2010 - Skatan - We Are All Children With Different Titles - Review / Chronique - d'imprévisibles et brillants débuts

Vous pensiez que j'en avais fini avec les jeunes scandinaves qui ont du talent à revendre ? Non, s'il est vraisemblable que je me montre plus discrète ces derniers mois envers la musique de cette région c'est justement pour mieux vous éblouir lorsque je prendrai la peine d'écrire sur l'un des plus beaux trésors cachés de Suède que je désire vous faire découvrir aujourd'hui : Skatan. Skatan c'est le projet encore trop confidentiel de Simone Andersson Wingfors. Cette jeune suédoise possède cette petite étincelle qui la démarque de toutes les autres artistes en ce sens que sa musique est incatégorisable, c'est ce qui fait l'essence même de son univers créatif : pop, jazz, folklore scandinave avec une touche bohème qui rappelle les balkans. Tous les styles ici se mélangent, s'entrecroisent pour étonner, exalter le sens auditif de l'auditeur tantôt cajolé puis bousculé. En effet, Skatan réalise une musique imprévisible, sans compromis, en un mot brillante car elle ressemble en tous points en son auteur(e) et non aux modes du moment.  

Après un premier Ep de six titres qui mettait en place les caractéristiques atypiques de la musique de Skatan, un premier vrai Lp a vu le jour, sur son modeste et indépendant label Creature Sounds, en 2010 : We Are All Children With Different Titles. Un titre qui tape en plein dans le mille pour une jeune auteur(e) qui se distingue non seulement par le biais d'une écriture féroce mais également par l'entremise de sa voix, véritable trésor unique en son genre capable autant de caresser que d'irriter. Le premier album de Skatan est une réussite avec une grand R. La qualité extraordinaire de We Are All Children With Different Titles s'impose comme une évidence le long de son écoute et plus encore lors des re-lectures, le charme s'opérant davantage dans le temps pour ne plus vouloir au final nous en délivrer. Le folk en crescendo du heartbreaking Nobody et le faussement désinvolte morceau pop Shine nous introduisent à cet univers musical à la fois accessible mais complexe. Ballades acoustiques, bricolées et réverbérées, Skin Against Skin et Expanded Dreams envoûtent, que dis-je, enivrent l'auditeur plongé en plein coeur de l'intimité artistique. Deux joyaux parmi tant d'autres qui pourraient rivaliser avec les travaux d'Hope Sandoval. On retrouve une Skatan plus nature et rebelle que jamais sur les titres suédois : le virevoltant Inte Sa Lätt et l'étourdissant Tidsfördriv qui font rimer pop avec minimalisme et richesse. L'album se termine sur plus de sobriété sur des ballades introspectives de toute beauté à l'image des divins morceaux aériens Life, Down To Earth ainsi que la fin hantée de This Is The End cependant ils sont néanmoins entrecoupés par l'inquiétant, sublime et diabolique Territory.

Des premiers pas époustouflants pour cette jeune artiste qu'aucun label n'a eu la décence de signer. Il est primordial, voire selon moi, cela relève d'un devoir civique pour tout mélomane qui se respecte de soutenir des artistes aussi talentueux et pourtant délaissés. Un des meilleurs débuts musicaux de 2010.

Note Finale : 18/20

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