Caroline Henderson avait sorti son dernier album N°8 en 2008, en écoute et chronique ici) en référence, qui m'avait fait frissonner de plaisir. Sa voix claire, grave, puissante, avant tout ultra féminine, veloutée et sensuelle, sévit dans le monde du jazz vocal féminin depuis le début des années 2000's qui avait marqué une nouvelle orientation musicale pour cette magnifique danoise d'adoption. Cette diva majestueuse a eu l'excellente idée de sortir un nouvel album Keeper Of The Flame fin 2009/début 2010 qui s'érige dans la même lignée que son excellent prédécesseur N°8 pour le plus grand plaisir de mes oreilles. Cette amatrice des standards de jazz des années 40's et 50's qui revêtent un caractère intemporel et des grandes divas qui ont marqué leur époque comme Callas ou Dietrich prend la pose pour la cover du packaging particulièrement soigné de son dernier opus, avec classe et sobriété. Keeper Of The Flame est un album de jazz vocal absolutely gorgeous, très élégant, au feeling incontestablement moderne et sophistiqué dont la vocation a été de revisiter des standards du jazz aussi bien que des titres plus récents sans oublier l'ajout appréciable d'une composition originale et inédite de Caroline Henderson.
Caravan (Duke Ellington) se pare d'habits orientaux luxuriants qui le rendent soyeux et caressant à souhaits. Filip Runesson qui fait sur l'ensemble de l'album un travail de réarrangements de cordes et qui exécute sur ce morceau les partitions dévolues au violon et l'alto, se montre tout simplement inspiré. Mention également à Caroline Henderson pour se montrer assez humble et grande reine en mettant en retrait son chant langoureux au profit de cordes voluptueuses. Un morceau très raffiné et envoûtant. Le titre Keeper Of The Flame a surtout été marquée par l'interprétation habitée de Nina Simone qui s'en est véritablement emparé. Cependant, Caroline Henderson arrive à tirer son épingle du jeu en jouant la carte d'une interprétation nuancée bittersweet et légèrement désabusée à propos du vrai amour et de son caractère immortel. Le résultat est vraiment excellent. It Hurts Me Too est à la base un standard du blues d'Elmore James/Tampa Red des années 40's qui a été repris brillamment par Karen Dalton. Les touches de sensualité et le glamour apportées par Caroline Henderson ont transformé cette chanson en l'un de mes reprises préférées de 2010. Un must à écoute absolument. Brillant. L'ambiance sombre, inquiétante et passionnée qui habite Get Out Of Town (Cole Porter, repris récemment par Melody Gardot) le rend terriblement addictif et enivrant. Sublime. Nature Boy immortalisé par Nat King Cole se voit réarrangé pour l'occasion à la façon d'un conte oriental avec quelques percussions qui remémorent celles de la pop des sixties. Dans la même veine, Evolution qui représente la seule compositions originale de l'opus, n'est pas sans évoquer l'univers cinématographique de John Barry. Cette chanson qui scintille de mille feux est vraiment captivante et merveilleuse. Elle ne dépareille aucunement sur l'album. Fabuleux.
Par contre, je suis moins enthousiaste pour Ring Them Bells de Bob Dylan. A la base, ne pouvant absolument pas à m'empêcher autant d'être admirative du travail de ce monstre musical que de détester sa voix, je reste également sceptique à propos de cette reprise que je trouve un brin surfaite mais qui reste flatteuse à l'oreille. Cette version feutrée de Fever s'avère pas mal du tout, Caroline Henderson se montre juste et naturelle. Excellent. Ambiance planante, dépouillée et mélancolique de rigueur sur le subjuguant The First Time I Ever Saw Your Face (intronisé par Roberta Flack). Parfait. Yesterday Is Here de Tom Waits et This Is Love de PJ Harvey perdent de leur aspect brut et rock pour prendre quelques rondeurs plus "féminines" et séduisantes. Des versions intéressantes que détesteront sans aucun doute les puristes mais que j'adore personnellement (en particulier This Is Love). Goodbye (Gordon Jenkins) gagne en simplicité et modernité sur cette relecture digne d'une bande sonore d'un polar et l'album se clôturant sur For All We Know (ma version préférée étant celle de Nina Simone), je craignais le pire. A la base, je n'aime pas beaucoup les reprises de ce morceau par qui que ce soit, je trouve que cela sonne souvent académique et ennuyeux au possible (la preuve, cela me fait bailler à coup sûr). La version présente sur l'album retourne au source de l'envoûtement initial grâce à l'interprétation introspective et d'une simplicité déconcertante de Caroline Henderson. Superbe.
Un magnifique album de reprises, très équilibré et classieux. Caroline Henderson s'impose définitivement comme l'une des plus belles et intéressantes voix sur la scène de jazz vocal scandinave. Une belle mention aux musiciens : Jacob Hoyer à la batterie et les percussions, Nikolaj Hess au piano et le contrebassiste Anders Christensen qui ont réussi à créer de très belles ambiances sur cet album. A écouter.
Note Finale : 17/20
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