un autre adjectif qui peut s'appliquer à l'album : les Beatles ne sont jamais loin comme vous le verrez dans la suite de la chronique. Le reggae, le blueset le jazz façon piano bar viennent parfumer, assaisonner son univers original. Mai au-délà de son univers musical, ce qui frappe d'emblée c'est sa Voix et quelle Voix ! Moi, qui suis naturellement moins réceptive aux voix masculines, il m'a été impossible de ne pas succomber pieds et mains liés à cet organe qui peut évoquer Jeff Buckley, Andrew Bird ou encore Patric Watson mais au fond sa voix possède sa propre identité : douce, carressante, suave et si mélodieuse... le paradis sur terre en quelque sorte.
Au-delà des apparences ? Oui, car s'il est distribué par Universal et bénéficie d'une jaquette immonde, cet album est devenu mon album de chevet pour les raisons suivantes : dès l'ouverture sur du ukulélé de Sixteen, on sent que l'on ne se retrouve pas en présence de n'importe quel folk man ! S'il constitue la sensation du moment cela n'est pas pour rien (pour une fois...) cette chanson qui bénéficie de magnifiques arrangements de corde est à se damner purement et simplement, remplie d'émotions cette ritournelle saura toucher votre petit coeur pour la circonstance. De même le doux folk de Voices bercera de la plus délicieuse façon qui soit vos oreilles agressée par la télé et la radio. Un bijou. On My Hands qui mêle à merveille jazz et folk finit sur une belle note reggae. Difficile de ne pas être séduit par ce morceau, c'est moi qui vous le dis. Could You Be Trusted relève le rythme avec un son un pop rock très accrocheur, ce n'est pas à priori le type de morceau que j'affectionne et pourtant son charme et sa fraîcheur irrésistibles en font un highlight. Toujours sur une note plus enlevée l'excellent Something Wicked This Way Comes ne démériterait pas sur une bande originale de James Bond ou de Quentin Tarantino. Sur Where Did The Day Coltman se la joue crooner sur un mode jazzy feutré qui lui va comme un gant. Beware Jamie Cullum ! Un met délicieux. Sur le doux et mélancolique
Greener Than Blue on peut percevoir quelques notes d'accordéon ou de trompette qui apportent un côté atypique à ce morceau divin qui est à écouter d'urgence. All The Lovers Come And Go These Days de nouveau lorgne sur le côté crooner décalé façon Adam Green et le résultat qui nage entre jazz et folk façon ukulélé est vraiment des plus délectables, un de mes morceaux favoris. Magpie sur un rythme syncopé façon reggae/ska ne rompt pas le charme de l'album il en rajoute ! Humeur bon enfant de mise, c'est un plaisir du début à la fin. As The Crow Flies II garde un tempo chaleureux pour nous procurer un plaisir léger et sautillant tandis que The Moon Caught In The Tree nous replonge dans une ambiance plus mélancolique sur quelques accords de guitare entêtants. C'est sublime, une de mes préférées. Ballad Of A sad Young Man clotûre de façon simple, belle et émouvante cet opus sur une note jazzy piano-voix
90/100 : un grand artiste est né ! Non, je n'exagère en rien, son charisme, sa générosité ainsi que la chaleur et l'émotion qui se dégagent de cette pépite en font pas seulement le must du moment mais un must tout court. Au-delà de l'étiquette folk qui peut se dégager de l'album mais qui est trop restrictive, ce qui étonne c'est l'élaboration de l'album : au-delà de l'impression de simplicité et d'acoustique, on sent rapidement avec les écoutes prolongées les détail des arrangements, des instruments choisis, finalement on finit pas se ranger à l'avis suivant : le son de cet album est original, élégant et sophistiqué. Mais le pire vient à venir : vous vous retrouverez très rapidement addicted à cet album attachant qui constitue l'une des plus belles surprises folk de l'année.
Cet artiste courtraisien (partie flamande du pays belge) a sorti deux premiers albums I'm Seeking Something That Has Already Found Me (1996) et This Last Warm Solitude (1998) à consonance pop rock avec une touche trip hop/éléctro light sans obtenir l'accueil qu'ils méritaient. 2001 est un tournant dans la carrière de Piet Goddaer (son vrai nom), Birthmarks fait exploser le potentiel artistique de ce grand musicien et sa voix si caractéristique commence à prendre une ampleur monumentale. Le succès d'estime du public commence à poindre son nez, en tous les cas dans la région flamande de la Belgique, à mon avis les single divinsSweet InstigatoretWord Up ne doivent ne pas être étranger à ce succès naissant. 2004 et la sortie de The Sailor Not The Sea vient parachever le travail de près de 10 ans de carrière artistique d'Ozark Henry, un album exceptionnel en tous points de vue, il suffit d'écouter Indian Summerpour être convaincu qu'il vient d'acquérir le statut d'artiste avec un grand A. The Soft Machine (2006) dernier album studio en date atteint les sommets dans sa carrière artistique, je peux, sans prendre de grands risques, affirmer que c'est un petit chef d'oeuvre de pop expérimentale, écoutez We Were Not Aloneet These Dayspour en être convaincus. Bien entendu, il a contribué à de nombreux autres projets et à sorti l'an dernier un Best Of mais tout cela reste que des projets connexes.
Mais en quoi la musique d'Ozark Henry est si particulière ? Au début de sa carrière, si sa musique n'était pas parfaite, elle pouvait être qualifiée de révolutionnaire par rapport à ce que sortait la plupart des artistes belges (en particulier les francophones relativement trop inspirés par la mauvaise variété française) : sa musique était planante, complexe même si par moments les ficelles étaient un peu trop voyantes. A partir des années 2000's sa musique va s'affiner et prendre une orientation pop/rock au sens le plus noble du terme : on compare souvent son travail à U2 ou Coldplay mais je trouve la musique d'Ozak Henry plus inspirée et plus personnelle que celle de ces groupes. Quand j'écoute cet artiste : je m'évade, les sonorités riches et complexes de ses chansons mélodiques au possible me transportent. Je ne m'avance pas de trop non plus en affirmant que cet artiste possède une aura, un charisme scénique hors du commun. Ozark Henry n'est pas qu'un bidouilleur de studio, sur scène tout le monde est unanime : il est unique.
J'ai appris récemment qu'un cd Live nommé Grace était sorti avec un quotidien néerlandophone De Morgen il y a quelques mois en Flandres. Stupéfaction, aucune information ne circule à propos de ce projet : est un vrai live ? ou une compilation ? Une sortie prévue en francophonie ? Rien, jusqu'à ce que je tombe il y a trois semaine à la Fnac de Liège sur ce cd au prix modique... 6,99 euros. D'après la tracklisting, certains morceaux étaient plus connus tandis que d'autres provenaient de bandes originales ou d'autres projets annexes. Ni de une, ni de deux, je l'achète, on verra son contenu plus tard ! En rentrant chez moi, je prends mes renseignements avec le livret : il s'agit d'un Live enregistré en février 2008 en studio : les morceaux sont réarrangés afin de leur donner une tournure plus intimiste, plus dépouillée : ilssont davantage axés sur le mode piano-voix avec quelques effets subtils et élégants afin de mettre en valeur le côté planant et enchanteur de sa musique.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : cet enregistrement est magistral, voici de quoi vous convaincre de cette affirmation qui peut sembler sommaire. To Walk Again (issue de la bande originale du film documentaire To Walk Again) bénéficie toujours d'arrangements somptueux mais plus dicrets que l'originale, ce qui accentue le côté éclatant de ce morceau émouvant. Sweet Insigator (issue de Birthmarks, 2001) se défait de ses habits pop rock pour endosser ceux du piano-voix au ton un peu désabusé. Sublime. Splinter (issue de The Soft Machine, 2006) est un des morceaux qui m'a le plus marqué d'Ozark Henry, son petit côté trip hop acidulé me fait triper à chaque fois que je le réécoute. Dans ce cadre, elle prend une tournure encore plus sombre avec ses choeurs fantomatiques. Cette relecture me plaît presque davantage que l'originale, c'est dire. Un bijou. Vespertine (The Sailor Not The Sea, 2004) se défait de son côté un peu sauvage pour faire ressortir l'émotion des paroles. Grace (issue de la bande originale de To Walk Again) est une des plus belles compositions de Piet, pleine de grâce à l'image de son titre, on se sent comme relâcher en apesanteur à son écoute. Un chef d'oeuvre. Jailbird(issue de The Soft Machine, 2006) perd légèrement de son rythme initial au profit d'une version plus légère mais par contre il conserve son rythme chaloupé qui fait sensiblement songer au reggae. Une superbe revisite.
Me And My Sister (issue de This Last Warm Solitude, 1998) est au départ une version assez expérimentale façon trip hop, ici elle gagne en fluidité, et toujours ce rythme chaloupé qui caractérise de plus la musique de Piet. Très beau résultat. Sun Dance (issue de The Soft Machine, 2006) dépouillée de ses cordes omniprésentes sur la version originale, bénéficie d'une belle tension qui va crescendo. Indian Summer (The Sailor Not The Sea, 2004) est un de mes morceaux favoris de Piet et je me demandais bien comment il allait restituer l'intensité de ce morceau sans tous les effets sonores assortis à l'original. C'est sous estimé ce multi instrumentaliste qui use de toutes les astuces pour revisiter avec encore davantage de douceur ce morceau tout droit sorti du paradis musical. At Sea (The Sailor, Not The Sea, 2004) qui au départ possède la fulgurance des envolées musicales de Coldplay s'en voit dépouillée au profit d'un piano-voix émouvant. La nouvelle version de l'excellent Morpheus (issue de The Soft Machine, 2006) se voit attribuer un tempo ralenti pour la circonstance mais n'en reste pas moins un morceau nerveux et puissant. Godspeed (qui figure sur The Collection, 2007) est un morceau vivifiant et chaleureux qui caressera vos tympans avec délectation avant d'attérir sur la ballade mélancolique Le Temps Qui reste qui à la base est un morceau qui lorgne du côté de la dream pop avec ses arrangements paradisiaques, ici le morceau se fait plus aérien et aéré, la relecture sans être fondamentalement différente est très intéressante à l'écoute. Plus étonnante est la revisite de Word Up, fini les choeurs soul, fini les synthé omniprésents, les effets mis de côté, je me retrouve face à une magnifique relecture d'une de mes morceaux favoris. Une fin en apothéose.
Inutile d'en dire davantage (6 paragraphes vous ont achevé, de même que ma personne), pour 7 ou 8 euros vous (le belges - hélas je ne sais pas pour les autres nationalités mais contactez-moi si vous voulez découvrir l'album dans son entièreté) pouvez vous procurer ce cd qui est un must absolu pour ceux qui veulent découvrir cet artiste de génie et pour les fans.
J'ai décidé d'organiser mon premier Blind Test. Ce n'est pas original comme concept je l'accorde mais cela permet d'échanger des idées et d'interagir davantage.
Qui a donc repris le classique et indémodable morceau Stop de Sam Brown pour en faire cette ballade acidulée ?
Je ne sais pas si cela est compliqué, à vous de me le dire.
Update 21/11/2008 Bravo à Carbon qui a trouvé la bonne réponse (trés rapidement) : il s'agissait de Hafdis Huld, une chanteuse islandaise, ex membre du groupe GuGus, je parlerai la semaine prochaine de son premier album Dirty Paper Cup sorti en 2006.
Ainsi que vous avez pu constater : la musique française et moi cela fait deux, voir beaucoup plus. J'ai évoqué Barbara Carlotti, mon coup de foudre de cette année 2008 (mais je n'ai même pas encore pris la peine de chroniquer ses deux cd's tellement je suis fainéante), Little et Claudine Muno point à la ligne. Ce matin quand j'ai découvert Marianne Dissard cela fut une excellente surprise, j'ai été intriguée par le fait qu'elle ait collaboré avec Joey Burns (Calexico) dans le cadre de ce premier projet musical Entredeux.
Cette française d'origine qui a migré aux Etats-Unis à seulement 16 ans a en effet sympathisé avec Joey Burns avec lequel elle collaborera en duo sur The Ballad of Cable Hogue de l'album Hot Rail de Calexico. Ce qui frappe d'entrée quand vous découvrez cette chanteuse c'est, bien entendu, sa voix : grave, sensuelle, envoûtante, une découverte française pas commune vu que le chic chez les "nouvelles" chanteuses françaises c'est de ne pas posséder de voix encore moins de voix remarquable (il paraît que cela compense une écriture plus réaliste ou inspirée, mouais... le mieux serait d'allier les deux). Pour en revenir à nos moutons, j'ai écouté l'album Entredeux paru récemment (octobre 2008) et j'ai beaucoup apprécié le mélange de musique Americana et de chanson française, c'est certainement un des rares albums qui a réussi ce mélange plutôt douteux sur papier mais qui fonctionne à merveille dans le cadre de ce premier opus prometteur.
Tracklisting : 01. 6am Corner 02. Innocent When You Dream
03. Come With Me
04. Before It Goes 05. Blue Fields 06. Frame
07. Grey Goes
08. Weather Forever 09. Shoulders 10. Armchair
11. Rolling Down 12. All 13. Holes In Your Life
Alors que les médias plasmodient à tout va sur le soi-disant folk (il paraît que c'est folk/soul mais le résultat est surtout soûlant) d'Adèle, les grandes folkeuses anglaises telles qu' Eliza Carthyet Kathryn Williams qui sévissent sur la scène anglaise depuis plus de 10 ans n'ont droit qu'à une veine reconnaissance théorique très appuyée par les médias britanniques dits "sérieux" et un public anglais restreint mais fidèle, cela leur fait une belle jambe car elles méritent une reconnaissance au niveau mondial !
Au palmarès de Kathryn Williams : 7 albums (la plupart des albums sont indispensables à l'écoute, je suis en train de les acheter à bas prix sur ebay angleterre) dont Little Black Numbers qui a bénéficié en 2000 d'une nomination au titre de meilleur album anglais de l'année au prestigieux Mercury Music Prize, en outre elle a collaboré avec John Martyn, Thea Gilmore ou encore Tobias Froberg (Ane Brun, Sofia Talvik), etc. Brillante Auteur/compositrice/interprète, Kathryn possède la plus charmante voix qu'il m'ai été d'écouter : angélique, délicate, caressante à l'extrême, exquise. Quand à Neill MacColl, peu d'informations circulent à son sujet : il a été musicien aux côtés de David Gilmour, Lou Rhodes, Beth Gibbons, Steve Earle, K. D. Lang (que du beau monde) et a rencontré Kathryn dans le cadre d'une reprise d'une chanson écrite par son père qu'il devait enregistré avec la gente dame, ce qui a donné au final un album de 13 chansons enchanteresses. Du point de vue écriture et du jeu des instruments, les deux compères se partagent équitablement les tâches, vocalement si Neil nous fait part de sa bien jolie voix de temps en temps cela n'est qu'un support pour la combien douce et hypnotique voix de Kathryn.
Maintenant à proprement parler de l'album, je cale un peu : comment décrire avec des mots justes qui ne soient pas surfaits la magie opérée par cette rencontre musicale pleine de tendresse (6 am Corner et Come With Me qui est à écouter d'urgence), de douceur (Innocent When You Dream, reprise de Tom Waits), de subtilité (Before It Goes), de ravissement (Blue Fields), de splendeur (Frame), de surprise (le troublant Grey Goes), de délicatesse (Weather Forever), de mélancolie (Shoulders), de générosité (Armchair), de sensibilité (Rolling Down), de légéreté (All) et de sublime poésie (Holes In Your Life). Je crois bien avoir fais le tour de tous les qualititifs concernant cet album qui se redécouvre à chaque nouvelle écoute. Des arrangements délicats, élégants et subtils viennent illuminer cet envoûtant et superbe opus pour le plaisir des oreilles.
100/100 : une pure merveille, oui je n'exagère pas, je redécouvre Kathrym Williams comme au premier jour des années auparavant (je l'avais un peu perdue de vue, ses albums n'étant pas très bien distribués en Belgique) et c'est toujours la même fraîcheur, honnêteté, simplicité et suavité qui caractérisent cette artiste beaucoup trop méconnue. Le fonctionnement du duo artistique marche parfaitement, musicalement cela reste dans la lignée d'un folk classique mais ce cd possède une étincelle, une luminosité hors du commun. J'ai été davantage qu'enchantée par ce joyau musical (et d'ailleurs je suis sûre qu'une suite y sera donnée), je ne peux que le nominer comme meilleur album folk de l'année 2008. C'est le moins qu'il mérite.
Robin Thicke a débuté, avec succès à la clef, sur la scène Pop/R&B/Soul en tant que compositeur/producteur pour des artistes du calibre de Brandy, Mary J. Blige, Christina Aguilera, Mariah Carey, Brian McKnight, Michael Jackson, etc. ensuite, remarquant sans doute qu'il avait également des choses à dire et qu'il possédait une jolie voix, il s'est lancé dans une carrière solo sous le simple nom de Thicke et A Beautiful World est apparu en 2003. Cet album fourre-tout (pop-rock/R&B à toutes les sauces) a bénéficié d'un certain buzz du au morceau When I Get You Alone (cette chanson m'a cassé les oreilles un nombre certains de fois mais je vous conceille de revoir la vidéo que j'ai mise en lien rien que pour le revoir avec des cheveux longs). Je n'avais rien contre cet album mais sa voix n'était pas encore mature et cela me faisait penser de temps en temps à du Jamiroquai, ce qui pas nécessairement positif à mes yeux. Comme vous pouvez le remarquer, j'ai du mal avec les artistes masculins de R&B/Nu-Soul : je n'ai jamais apprécié R. Kelly, Eric Benet, Joe, Jaheim, Dwele, Brian McKnight, Chris Brown, Ne-Yo, Mario, Usher, Bobby Valentino (la liste peut être longue), je les ai toujours trouvé mièvres, répétitifs, très peu intéressants, en effet aucun de ces messieurs par exemple ne peut prétendre égaler la créativité, l'écriture et le talent d'Erykah Bady, d'Amel Larrieux ou d'India.Arie. Les rares artistes masculins R&B/Nu-Soul que j'apprécie (et qui sont vivants à l'heure actuelle) sont Stevie Wonder, Leon Ware,D'Angelo, Maxwell, John Legend, Eric Roberson, Anthony Hamilton, Frank McComb, Vikter Duplaix, Rahsaan Patterson et Raphael Saadiq, point barre.
Jamais je n'aurai pensé à ajouter le nom de Robin Thicke à la liste et pourtant alors que j'écoutai en 2006 de façon distraite et sans rien attendre (vu que je n'avais pas adhéré entièrement à son premier effort) son second opus The Evolution Of Robin Thicke, je me suis dit au bout de la deuxième chanson : "et bien c'est pas mal du tout" et à la fin "je me sens bien, relaxée, de bonne humeur, c'était un super moment !". En effet, d'abord j'ai redécouvert un Robin Thicke dans son vrai élément la Soul avec un grand S, son falsetto plus mature ne fait plus trop songer à Justin Timberlake mais a gagné de en rondeur et fluidité et rentre désormais davantage dans la catégorie de Prince ou de Marvin Gaye, ce qui est une nouvelle enthousiasmante. Ensuite, quand on écoute cet opus on ne peut s'empêcher de constater que la recette du Loverman musical est appliquée de façon classique mais avec une classe, une élégance et une humilité qui le différencie aisément de tous ces concurrents actuels (même de mon chouchou John Legend), il possède une vibe crooner exceptionnelle qui n'appartient qu'à lui.
C'est vrai les 2/3 de l'album ne sont composés que de ballades, et oui ! Je ne suis pas une grande fan de ce genre musical dans le R&B car cela part souvent dans les méandres de la molesse et de la contre-inventivité, ce sont des chansons souvent qualifiées de filler, de bouche trou entre deux up tempos vendeurs, dans le genre "on doit bien remplir un album" ! Le concept dans le cadre de cet album c'est l'inverse : il y a quelques chansons up (plutôt mid) tempos très accrocheuses et superbement foutues telles que : le magnifique Got 2 Be Down, duo avec Faith Evans aux délicieuses éfluves 70's, le sautillant et frais All Night Long (qui peut faire songer aux meilleures productions de R. Kelly avant qu'il se fourvoie totalement), le fantastique Everything I Can't Have qui mêle jazz et mambo (si, si) qui est l'un des grands highlights de l'album, le ténébreux Wanna Love U Girl produit par mon chouchou Pharrell, une pépite, Shooter qui est excellement revisité et le petit chef d'oeuvre Cocaine, qui est à écouter d'urgence. En ce qui concerne spécifiquement ces 2/3 de ballades, il met un coup de pied à l'adage déclamant que "trop de ballades tue la ballade", on n'est pas dans un album de Mariah Carey (l'adage a sûrement été fait sur mesure pour la donzelle) mais dans un vrai album soul et non pop : à noter l'excellent Complicated sur lequel ses superbes notes aigues font le délice des oreilles féminines, l'existentiel Would That Make U Love Me, la pépite de douceur et de tendresse incontournable Lost Without You, le rondement chaloupé Teach U A Lesson, le marvin gayien I Need Love, la ballade qui tue tout sur son passage le joyau 2TheSky et le frissonnant et délicat Angels.
17/20 : un nouveau départ pour Robin Thicke qui a trouvé son créneau la soul pour les lovers. Tendresse, douceur, classe et générosité caractérisent une des meilleures productions de R&B de 2006. Si vous pensiez ne pas aimer le R&B, le crooner Robin Thicke pourrait vous faire changer d'avis à l'écoute de cet excellent opus maîtrisé. Les ballades (jamais trop mièvres ou surfaites) vous feront fondre comme neige au soleil (surtout pour vous mesdames) et les mid tempos s'avèrent originaux et beaucoup plus pointus les 99% de la production actuelle de R&B. Le seul tout petit bémol sur 16 chanson, immanquablement une ou deux sont un peu de trop ou moins marquantes, ce qui est logique mais ce qui n'entache jamais l'album en lui-même. A déguster sans modération c'est garanti sans choléstérol.
Lost Without You :
Après un excellent premier album on attendait sur les charbons ardents la suite de l'aventure. En effet, Robin Thicke assurent toujours le boulot pour des artistes de R&B pas toujours de première crédibilité - mon avis qui reste personnel (il y a mieux quand on évoque Ashanti ou Usher) et Something Else est repoussé de mois en mois, ce qui ne laisse pas toujours présager les choses sous leur meilleur aspect (finalment il avait raison, juin étant un mois mort pour la promotion d'un album, les gens ont autre chose à faire que d'acheter des albums pendant cette période à cheval entre les examens, le boulot et les vacances). Et puis survient la délivrance : la sortie de Something Elsefin septembre 2008, et le moins que l'on puisse avancer c'est de nouveau la classe intégrale de bout en bout, dès les premières écoutes, on se laisser envoûter par sa magnifique voix pleine de promesses. Cet album plus concis, encore mieux produit et équilibré que les deux précédents, est hanté par Marvin Gaye, le disco/soul et même Sade et Lenny Kravitz, si, si , c'est possible et en plus le résulat n'est que du pur bonheur.
You're My Baby reprennent le cours des événements de l'album Evolution, une magnifique ballade toute en rondeur et tendresse avec des intonations très sensuelles que ne renierait pas Marvin Gaye. Sidestep fait ressurgir le disco par la grande porte, un morceau d'une classe folle, il a amélioré considérablement son seul petit défaut évident : la fluidité de son groove, maintenant il peut défier sans honte Usher et tous ses clones, le résultat est génial. Magic, premier single, est comme son titre l'indique magique, doux, sensuel, dancant, classieux, il est le seul à pouvoir concurrencer la rondeur de Raphael Saadiq sur son dernier opus The Way I See It sorti quasi simultanément. De nouveau le fantôme d'After The Dance de Marvin Gaye ou de Move On Up de Curtis Mayfiled se profile sur ce morceau disco/soul. Ms Harmony nous fait atteindre les délicieuses sphères du paradis musical, ce morceau hors du temps est smooth à souhait avec des arrangements délicats et élégants.
Dreamworld fait définitivement entrer Robin Thicke dans le clan fermé des grands soulmen : cette ballade mélancolique qui nous propose sa version de ce que le monde devrait être est un petit chef d'oeuvre aux belle paroles : "I would tell (Vincent) van Gogh that he was loved, there's no need to cry/I would say to Marvin Gaye that your father didn't want you to die/There would be no black and white, the world would just treat my wife right/We could walk down in Mississippi and no one would look at us twice." A écouter d'urgence. Alors que je pensais avoir atteint l'apothéose de l'album voici Loverman ou la rencontre entre la musique Sade et la voix de Marvin Gaye, c'est sans conteste l'une des plus belles chansons soul que j'ai entendues, je conseille vivement à tous les nostalgiques de Maxwell (moi comprise) d'écouter ce petit chef d'oeuvre de sensualité et de mélancolique.
Hand On My Love produite par Mark Ronson est la première chanson sur laquelle Robin se déchaîne, à première écoute j'ai pensé à du Lenny Kravitz mais cela est excécuté avec tant de sex appeal et d'humilité que je me trompai certainement ! Un morceau détonnant et pourtant qui porte l'empreinte musicale toujours très smooth de Robin qui refuse de singer qui que ce soit (contrairement à celui qui a le melon). The Sweetest Love, quintessence de la ballade qui tue, est sans conteste un clin d'oeil appuyé à sa jolie femme, le genre de ballade sur laquelle il serait agréable de tomber amoureux. Superbe avec des arrangements toujours très élégants. Something Else est un morceau qui lorgne, dela même façon que Magic, sur le genre disco/funk/soul et le résultat est si agréable, si frais qu'il n'est pas possible de ne pas succomber à son charme. Sexy ! Shadow Of The Doubt est diablement très funky, une seule envie à l'écoute de cet excellent up tempo, remuer son arrière train ! Cry No More est une ballade acoustique enchanteresse, divine, une des plus belles chansons de l'album capable de soulever des montagnes de tendresse. Tie My Hands parle ouvertement de l'ouragan Katrina, la chanson possède des paroles pleine de sagesse "The sky is falling and the only thing that can save us now is sensitivity and compassion" et un beat plus moderne qui démontre un Robin Thicke à l'aise sur beaucoup de registres. Une fin superbe.
17,5/20 : plus pointu et direct que son très bon prédecesseur cet opus ne souffre d'aucun défaut ou de point faible. La seule critique qui lui a été adressée, par quantité de médias, est sans doute vraie : il ne sera peut être jamais au niveau d'un Marvin Gaye ou d'un Curtis Mayfield, et puis ? Et alors ? Qu'est ce que cela peut faire ? Qui peut se dire être ou approcher du niveau de ces monstres sacrés à l'heure actuelle ? Je peux répondre : personne ! Alors que le formidable The Way I See It de Raphael Saadiq reçoit des éloges méritées de la presse, Robin Thicke ne reçoit que les reste, ce qui est foncièrement injuste, cet opus est du même calibre, un hommage à la musique qui les a inspirés durant toute leur vie. Un des meilleurs albums R&aB de 2008, c'est mon dernier mot !
Ah quelle joie d'avoir découvert cette chanteuse suédoise de naissance mais danoise d'adoption, totalement ignorée tant par les anglophones que par les francophones... et oui très peu d'informations circulent à son sujet. Le titre de son album ne fait pas de mystère sur sa situation, c'est le huitième album de sa carrière à rebondissements multiples : d'abord 4 albums qui sont... plutôt pop, dance, disco (?) enfin pas vraiment ma came, si je puis m'exprimer de la sorte et puis vient son ère jazzy qui débute avec Don't Explain (2003) et Made In Europe (2004) des albums essentiellement composés de grands standards de la musique (+ quelques compositions personnelles) revisités avec classe et sobriété par contre Love Or Nothin' (2006) décide de pimenter un peu les enjeux en assenant un traitement moins classique, moins orthodoxe en y ajoutant un pointe lounge et acid jazz et davantage de compositions personnelles. Le choix du jazz n'est pas anodin, il peut être même taxé d'opportuniste par celle qui est décrite comme une diva mystérieuse mais finalement je m'en contrebalance car sa voix, messieurs, dames, j'en suis éperdument éprise : veloutée, sensuelle, mystique, elle m'a jeté un sort et je suis à sa merci. Non, plus sérieusement c'est une grande voix ignorée qu'il serait dommage de ne pas découvrir !
Dans le cadre de No. 8, la même recette est appliquée que pour Love Or Nothin' avec davantage d'homogénéité et finalement de réussite. Le sort est jeté dès Ribbon Bow (chanson qui relève du domaine public) : un charme fou, ensorcelant, le temps s'arrête et seules quelques percussions et la voix sensuelle sans artifices de Caroline viennent caresser nos oreilles de la plus douce des façons. Vient ensuite une revisite du classique Bang, Bang de Sony Bono, une version cabaret jazz à la fois sombre et grandiloquente dans ses arrangements, le résultat est aussi puissant que réussi. Unchained Melody est la chanson dont beaucoup d'entre nous sommes lassés (et je ne vous dis pas depuis que Johnny Hallyday vient de la traduire en français pour son dernier album, cela devient n'importe quoi), Caroline parvient à restaurer une étincelle à ce classique mangé à toutes les sauces (souvent les plus indigestes, d'ailleurs) et à lui redonner un goût de paradis sur fond d'arrangements sobres et élégants.
I Concentrate On You de Cole Porter est dépoussiéré pour devenir une version plus dépouillée et langoureuse relevée par la sensualité de l'interprétation de Caroline qui s'approprie le sujet avec brio. Superbe. De même But Not For Me bénéficie d'un traitement plus moderne très séducteur. Everywhere, seule composition de Caroline, est l'une des meilleures pistes de l'album qui mêle, dans le cadre d'une ambiance sombre, jazz et musique classique. Un petit chef d'oeuvre à écouter d'urgence. Sérieusement, la prochaine fois, elle doit penser à s'y mettre davantage car ses compositions sont de très bonne qualité. There will be time enough for rocking when we're old des Magnetic Fields garde toute sa sobriété, son psychédélisme et son magnétisme en compagnie de cette belle interprète. It Ain't Necessarily So (couple Gershwin) révèle la flamboyante jazzwoman/diva que peut être Caroline Henderson, légère, évanescente, elle survole ce classique avec une facilité apparente et une classe folle.
When You're Smiling (popularisé par Louis Armstrong) perd son côté débonnaire et pétillant pour prendre des habits plus sombres, c'est superbement fait, cette nouvelle version apporte vraiment une nouvelle facette à cette chanson. Caroline excelle sur la reprise d'I Got Lost In His Arms (Berlin), elle devient cette femme un peu fragile, envoûtée. Au lieu de séduire, elle se fait séduire et transmet cette émotion avec une grande justesse. C'est toujours très culotté de reprendre un morceau de Nick Drake, voir c'est carrément casse gueule et pourtant cette "refonte" de Riverman avec cet ajout jazzy est des plus subjuguants. Une de mes préférées ! Last Night When We Were Young garde toute son élégance légendaire sous l'égide du groupe de musiciens qui apportent cette ambiance feutrée si envoûtante, sans oublier la belle et délicate interprétation de l'artiste. Love Is Like A Cigarette possède la sensualité exacerbée et le mystère qui vont de mise avec cette sublime chanson réarrangée pour la circonstance avec le producteur Anders Christensen. Un morceau brûlant dans tous les sens du terme. A écouter, un final en apothéose.
J'ai réellement pris mon pied musical en écoutant cet album, le jazz peut être ennuyeux ou certainement hermétique mais ici cela n'est que plaisir et volupté en compagnie de Caroline Henderson. Elle ne reprend pas que des morceaux attendus, elle choisit instinctivement des morceaux qui lui parlent, on sent qu'elle voue un grand respect à ces morceaux, d'ailleurs ils sont toujours reconnaissables mais revêtent une parure plus moderne et de temps en temps plus dénudée comme pour approcher au plus près la vérité intrinsèque de ces morceaux. Vous appréciez les belles ambiances feutrées et les voix féminines qui vous font tourner la tête ? Cet album est fait pour vous, pour moi. Un de mes plus grands pêchés mignons de 2008.