Découverte sur le site Naturalismo, j'ai eu un gros coup de coeur pour Sharon Van Etten, sa voix de sirène m'a littéralement transportée dans son univers néo folk/gothique. Depuis Marissa Nadler, Noa Babayof et encore une autre chanteuse (récemment découverte dont je partagerai mon coup de coeur ultérieurement), je n'avais plus ressenti un tel engouement pour ce genre musical particulièrement mélancolique qui invite volontiers tant au recueillement qu'à la dépression.
De suite, j'ai été sur son site qui proposait pour une somme modique (je pense +/-10 dollars) un enregistrement fait maison de A à Z (instrumentation, composition, etc.) nommé très justement Home Recordings qui proposait 11 chansons. Ces 11 diamants bruts (enregistrement analogique) sont de toute beauté, leur charme à l'état brut est vraiment rafraîchissant en ces temps où la production donne souvent un son un peu lisse à certains albums. La musique éthérée de Sharon est subtile, remplie d'aspérités, de doux murmures mélancoliques et surtout d'une âme : sa musique acoustique (presque ascétique) et son chant sont profondément habités et provoquent à tout instant une électricité dans l'air et la chair de poule.
Cet opus fait maison contient de superbes compositions dont on retrouvera certaines sur un vrai premier album Because I Was In Love avec à la production l'incontournable Greg Weeks (Espers, Marissa Nadler, etc.) qui est prévu de sortir le 26 mai 2009 sur Language Stone (label de Greg Weeks), ici pour de plus amples informations. En attendant, je vous invite à faire connaissance avec la musique de Sharon Van Etten qui constitue d'ores et déjà l'une des plus belles découvertes de 2009. Dans ce but, je mets en écoute intégrale Home Recordings et je défie quiconque de ne pas être emballé par les perles intemporelles et planantes que sont I Wish I Knew, For You, Tornado, Have You Seen et Where Is My Love.
Un premier jet d'une beauté contemplative glaciale et solaire. J'ai hâte que son premier vrai essai Because I Was In Love sorte afin de comparer et d'écouter le résultat de la collaboration entre Sharon Van Etten et Greg Weeks. Sublime et incontournable pour les amateurs de belles voix et d'univers particuliers.
Note Finale : 16,5/20
Site Officiel (Home Recordings et Because I Was In Love sont en vente sur son site)
Cela fait deux ans que les médias parlent de Moriarty, cela fait également presque deux ans que je les connais et plus d'un an que je possède cet album. Pourquoi en parler maintenant ? C'est justement là l'intérêt : attendre que le soufflé retombe pour voir s'il tient toujours. Certains albums qui ont eu un large écho sont hélas souvent sur estimés, l'adrénaline retombe et le vide s'installe. Alors que le groupe vient de sortir une bande originale La Véritable Histoire du Chat Botté qui ne constitue pas un deuxième album (il contient quelques beaux moments mais c'est assez expérimental, cela reste donc une bande originale) il me semble pertinent de parler de leur premier album déjà culte pour moi : Gee whiz but this is a lonesome town.
Oui, le mot est lâché : culte. Rarement un album ne m'avait autant emporté dans des contrées imaginaires sombres ou enjouées, l'onirisme d'ailleurs est la qualité première de cet album qui n'aurait pas démérité à figurer comme BO pour l'univers de Tim Burton ou de la série culte Carnivale de HBO. La musique en est la deuxième : blues, cabaret, folk ou country, on se sent transcendé, happé dans un autre monde ou une autre époque qui évoque les années 20's et 30's, le son volontairement crasseux, analogique contribue beaucoup à l'atmosphère surréaliste de l'album. La troisième, et non des moindres, c'est la voix époustoufflante de Rosemary la touche américaine de ce groupe français. Très rétro, chaude comme la braise, dynamique, puissante dans les aigus ou subtile, l'organe de Rosemary ne laissera personne indifférent. Elle m'a sciée la première fois que je l'ai découverte et possède, selon moi, déjà une place dans le panthéon des grandes voix soul/blues.
Jimmy est la première chanson que j'ai découverte au travers d'un clip : harmonica et autres instruments instaure une ambiance rustique sur ce morceau d'une beauté noire, il est objectivement impossible de ne pas aimer cette merveille. Il est même quasiment impossible d'admettre le fait que ce sont des français et non des américains derrière ce projet ambitieux qui est de restituer une période révolue de la musique américaine. Sur une note plus enlevée qui n'est pas sans rappeler la musique cabaret et le blues Loneliness, ce magnifique morceau en forme de comptine vivante à l'instrumentation et aux bruits incongrus (Rosemary y va de sa patte si je puis dire en jappant) est un bijou décalé. Nous restons dans le domaine de la comptine, Rosemary prend les traits d'une jeune femme de 19 ans qui s'engagera dans l'armée sur Private Lilly. Cette chanson émouvante au possible serait capable de faire pleurer les pierres (la performance désenchantée de Rosemary n'y est pas pour rien). Un petit chef d'oeuvre.
Le superbe blues de Motel couplé à la voix de Rosemary particulièrement belle et habitée sur ce morceau très typé et roots. La perfection. Animals Can't Laugh et son ambiance nocturne et saltimbanque nous fait entrevoir une face plus sombre de l'univers de Moriarty. Ensorcelant. Dans la même lignée, mais un peu moins décousue, Cottonflower est d'une mélancolie vénéneuse, de celle qui vous colle à la peau. Une perle. Whiteman's Ballad, sur un air faussement guilleret et virevoltant, raconte l'histoire d'un tueur et violeur. Un contrepied parfaitement exécuté. Un morceau à la fois sombre et entraînant. Une réussite éclatante. Tagone-Uran est sans doute la première chanson vraiment que l'on peut qualifier de ballade au sens le plus restreint du terme. Fini l'instrumentation foisonnante et déglinguée, on fait place à des arrangements épurés qui mettent en évidence la voix de Rosemary qui se fait légère douce. Superbe. Encore plus sombre, le spleen de Fireday est particulièrement prenant. Poisseux comme une pluie d'orage, beau comme un coucher de soleil sanguin. Oshkosh Bend propose une ambiance plus légère au folk bluesy appuyée mais n'empêche pas le poil de s'hérisser. Une merveille. Le cabaret jazz Jaywalker est des plus séduisants, un peu expérimental, on se retrouve plongé dans un univers très particulier sous le charme absolu de Rosemary. Une clôture fabuleuse.
Je ne peux trouver un seul défaut à cet album : les compositions sont solides et originales à l'image de leur univers musical et de leur choix d'instrumentation et des arrangements. Ils ne font pas que reprendre les influences de la musique américaine du débute des années 1900's et les appliquer à la lettre, non ils arrivent a insuffler une extravagance, une fraîcheur à un genre suranné et plutôt rigoureux. Déjà culte.
Ce matin j'ai découvert un artiste Scott Matthew (à ne pas confondre avec un autre folkeux moins intéressant - plus commun - Scott Matthews) qui m'a touchée. Il a sorti un premier album Eponyme l'an passé, un bel album passé hélas inaperçu. Cette année devrait être la sienne avec la sortie en mai 2009 de son second opus au titre extensible : There Is An Ocean That Divides And With My Longing I Can Charge It With A Voltage Thats So Violent To Cross It Could Mean Deathet qui risque bien de se retrouver dans les bilans musicaux en fin d'année. La vidéo du morceau White Horse frappe fort : un clip et une chanson d'une beauté et d'une poésie rares. En tous les cas, ce n'est pas la dernière fois que ce nom est évoqué sur mon blog car cet artiste possède une voix très particulière et son folk des plus mélancoliques et soyeux approche la perfection. Un coup de foudre ne s'oublie pas.
Al Jarreau est sans conteste l'un des plus grands vocalistes de notre temps : ce soulman dans l'âme possède une voix très caractéristique, d'une souplesse surnaturelle, capable de toutes les acrobaties possibles. Cependant, il faut bien l'avouer après ses quatre premiers albums We Got By (1975), Glow (1976), Look to the Rainbow (Live - 1977) et All Fly Home (1978) qui sont dilligentés avec maestria par les arrangeurs/producteurs de légende Al Schmitt (Steely Dan, Diana Krall, Ray Charles, etc.) et Tommy LiPumma (Miles Davis, Natalie Cole, Diana Krall, etc.), la carrière de cet artiste hors norme a sombré dans la facilité avec le désagrément supplémentaire que le son des années 80's... a fait en sorte qu'une bonne partie de son répertoire est maintenant totalement dépassé tant les arrangements et l'instrumentation sont devenus ringards à l'écoute. Et si l'on se penche sur sa discographie récente rien de bien excitant à l'horizon mais Tenderness (Live - 1994) et Givin' It Up (2006) avec George Benson restent des albums agréables bien qu'un peu lisses.
Il y a un sentiment de gâchis, cet homme à la voix d'or capable de scatter, de donner une empreinte profonde à chaque reprise ou de composer de très bons morceaux n'a plus donner le meilleur de lui depuis un bon moment et c'est sans doute pour cela qu'il n'est que très peu populaire auprès des puristes du jazz. Gageons que sa carrière studio (car en live il assure comme un Dieu) réserve encore quelques bonnes surprises avec un répertoire moins déjà vu et un vrai investissement, une vraie profondeur dans ses futures interprétations. Ce chanteur polyvalent capable de briller dans beaucoup de registres : jazz, pop, funk, R&B, soul, bossa, etc. a fait un des débuts musicaux rêvés : des excellents albums qui lui ont permis d'asseoir une notoriété d'interprète extraordinaire, des récompenses à gogo et un début de renommée auprès du grand public qui préférera hélas ses travaux (relativement médiocres) des années 80's faute de goût sans oublier qu'il a été l'un des premiers à repousser les frontières du jazz à la pop musique pour le meilleur et le pire.
Glow, deuxième album d'Al Jarreau après le jazzy We Got By, est un de mes albums préférés de ce grand monsieur de la musique. Sorti en 1976, il s'éloigne tout doucement de la ligne jazz dessinée dans le cadre du premier essai pour introduire la pop et même le doux parfum de la bossa nova. Rainbow In Your Eyes possède un groove imparable, un beat qui évoque la solarité du brésil, un bijou qui fait le plein de bonne humeur. Superbe. La reprise du hit d'Elton John Your Song est supérieure à l'originale. Cette chanson émouvante (remplie de bons sentiments) en crescendo bénéficie de la douceur incomparable des vocalises du filou d'Al Jarreau. C'est l'une des interprétations les plus réussies d'Al Jarreau qui démontre être à l'aise sur les chansons légères autant que sur les chansons plus profondes sans en faire des tonnes. On enchaîne avec le classique intemporel de Jobim le sublime Agua De Beber, la reprise d'Al Jarreau est époustoufflante, pleine de subtilité, de finesse avec un scat parfaitement exécuté. Un petit chef d'oeuvre du genre.
Have You Seen The Child est l'une des quatre chansons originales qui composent l'album. Un son urbain, funky pour ce morceau très cool, une petite merveille comme on en fait encore très rarement. On retrouve un Al Jarreau pointu et concentré. Toujours du matériel original, Hold On Me offre un morceau a cappella somptueux, tout est maîtrisé par le maître qui est une beatbox vivante. Impressionnant. Fire and Rain, une reprise de James Taylor ne manque pas de ferveur et d'émotions. Excellent et très soulful. Somebody's Watching You permet à Al Jarreau sur fond d'une mélodie particulièrement entêtante de scatter avec brio. Excellent. Milwaukee, pièce originale nous fait regretter amèrement ce qu'est devenu Al Jarreau. Ici, il se montre ambitieux, plein de talent, il nous fait partager un groove funky irrésistible. A écouter d'urgence. Sur une note d'une douceur extrême, Glow clôture l'album. D'inspiration brésilienne de par son rythme, ce morceau met en avant le côté crooner et séducteur d'Al Jarreau qui se montre sobre et sensuel. Une merveille.
Un classique, un album fait à moitié de reprises ? Oui, vraiment. Les nouvelles compositions sont aussi solides que les reprises d'excellents goûts. De plus, Al Jarreau est au sommet de son art, une voix fantastique sobrement utilisée. C'est l'un des dernières fois que l'on retrouvera un Al Jarreau solaire capable de composer des morceaux aussi solides et de se montrer humble et authentique nous laissant au final un goût amer de l'artiste lisse et bon enfant qu'il est devenu rapidement.
C'est l'un des secrets les plus jalousement gardés du Canada qui regorge pourtant à profusion de chanteuses plus que charmantes et talentueuses. En effet, Emma-Lee possède une voix à la texture veloutée et délicate qui vous enverra tout droit au paradis. De plus, cette jeune femme allie parfaitement pop subtile et musique rétro des 50's. De quoi mettre tout le monde d'accord sans néanmoins vendre son âme au diable de la mainstream de mauvais aloi car si la musique d'Emma-Lee est abordable, elle est également brillamment exécutée et s'avère un délice pour les oreilles, une telle fluidité dans cette entreprise assez délicate est très certainement jalousée par certaines de ses consoeurs canadiennes. Avec Never Just A Dream sorti en 2008 (en autoproduction) et réédité par sa nouvelle maison de disque, Emma-Lee sort un premier album qui fera parler de lui.
De suite, on est frappé par ce velouté et cette fluidité avec Bruise Easy, une ballade d'une beauté à couper le souffle qui nous introduit en douceur dans son univers musical raffiné et suranné. That Sinking Feeling possède un groove et une mélodie imparables. Quand je constate que des nouvelles chanteuses comme Adèle et Duffy qui rencontrent un grand succès sans faire dans la dentelle, je ne voix pas pourquoi l'élégance naturelle d'Emma-Lee ne ferait pas également mouche dans les charts. Ah si, il faut avoir un peu de goût... et être signée au sein d'une major... Le morceau titre Never Just A Dream verse dans une nostalgie à la fois langoureuse et brûlante. Superbe. Sur une note plus enjouée Jealousy n'est pas sans rappeler le travail de She & Him (dixit Zooey Deschanel & M. Ward, ici la chronique). Un morceau de cabaret pop relevé et enlevé au charme insidieux.
D'une simplicité confondante, le jazzy Flow met en exergue une artiste émouvante. Beau. Ambiance Hawai de rigueur sur le lancinant Isn't It Obvious qui offre dépaysement et détente. Une petite perle. L'ironique et entraînant Mr. Buttonlip vous donnera le sourire au lèvres mais c'est le buesy/jazzy An Older Man qui remporte la mise : sexy et sensuelle Emma-Le arrive à captiver et subjuguer. Un bijou. Where You Want To Be possède cette élégance et ce raffinement très caractéristique de l'ensemble de l'album, une ambiance cosy mais qui ne tombe pas dans une facilité dans la forme. Superbement arrangé. Sur une note mutine le morceau Until We Meet Again est à la fois virevoltant et insaisissable. Une petite pépite.
Un premier album très prometteur au charme fou mené par une artiste à la voix de velours que l'on a hâte de retrouver pour un second essai.
Note Finale : 14/20
Si vous voulez vous procurer cet album introuvable dans nos contrées d'ignorants, je vous conseille deux adresses : la boutique d'Emma-Lee ici ou une boutique canadienne de vente en ligne MioMusik ici (j'ai personnellement acheté cet album et plusieurs autres à des prix très compétitifs : +/- 10 euros avec les frais d'envoi gratuits, ils sont très sérieux et la réception est très rapide).
Trois albums 3.00 A.M. Serenades (2002), Baby Dry Your Eye (2004), I Think It’s a Rainbow (2006) ont fait d'elle une princesse de l'indie pop peu avant Miss Li (chouchoute absolue), Hello Saferide, Maia Hirasawa ou encore Lykke Li. Cette suédoise (une de plus) m'a charmée avec sa vidéo Bang Bang chargée de donner le ton de son nouvel album sorti fin mars 2009 qui répond au titre doux amer The Tear Collector. Un peu condidérée comme une superstar dans son pays, cette pop girl - dynamique et pleine de ressources - plus piquante qu'acidulée pourrait vous apporter peps et bonne humeur. A suivre, une prochaine chronique de cet album élclectique.
Mis à part quelques louanges anglophones et deux ou trois articles en francophonie, nous sommes tous passés à côté de la bien singulière américaine Cortney Tidwell. Rescapée de Nashville et de tous ses clichés, elle a réussi au travers de son premier album Don't Let The Stars Keep Us Tangled Up a créer un univers musical à dix milles lieues de sa ville natale qui consiste en un mix étrange et envoûtant de folk, pop, électro, jazz, dream pop, etc. le tout clairement influencé par des figures emblématiques telles que Björk (période Homogenic / Vespertine), Mazzy Star et autres Cocteau Twins. On pourrait trouver pire comme références, cependant il serait faux de croire que Cortney Tidwell fait du copier coller, loin de là, elle tire son épingle du jeu en ayant eu l'audace de digérer ces influences en les insérant dans son propre monde musical.
Au-delà de sa musique onirique aux multiples visages, Cortney Tidwell possède une voix vraiment superbe : ingénue, enfantine, douce et claire, elle transporte l'auditeur et lui permet d'accéder plus aisément à sa musique pas toujours évidente au premier abord. Eyes Are The Billions nous introduit à l'album de la plus exquise façon : des cordes enchanteresses, une voix émouvante qui font place à une ligne de guitares électrique période Mazzy Star. Une perle. Pictures On The Sidewalk mêle influences country avec modernité de façon très réussie et des plus charmantes. Missing Link est le grand highlight de l'album, un single au pouvoir un brin fédérateur pour adhérer à l'univers de Cortney, ce morceau électro pop/shoegaze ne manquera pas de vous séduire de façon instantanée. Une petit merveille pop. A écouter de suite. Sur I Do Not Notice on se prendrait presque au jeu de la confondre avec certains travaux de Björk, enfin presque car il ne prend pas à Cortney la mauvaise manie de crier comme une furie en plein milieu du morceau sans raison apparente. Ce morceau très sobre aux arrangements travaillés est une belle lullabye.
Accompagnée en premier plan d'une simple guitare acoustique sur Lala, ce morceau lumineux aux choeurs éthérés possède une ambiance définitivement une veine néo folk matinée de modernisme. Un bijou étincelant. Le morceau titre de l'album Don't Let The Stars Keep Us Tangled Up renoue avec l'électro pop des plus pertinents. Entre gothisme et dream pop légère sur le refrain, Cortney joue avec la musique comme lee photographes le font avec la lumière. Ce morceau clair obscur est un must. Ambiance plus légère, et vaporeuse sur New Commitment qui paraît presque surnaturelle. Sublissime. Society est un duo avec le charismatique Kurt Wagner (Lambchop). Un brin jazzy, une ambiance sombre presque crépusculaire pour un morceau engagé sur notre monde. Une belle réussite. A la fois rustique et contemporaine Our Time s'avère une superbe ballade sophistiquée et onirique. Illegal à l'image de I Do Not Notice pourrait également figurer dans la disco de Björk mais si l'on dépasse un peu la comparaison cela reste un excellent morceau alternatif et inventif. The Tide clôture en grande pompe l'album, il s'agit de la piste la plus dense, ambitieuse et réussie de l'album. A écouter.
Un premier album atypique, ambitieux, expérimental saupoudré des magnifiques vocalises de Cortney Tidwell. Une pièce sophistiquée à découvrir en attendant la sortie fin mai 2009 de son nouvel opus Boys.
C'est la bonne nouvelle du jour même si elle date de plusieurs semaines, elle devrait ravir également Danielet peut être vous également, je vous avais introduis à elle sous le pseudo de Koko Kaina fin octobre 2008 (article ici) et c'est sous le nom de Zee Avi qu'elle revient sur le devant de la scène.
Signée par le label de Jack Johnson : Brushfire Records, elle va sortir son premier album Eponyme le 19 mai 2009, je serai du voyage car les quelques extraits qui ont filtré sont tout simplement ensorcelants et désarmants à l'image de la voix de l'artiste. Cela s'annonce un album acoustique aux douces effluves rétro. Son premier single Bitter Heart vient même de bénéficier d'une vidéo qui sortira dans les semaines prochaines. J'ai hâte !
Cela fait presque une année que j'aurais du faire la review de ce double album Spirit I Am : Get Onboard qui contient du nouveau matériel et Field Recordings qui contient des reprises de chanson traditionnelles. J'ai été immédiatement envoûtée par cet artiste de soul/blues/folk découvert chez Régis, rapidement j'ai cherché assidument cet album et finallement l'ai trouvé sans trop de difficultés, Il m'a accompagné l'été dernier comme un compagnon fidèle prêt à fêter l'apparition du soleil et de la chaleur. Alors que le printemps se déploie peu à peu et que le soleil montre le bout de son nez depuis quelques jours, il serait temps de remettre à l'honneur ce chanteur charismatique.
Né il y a 58 ans, il a toujours baigné dans le monde de la musique (d'ailleurs il fera un album son père Leon Bibb), sa passion première est le blues, le gospel et la soul, cela se ressent. Ce type est réellement habité par sa musique mais pas dans le sens écorché que souvent le terme habité invite à penser. Eric Bibb se trouve du côté lumineux de la musique, quand il chante cela vient de ses tripes, il envoie des ondes positives, il constitue vraie source de dépaysement, un baume pour les coeurs ou les consciences brisées. Sa voix chaude, un peu grave, d'une rondeur et d'une douceurs absolues, nous invite au plus exquis des songes par ce temps printanier.
Get Onboard est une onde à la musique afro-américaine, l'amour, l'espoir et la tolérance. Du début à la fin, cet album est un bonheur à l'écoute. On se sent envahit par le bien être de cette musique ô combien classique (très roots) mais efficace et superbement exécutée par Eric Bibb qui ensorcelle véritablement son auditeur. Si l'album Get Onboard brille dans entièreté grâce aux vocalises d'Eric Bibb et à une production particulièrement soignée, si vous ne disposez pas assez de temps pour le découvrir de long en large, je vous propose quatre morceaus qui illustrent le talent de l'artiste : Spirit I Am une ode au bonheur et à la spiritualité. Très fédérateur avec une touche gospel entraînante et chaleureuse. Un bijou. If Our Hearts Ain't In It est langoureux et séducteur. Dans un style plus épuré, Pockets une chanson d'amour simple, touchante et émouvante. Sublime et Conversations duo avec Ruthie Foster qui est une petite merveille soulful.
La seconde galette, un bonus uniquement disponible en France pour l'occasion est Field Recordings. Pour rappel, ce sont des reprises de chansons traditionnelles. La production est plus simple, plus dépouillée, plus spontannée (on ressent la prise unique et un son acoustique sans mixage), inutile d'utiliser des artifices pour mettre en avant la belle âme d'Eric Bibb et sa façon de se réapproprier ces morceaux qui ont traversé le temps. Si vous n'êtes pas bouleversé par Goodbye Irene, c'est que je ne peux plus rien faire pour vous. La merveille des merveilles.
Un album proche de la perfection, intemporel qui permet de mettre en évidence un artiste encore trop méconnu qui représente l'une des figures les plus importantes du blues actuel, n'en déplaise aux puristes.
Cela fait maintenant près d'un an que je parle d'une superbe découverte faite en 2008 : l'incroyable Ndidi Onukwulu, j'en ai parlé iciet ai chroniqué ses deux premiers albums No, I Never (2006) et The Contradictor (2008) sorti quasi exclusivement au Canada. A l'époque, j'avais été outrée de constater que la belle artiste à la voix époustouflante (on la compare à Duffy ou Amy Winehouse mais je peux avancer que c'est davantage à Bessie Smith ou Billie Holiday qu'elle me fait songer) ne rencontrait pas le succès qu'elle méritait. Je ne sais pas si l'on m'a entendue (cela serait très présomptueux de ma part) pourtant Ndidi rebaptisée pour la circonstanceNdidi O a sorti hier 21 avril 2009 sur le marché français et belge : Move Together qui est un résumé des deux premiers albums. En réalité, il n'y a pas d'inédit même si je peux constater que sur la tracklisting deux titres ont été renommés (Finally Over You autrefois intitulé Sk Final et Lost Chance qui était The Lady & E).
Pour ceux qui ne l'auraient pas encore découverte, je vous conjure de jeter une oreille sur cette belle compilation qui reprend 3 titres du premier album et le reste du second essai. Entre pop, blues, jazz, country et folk, sa musique ne devrait pas vous laisser indifférent car elle parvient insuffler une énergie dévorante tant sur les morceaux lents : Cry All Day et Wicked Lady qui sont les morceaux les plus envoûtants de l'album que sur les pistes insouciantes pleine de charme telles que He Needs Me (popularisée par Shelley Duvall) ou le pétillant Her Home Is Empty ou sur celles parcourues d'une ferveur gospel : Move Together ou Maybe The Last Time, I Don't Know. Bref, de quoi faire le bonheur pour les amateurs de grandes voix.
J'espère de tout coeur que cet album trouvera son public en France (et peut être en Belgique, oui je peux rêver) car vraiment Ndidi possède cette petite étincelle qui la met au-dessus du lot de pas mal de chanteuses soi-disant catégorisées soul/blues/pop.
Ou Se Procurer l'Album ? Amazon.fr, Fnac France ici , PriceMinister ici.
Pour la première fois un clip de Ndidi : He Needs Me :
La première fois que j'ai entendu Bosque Brown alias Mara Lee Miller dans le cadre de son premier album Bosque Brown Plays Mara Lee Miller (2005), j'ai su qu'elle représentait déjà un talent majeur encore un peu caché sous une production un peu brut de décoffrage. Quand son deuxième album Baby a été leaké et après une écoute attentive, j'ai été soufflée par la beauté de l'album : folk, country alternatif, americana, gospel, Mara embrasait littéralement les 13 chansons de cette nouvelle fournée comme si elle avait fait cela toute sa vie, et pourtant la demoiselle est encore fort jeune. Elle a réussit à apporter sa touche et à marquer de son empreinte le style de musique americana. D'abord, il y a cette voix : haute, claire sans être trop limpide ou lisse, capable de donner des frissons en temps voulu, de nous enjoler et de nous cajoler autant sur les pistes habitées que lumineuses. Un diamant brut inestimable. Ensuite son univers musical est assez varié et riche pour nous captiver, pas une seule fois l'album pêche par faiblesse, facilité ou laissé aller, l'album est maîtrisé d'une façon magistrale, ce qui en fait à l'heure actuelle sans doute le meilleur album d'americana devant les derniers Alela Diane et Neko Case (étant une fan des deux dames, ce n'est pas rien d'affirmer cela).
White Dove nous introduit dans l'univers musical de Mara, de suite on en ressort captivé ou plutôt on se sent immergé par la voix de sirène cernée d'une atmosphère aérienne. Excellent. Went Walking, première chanson qui a filtré de l'album, a de suite ravagé mon petit coeur. parée des meilleures atouts pour faire pleurer les pierres, elle vous procurera des frissons glacés même si vous vous retrouvez en plein soleil. Un petit chef d'oeuvre sobre et intense. L'introduction moriconnienne de So Loud nous fait de suite songer au sable brûlant, à un ciel d'un bleu profond sans un nuage à l'horizon, la voix si légère et douce de Mara nous poursuit dans ce songe d'une beauté contemplative. Envoûtant, sublime, original et dépaysant, une de mes chansons préférées. On and Off Part 1 est comme son titre l'indique un premier interlude mettant en évidence la beauté de la voix légèrement éraillée de Mara à cappella. Ensorcelant. A la fois lancinant et paresseux, Texas Sun nous fait également divaguer sur des dunes dorées, on en ressort toujours aussi bouleversé.
Sur une note plus légère, vivante et pétillante, Whiskey Flats n'a jamais autant dépaysé depuis l'écoute de Pirate's Gospel d'Alela Diane. Une perle. On and Off Part 2 offre un aspect plus velouté mais toujours aussi terrestre de la voix de Bosque Brown. Je rêve d'un album a cappella avec uniquement sa voix et je l'autoriserais uniquement à quelques réverbérations pour mettre en lumière sa beauté. Des fois, je me fais peur. On retourne du côté lumineux avec Train Song. Cette ritournelle entraînante est absolument exquise. Un bijou. De même This Town, attachante pop song directement inspirée des productions de Spector est un baume pour le coeur. de quoi ensoleillée cette journée monotone. Splendide. On and Off Part 3 clôture la trilogie des interludes avec volupté et intensité, ma partie préférée. Oh River est l'une des chansons qui m'a le plus marquée dernièrement, enregistré comme une démo avec un son approximatif, presque étouffé, ce morceau folk psychédélique est un délire totalement réussi. Du grand art. Phone Call possède un petit côté immaculé, d'une grâce insolente, d'une beauté absolue. Superbe de minimalisme. Soft Love finit sur une note plus veloutée, intense et si courte, une raison de ré écouter l'album de suite.
Sérieusement, vous devez courir écouter cet album qui s'avère un classique instantané de la musique folk. Les francophones et même les américains sont en train de passer à côté de ce petit chef d'oeuvre, un de plus.
Avant que Daniel n'en parle sur son blog Listen, See, Feel(et que je remercie encore de cette découverte majeure) en début de semaine, je n'avais jamais entendu parler de Tamara Williamson ! Je ne comprends pas comment on peut passer à côté d'un tel talent car au Canada, cette londonienne de naissance est une artiste de premier plan. Après un passage dans l'univers de la musique classique durant son enfance, elle ira s'installer à Toronto (Canada) afin de développer sa carrière musicale : elle fondera un groupe début des années 90's nommé Mrs Torrance et mettra fin à l'aventure quelques années plus tard afin d'entamer une carrière solo.
Son premier opus sorti en 1998 : Nightmare on Queen Street rencontrera une adhésion unanime au Canada, il permet d'entrevoir le potentiel énorme de cette artiste à fleur de peau. Suivront rapidement quatre albums Unconscious Pilot, (1999), In the Arms of Ed(2001/ réédité en 2004 par Ocean Music), All Those Racing Horses (2003) et The Boat (2006) qui feront de Tamara Williamson une artiste incontournable sur la scène canadienne, en plus du fait qu'elle est également une songwriteuse de talent et une productrice au nez fin (le groupe de dream pop/folk Barzin ).
En 2009, nous voilà plus que gâté par l'apparition d'un double album More Than A Decade/Small Songs, cela fait en effet plus de 10 ans que Tamara a débuté sa carrière solo et pour cette occasion au lieu de nous servir un best of qui ne présente aucun intérêt, elle a l'idée brillante d'associer un disque d'inédits - un bijou de pop alternative qui donne des ailes à votre imaginaire - et un petit album acoustique, poétique et raffiné. J'ai été littéralement subjuguée par la beauté de la voix de Tamara qui peut être rapprochée de celles de Kristin Hersh et d'Ane Brun ainsi que par son univers musical complexe (folk, pop, rock, jazz, lo-fi, etc.) voir par moments expérimental mais qui fait toujours une place non négligeable à de belles mélodies souvent émouvantes. Vous n'avez pas finit d'entendre parler de ce nom sur mon blog.
Difficile de résister au charme ensorcelant de ces trois nymphes américaines : Erika Forster, Annie Hart, Heather D'Angelo. Leur nouvel et troisième album Still Night, Still Light étant leaké sur le net depuis près d'un mois alors qu'il n'est censé sortie dans les bacs que le 19 mai 2009, je me suis empressée de me ré intéresser à leur cas. Je me suis procurée rapidement leur deuxième album The Bird Of Music (2007) qui avait à l'époque reçu de la part des "pro" de la critique des ondes ultra positives. Quand on écoute pour la première fois ce groupe féminin de pop électro easy leastening, on le trouve agréable sans plus, on n'y prête pas davantage attention et pourtant...
... ce charme qui se faisait discret lors de la première écoute devient éclatant, presque éblouissante après quelques écoutes plus attentives. Leur musique clairement inspirée de la pop 60's, du groupe Air (elle sont souvent fait leur première partie) et de la new wave des 80's procure un bien-être, une sensation de légèreté et d'évasion qui font que leur musique certes ne constitue pas une pièce foncièrement originale mais possède le haut mérite d'être unique en son genre tant son charme est à l'image du parfum d'une fleur : doucement étourdissant et enivrant. The Lucky One sur une note printanière et ensoleillée l'album : un début tout en minimalisme et douceur. Le morceau se fait particulièrement entraînant à partir de la troisième minute. Sad Song qui leur a permis de créer un buzz médiatique sur fond d'un rythme robotisé est un petit bijou de fraîcheur. Mais c'est avec Fallen Snow que j'ai définitivement succombé au parfum de leur musique. Une petite ballade champêtre, des arrangements prodigieux et des choeurs semblant sorti tout droit d'un paradis perdu. A écouter absolument.
I Couldn't Sleep fait référence à cette fameuse New Wave électro sorti de l'imagination de Kraftwerk. J'ai de suite flashé sur ce morceau hypnotisant. Sublime. Cependant mon morceau préféré est sans doute A Violent Yet Flammable World. Ce morceau, sombre et somptueusement mis en scène, est d'une beauté incandescente. Un petit chef d'oeuvre de pop shoegaze. Don't See The Sorrow renoue avec le minimalisme du groupe, simple, un morceau doux amer, une lullabye sucrée qui nous plonge dans une semi torpeur des plus exquises. Plus musclé, Dark Halls nous donne envie de bouger et d'onduler du bassin sur son rythme dance. Tout simplement génial et doucement déjanté. Dans la même lignée tout aussi remuante, Night Majestic pourrait nous faire croire à la résurrection de Blondie. Sur un rythme envolé mais plus enclin à nous faire planer que danser, Stars est une pépite de pop aérienne naïve et charmante. Plus sombre, mélancolique et onirique Lark a su ravir à la perfection mon oreille totalement envoûtée par la mélodie et l'atmosphère du morceau. On finit en apothéose et sur une note kitsh et un peu grandiloquente avec The Way To There. Fantastique.
Un album de pop proche de la perfection partagé entre morceaux aériens plein de grâce et de plages luxuriantes, les trois nymphes feront rêver et fantasmer tous les vrais amateurs de pop.
Il pourrait presque faire croire que le talent possède un aspect filial, je veux bien entendu parler de Rufus Wainwright. Fils des chanteurs folk Loudon Wainwright III et Kate McGarrigle, frère de la non moins géniale Martha Wainwright, beau-frère de Lucy Roche Wainwright et proche des pères et fils Richard et Teddy Thompson, de Joan Wasser et d'Antony, il baigne dans un univers musical qu'il faut qualifier des plus intéressants et stimulants. Cependant, Rufus possède une personnalité à part, très loin de l'univers musical de ses parents, depuis dix ans il élabore une carrière qui lui est bien spécifique. Génie pour les uns, imposteur pour les autres, Rufus ne laisse personne indifférent, même pas moi. Si je remonte à quelques années, je n'arrivais pas à écouter Rufus, c'est vrai tous ses tics vocaux, son maniérisme musical, je n'étais tout simplement pas prête malgré le fait que je trouvais qu'il possédait une voix unique en son genre profondément émouvante ou irritante au choix, c'est devenu rapidement mon dandy préféré avec Morrissey.
Et puis, il y a un peu moins d'un an lorsque je chroniquais les deux opus de Joan As Policewoman (Joan Wasser) ici, je l'ai redécouvert sous un aspect sensiblement plus sobre et cela m'a plu. J'ai poussé plus loin l'aventure en écoutant son cinquième opus Release The Stars qui est l'objet de cette chronique ainsi que ses oeuvres précédentes. Une initiative salutaire car je suis devenue rapidement accro à sa musique, j'ai tout accepté sans retenue aucune : son côté guimauve, fleur bleue, égotique, excentrique, grandiloquent, vulnérable, etc. Il a toujours de nombreuses idées en profusion ; dans sa tête se bouscule des références de tous bords : pop, folk, jazz, cabaret, broadway, opéra, le tout mixé constitue l'univers artistique de Rufus Wainwright. Quand on regarde de plus près, il a tout pour lui : cet éternel beau gosse charismatique, gay, créatif, original posséde l'une des plus belles voix masculines du moment est représente sans conteste l'un des artistes qui aura marqué le 21ème siècle quel que soit l'avis qu'on lui porte.
Pour ce cinquième album Release The Stars sorti en 2007, il le voulait au départ plus sobre que ses oeuvres précédentes et pourtant il n'aura jamais autant étincelé, son pari a échoué pour le bonheur de nos oreilles émerveillées par son talent de compositeur rehaussé par la production de Neil Tennant (Pet Shop Boys) et de Marius De Vries qui procure un son sophistiqué, aérien et assez uniforme à l'ensemble de l'album, le rendant irrésistible et très agréable à l'écoute. Do I Disappoint You ouvre en fanfare l'album : un morceau vivifiant, grandiose voir carrément grandiloquent qui bénéficie d'arrangements orchestraux magnifiques et de l'appui non négligeable des choeurs à la Kate Bush de sa soeur Martha Wainwright. Magistral ! Going To A Town est l'une des plus belles chansons pop entendues ces dernières années. Entre amertume, envie de liberté et nostalgie, Rufus offre une interprétation éblouissante sur ce titre qui sonne dans la lignée des meilleurs travaux de Randy Newman. Ce petit chef d'oeuvre pop est à écouter en priorité.
Tiegarden renoue avec une certaine légèreté : ce morceau doux amer à l'ambiance ouvertement céleste sonne d'une beauté sans pareille aux oreilles. Un pur bonheur. Plus classique dans sa structure, le somptueux Nobody's Off The Hook donne des frissons, peut être forcé par la richesse de l'instrumentation mais la voix de Rufus ne s'y trouve jamais noyée et il parvient même à donner une interprétation à fleur de peau sans fioritures. Between My Legs est le morceau pop par excellence. Ouvertement sexuel (je crois que le titre le résume bien), excentrique et életrique, il démontre s'il le fallait encore le génie mélodique qu'il devient peu à peu. Une fois happé dans son univers, on ne veut plus en ressortir. A tomber. Rules and Regulations continue de nous séduire : pleine d'entrain avec un petit air de pop mariachi. On pourrait croire que c'est de trop, que nos oreilles sont saturées par tous ces sons, par cette emphase musical et pourtant... on se croirait dans une comédie musicale décalée et intelligente.
Le calme revient avec la ballade feutrée, mélancolique et enchanteresse Not Ready To Love qui est une de mes chansons préférées sur l'opus. Un morceau sensationnel. Toujours dans une certaine mélancolie, Slideshow se démarque par ses envolées lyriques, par un Rufus toujours très investi dans son art. Un petit bijou. A l'image de Nobody's Off The Hook, Tulsa bénéficie d'arrangements de musique classique met en évidence l'envie très forte de Rufus de composer un opéra, le rêve ultime de sa vie. Prenant et captivant. Sur le morceau aérien Leaving For Paris n°2, Rufus n'aura peut être jamais été aussi sobre et envoûtant. On rêvrait presque d'un morceau de clôture tant il est parfait. Une merveille. Légèreté, sensualité et charme sont au rendez-vous avec le joli titre atypique Sanssouci. Ahhh la flûte ! Release The Stars clôture sur une note emphatique et 50's l'album. Un petit bonheur rétro à savourer.
Le truc avec Rufus c'est qu'on en a plein les oreilles, à chaque fois, il doit aller toujours plus loin, toujours plus haut. C'est sa devise : tout ou rien car il ne fait jamais les choses à moitié. Certains détracteurs pourront lui reprocher qu'il se répète, que le résultat final est un peu surfait, etc. Mais tout cela est faux, Rufus ne se réinvente pas à chaque album, je veux bien l'admettre mais il ajoute toujours un petit quelques chose, une note de modernité par ici, des paroles décalées par là. Il affine sa plume à chaque fois, gagne en profondeur et développe son talent de pop singer en signant des mélodies particulièrement réussies et marquantes. Cet album fait le compromis parfait entre musique accessible et intransigeante. Une perle rare, cette diva des temps modernes.
Je me souviens d'avoir écrit cela il y a quelques semaines à propos de l'état de la soul américaine et britannique en 2009 :
"Le début de 2009 débute de façon bien triste pour la soul music, il s'agit du premier album qui mérite un petit peu d'attention et cela me rend tout chose car PPP et leur projet Abundance m'a déçu par leur son trop inspiré de la hype et finalement le résultat est très décousu malgré la belle présence du grand espoir de la soul masculine Coultrain et certains avancent que le premier album du producteur Ryan Leslie est pas mal, moi je trouve cela pas terrible c'est fait de façon mécanique et calculée, mais où est l'amour dans tout cela ? Enfin, je comptais sur le retour de Leela James mais son Let's Do It Again est un album de reprise sans grande inspiration. Bref, le bilan des 3 premiers mois de 2009 concernant la soul music tombe dans la déconfiture complète". De plus, le nouvel album d'India.arie s'ajoutait à la déception.
Ce que j'avais oublié de dire car je ne le savais pas encore c'est quePrincevient de faire son grand retour avec un triple disque Lotus Flow3r et en l'écoutant, je me suis dit qu'il avait réussi son pari (bien entendu, n'ayant jamais adoré Prince, il y a peu de chances que j'en reparle cela ne m'empêche pas d'admirer son travail). Le retour de Maxwell vient d'être rendu officiel avec sa trilogie Blacksummer's Night qui sortira en juillet 2009 (un peu avant mon anif', merci Max !), de même, la déesse nu-soul encore trop méconnueN'Dambifera son retour fin août 2009 avec Pink Elephant. D'Angelo reviendra très certainement cette année avec un nouvel opus dont le nom reste encore un mystère mais un premier single I Found My Smile Again est en écoute sur son MySpace (cliquez sur le nom ci-dessus pour y accéder - un pur bonheur) de même qu'Eric Roberson, qui hésite encore sur le nom de son prochain projet mais qui est annoncé aux environs de juillet 2009.
Sans oublier la sublime Amel Larrieuxqui crée le buzz depuis mars avec un premier morceau funky et sexy Organge Glow et qui vient de sorti un nouveau morceau une magnifique ballade Don't Le Me Down. Pas encore de nouvel album en vue mais le tout est à écouter sur son MySpace (pour rappel j'ai mis les liens en rapport avec le nom). Peut être même aurons-nous droit à d'autres surprises comme le retour d'Erykah Badu, etc. Bref, l'année tant décriée il y a peu pourrait être miraculeuse ou destructrice pour la soul selon le résultat des courses. De plus, j'ai découvert deux albums de soul des plus réussis mais cela sera l'objet d'autres posts ultérieurs, tout ce que je peux dire c'est que l'un est scandinave (si c'est possible !) et l'autre c'est le grand retour d'une chanteuse que je n'attendais plus...
Un des albums que j'attends le plus en cette année 2009 c'est enfin le premier Lp nommé tout simplement Metropolis de Janelle Monae. Je sais j'en ai déjà parlé, mais cela n'est pas suffisant. Elle mérite davantage de médiatisation. Je trouve personnellement qu'elle constitue l'une des plus belles voix soul découverte depuis les années 90's rien que cela ! Elle est dotée d'une voix extraordinaire dans la grande lignée de voix soul classiques (puissante, énergique et pourtant très subtile) couplée avec une capacité d'interprétation très moderne.
Son premier Ep que je propose en écoute intégrale Metropolis : The Chase Suite qui a bénéficié d'une édition spéciale en 2008 (2 titres ajoutés par rapport à l'ancienne version sortie en 2007) est une merveille de soul musique moderne, le genre de musique que l'on voudrait davantage entendre ! Mélangeant des références à la science fiction, au soap opera cybernétique et aux problèmes de l'actualité avec la soul des 60's, hip hop, funk, soul et R&B et électro, elle parvient à créer son propre univers musical aussi original qu'inventif. Les références à Andre 3000 (Outkast) pleuvent mais c'est plutôt flatteur (c'est un génie) et pourquoi ne serait elle pas en quelque sorte son alter ego féminin ?
The March of the Wolfmasters est une introduction décalée : ambiance d'opéra spatial de rigueur qui introduit le personnage de Janelle Monae dans le cadre de son univers : Cindi, l'androide. Oui, je sens que vous vous demandez de quoi je parle... Bon ce n'est qu'un détail, la petite histoire... Puis survient la première bombe funky et soul Violet Stars Happy Hunting qui déchire tout sur son passage. Many Moons est sans conteste un des highlights de l'album : sombre et funky avec une touche hip hop cybernétique, ce morceau inclassable a enfin pu bénéficier dune vidéo sortie l'an dernier, une des meilleures chansons et clips de 2008. Un petit chef d'oeuvre à écouter jusqu'au bout pour les vocalises paradisiaques de Janelle. Cybertronic Purgatory nous replonge dans une atmosphère d'opéra spatial. La voix de soprano de Janelle n'est pas sans rappeler celle de Minnie Riperton. Un bijou de sensualité. Sincerely, Jane est peut être la meilleure chanson de l'album : jazz, soul et hip hop sont à l'honneur pour ce morceau engagé. A écouter absolument. Un diamand 24 carats. Dans la même lignée politiquement engagée, Mr. President offre un groove imparable sur fond de quelques guitares synthétiques. Un excellent ajout qui ne dépareille pas avec le reste de l'album. La reprise acoustique de Smile (Chaplin) est certainement la plus belle entendue depuis Nat King Cole. Non je n'exagère pas, oubliez la version vieillotte de Madeleine Peyroux et de ses autres acolytes de jazz, c'est Janelle remporte la mise. La crème de la crème.
Un premier essai transformé en réussite eclatante. Décalé, ennivrant, palpitant, inventif, il offre de nouvelles perspectives à la soul moderne grâce également à la vocaliste hors pair qui se révèle en Janelle Monae. Maintenant la mauvaise nouvelle c'est qu'elle se retrouve dans l'écurie de P. Diddy mais gageons que cette femme à forte personnalité continuera à travailler avec The Wondaland Arts Society, je suis certaine qu'elle ne se laissera pas manger toute crue, elle cherche simplement à essayer de faire connaître son art. Vivement l'album pour se faire une idée plus définie !
Après plus de 7 ans de silence radio, Maxwell qui est réapparu en excellente forme en 2008 lors d'un hommage à Al Green en reprenant une partie de Simply Beautiful et qui par la suite a entamé une mini tournée aux Etats-Unis (une exception, une date à Amsterdam !)pour se remettre dans le bain, a décidé il y a 20 heures de donner des nouvelles concernant sa fameuse trilogie BLACKsummers'night attendue depuis pas moins de 3 à 4 ans ! La sortie est prévue pour le 7 juillet 2009. Ce n'est pas moi qui le dit c'est lui-même sur Twitterici pour la preuve. J'arrive pas encore à y croire, je suis sur le choc, j'ai tant attendu... je pensais même qu'il ne reviendrait jamais. Le premier extrait Pretty Wings vient de bénéficier d'une vidéo. Je le mettrai en ligne dès sa parution sur le net. Je suis en ébulition !
Pour prouver qu'il n'a rien perdu de son talent, voici deux vidéos qui reprennent le titre This Woman's Work de Kate Bush, près de dix ans les séparent ! La première, lors de MTV Unplugged en 1997 et la deuxième lors de sa tournée en 2008.